Depuis l’an 2013, une partie de l’armée française assiège le Mali suite à l’appel du président de la transition d’alors, Pr Dioncounda Traoré, consécutivement à l’avancée des djihadistes sur Konna, dans la région de Mopti. Ce qui était vu comme une opération à libérer le Mali et applaudi par de nombreuxMaliens a viré autrement.
Le 11 janvier 2013, la France est intervenue au Mali afin de le libérer du joug des groupes terroristes qui avançaient vers Bamako. Cette intervention militaire de Paris avait été considérée à l’époque comme étant une surprise stratégique pour contrer les djihadistes qui se lançaient vers le sud. Si le président, Pr Dioncounda Traoré, n’avait pas anticipé le coup en faisant appel à son homologue français, François Hollande, le Mali serait une tout autre chose. Un mois après, le président français est venu au Mali. Ce jour-là, le peuple malien avait fait de cette intervention française un acte amical et d’un grand courage de l’ancienne puissance coloniale qui est intervenue auprès d’une des ex-colonies. C’est pourquoi, à l’occasion de cette visite, le 2 février 2013 sur notre sol, François Hollande avait été accueilli en libérateur, puis salué par l’ensemble du peuple malien pour l’acte qu’ont considéré beaucoup comme héroïque. Massivement sortis sur le grand boulevard de l’indépendance, des Maliens s’étaient massés pour le remercier. Jour des compliments !
Mais aujourd’hui, c’est une nouvelle image que les Maliens aperçoivent de cette intervention française. Elle est considérée par beaucoup comme une sorte d’exploitation, une nouvelle domination colonialiste comme ce fut le cas par le passé. Le départ de François du pouvoir ainsi que le coup d’État militaire contre le président Ibrahim Boubacar Keïta ont tout simplement changé la donne. Les colonels, dont le chef est Assimi Goïta, sont désormais engagés à redresser les choses en redonnant un souffle nouveau à ce pays qui ne faisait que subir des séquelles des mobilisations civiles contre le régime en place. Présentement, ces militaires sont soutenus par la majorité du peuple qui voit d’ailleurs en eux des hommes capables de réussir le renouveau. Depuis l’intervention du Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga ,à la tribune des Nations-Unies en septembre dernier, le ton est monté entre les deux pays, Paris et Bamako ne se font plus de cadeau, en tout cas dans la communication officielle. Car les autorités maliennes pensent que la France a ‘’abandonné le Mali en plein vol’’. L’an 2012 n’est pas comme l’an 2021, le Mali n’est pas non plus cet État qui applaudissait la France et qui rendait hommage au premier militaire français tombé lors des opérations sur son sol, lieutenant Damien Boîteux. Du compliment aux limbes, dira-t-on en ces temps-ci.
Moriba DIAWARA LE COMBAT