Depuis une grosse semaine, je cherche une bonne raison de ne pas vous parler de Donald Trump dans cette chronique hebdomadaire. Mais je suis au regret de vous confesser que je n’en ai pas trouvée et, au risque de vous lasser, je m’en vais vous resservir du « Donald Trump ». Tout fumant, encore et toujours ! Ce n’est donc ni par quelque obstination, ni encore moins par fixation que je donne l’impression de m’acharner sur le 45ème président américain. Encore que je lui trouve des charmes particuliers : son bagout, le duvet de sa chevelure, ses cravates longues et savamment colorées, le rictus de sa bouche quand il est lancé dans ses diatribes, sa gestuelle de la main gauche… Entre nous, pour des médias qui cherchent une personnalité qui créerait permanemment du buzz, il n’y a pas mieux que Monsieur Trump. Ils sont royalement et copieusement servis ! Sans velléité d’analyse d’aucune sorte, l’espace de cette chronique ne le permettant pas, dressons, pêle-mêle, une petite liste – non hiérarchisée – des faits d’arme du propriétaire de la « Trump Tower » :
– La sortie fracassante de l’Amérique de l’accord de Paris sur le climat, annoncée le jeudi soir à la stupéfaction du monde entier ;
– Les relations présumées coupables de certains de ses collaborateurs avec la Russie, qui ont faussé les résultats de la présidentielle de novembre dernier ;
– Le limogeage brutal de James Comey, patron du FBI, qui enquêtait sur ces liaisons coupables ;
– Les démissions embarrassantes de certains de ses proches collaborateurs… dont la dernière en date est celle de son conseiller à la communication ;
– Les tweets rageurs et déconcertants dont il est coutumier et qui assènent, à chaque fois, un « uppercut » à son équipe de communication ;
– Les diatribes contre la « Vieille Europe » drivée par Mme Angela Merkel qui ne paierait pas assez cher pour sa sécurité et dont les relations commerciales avec l’Amérique pénaliseraient cette dernière ;
– Le controversé mur qu’il souhaite construire à la frontière entre l’Amérique et le Mexique… avec ce pays dans le rôle de « sponsor » ;
– Son admiration jugée coupable par les « bien-pensants » pour certains de ses pairs qui sont de possibles clients des juridictions internationales… comme Rodrigo Duterte, l’iconoclaste président des Philippines
– Le transfert annoncé, en fanfare, de l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, mesure qu’aucune administration américaine n’a jusque-là encore osé envisager ;
– Les sorties quotidiennes de Trump contre les médias qu’il accuse de tous les pêchés d’Israel, en tête desquels ce qu’il considère comme les mensonges et la rumeur ;
Est-ce tout ! Que non ! J’oubliais encore deux « détails » : les bisbilles de M. Trump avec la justice de son pays qui ne se satisfait pas du tout de sa loi controversée sur l’immigration, laquelle frappe d’opprobre six pays musulmans. Récemment, cette loi a encore pris de l’eau, de toutes parts. En effet, « … les magistrats de la cour d’appel fédérale […] se sont inquiétés de la rhétorique antimusulmane utilisée par le candidat républicain lors de son accession à la présidence et ont fait part de leurs doutes quant à l’opportunité du texte, qui ferme les frontières aux réfugiés et suspend l’octroi de visas pour les ressortissants d’Iran, de Libye, de Syrie, de Somalie, du Soudan et du Yémen ». Enfin, je retiens, dans le réquisitoire de la communauté internationale, les propos sexistes voire carrément misogynes du président américain. Bon, il faut savoir arrêter un peu le char ou, si vous préférez, le massacre ! A ce rythme, au mieux Monsieur Trump va avoir un mandat complètement plombé, au pire il n’aura pas suffisamment de ressource pour aller au terme dudit mandat, ses pourfendeurs travaillant à son « impeachment ». En si peu de temps, comment a-t-il pu se rendre coupable de tous ces chefs d’accusation ? Il y a, forcément, un peu de mauvaise foi de notre part. Autrement, comment dresser un tableau tout de noir peint… alors que Monsieur ne fait qu’être fidèle à ses promesses électorales. A vouloir trop chercher les poux dans les cheveux de M. Trump, n’y a-t-il pas, de notre part, une volonté délibérée de harceler le locataire de la Maison Blanche ? Vous pourriez bien vous demander si nous parlons de la même personne qui a franchi, il y a peu, le cap des « cent jours » dans ses fonctions présidentielles… alors que, honnêtement, on a la vague impression qu’il fait partie du décor politico-médiatico-financier de son pays et du monde depuis fort longtemps. Rien que d’imaginer que ce tribun trublion et hors norme vient, à peine, d’arriver dans le « bureau ovale » et qu’il y a tout juste une dizaine de jours qu’il a effectué, à bord d’Air Force One, son premier voyage international, on a le vertige. Si le monde devait le supporter quatre années ou huit, comme cela est de l’ordre du possible, alors autant emménager sur une autre planète, pour paraphraser @EmmanuelMacron qui se fendait, jeudi soir, d’un tweet assassin sitôt le discours de M. Trump diffusé : « Sur le climat, il n’y a pas de plan B. Car il n’y a pas de planète B ». Un autre tweet cinglant que M. Trump prend dans la pomme, celui du maire de Pittsburgh, qui n’a que très moyennement apprécié cette formule-choc du milliardaire dans son discours : « J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris ». Il n’en fallait pas plus pour que l’édile démocrate de la ville, Bill Peduto, renvoie le chef de l’Etat dans les cordes sur Twitter, selon la formule du journal Le Monde : « Les Etats-Unis rejoignent la Syrie, le Nicaragua et la Russie, en décidant de ne pas participer à l’accord mondial de Paris. C’est maintenant aux villes de prendre les rênes de l’économie verte ». Et de lui donner ce qu’on peut qualifier de coup de grâce : « En tant que maire de Pittsburgh, je peux vous assurer que nous suivrons les directives de l’accord de Paris pour nos administrés, notre économie et notre avenir ». Pour tout l’or de la réserve fédérale, je ne voudrais échanger ma position de citoyen lambda contre celle de M. Trump qui doit bien se sentir seul en ce moment malgré les redoutables pouvoirs qu’il concentre entre ses mains.
Serge de MERIDIO LE REFLET
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