vendredi 29 mars 2024
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Rétrospective : DISCOURS DOCTEUR ASAGYESFO KWAME NKRUMAH PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU GHANA AU SOMMET DE L’OUA 24 MAI 1963 (11ième partie)

« …Nos peuples appellent de leurs vœux cette Unité, afin qu’ils ne risquent pas de perdre leur patrimoine au service perpétuel du néo-colonialisme. Dans cette fervente pression qu’ils exercent dans le sens de l’Unité, ils comprennent que seule cette réalisation donnera son plein sens à leur liberté et à notre indépendance africaine. C’est ce ferme propos populaire qui doit nous amener à une Union des Etats africains indépendants. Dans le moindre retard réside un danger pour notre bien-être et pour notre existence même en tant qu’Etats libres. On a suggéré que notre marche vers l’Unité soit graduelle et progresse en ordre dispersé. Ce point de vue consiste à concevoir l’Afrique comme une entité statique chargée de résoudre des problèmes « gelés » susceptibles d’être éliminés l’un après l’autre, si bien qu’une fois cette tâche terminée, nous allons nous réunir et déclarer : « maintenant tout est bien ; réalisons maintenant notre Union ». Cette conception ne tient aucun compte de l’impact des pressions extérieures et n’est pas consciente de ce danger qu’un retard peut intensifier notre isolement ou notre exclusion et élargir nos divergences, tant et si bien que seront davantage encore lancés à la dérive, plus loin encore les uns des autres pour tomber dans les rets du néo-colonialisme, si bien que notre Union ne sera plus qu’un espoir évanescent et que le Grand Dessein de l’intégrale rédemption de l’Afrique s’écroulera peut-être à jamais.
Certains ont également exprimé l’opinion que nos difficultés peuvent être résolues simplement par une plus grande collaboration réalisée au moyen d’une association coopérative, sur le plan de nos relations intra-territoriales. Cette façon de considérer nos problèmes consiste à nier la juste conception de leurs rapports intérieurs et réciproques. Elle consiste à dénier toutefois dans un avenir ouvert à la progression africaine dans l’indépendance africaine. Elle trahit le sentiment qu’une solution ne peut être trouvée que dans la continuation d’une confiance envers les sources extérieures, au moyen d’accords bilatéraux qui organisent une assistance, sous une forme économique et diverses autres formes. Un fait est certain bien que nous ayons collaboré et que nous nous soyons associés dans divers secteurs d’entreprises communes même avant l’ère coloniale, cela ne nous a pas donné l’identité continentale et la force politique et économique qui pourraient nous aider à résoudre efficacement les problèmes complexes que doit affronter l’Afrique aujourd’hui. S’il s’agit de l’assistance extérieure, une Afrique unie se trouverait dans une position beaucoup plus favorable pour l’attirer. Il existe aussi dans un arrangement de cette nature, ce nouvel avantage qui impose davantage encore cette voie, que l’assistance affluera de toutes parts vers une Afrique unie parce que nos possibilités de marchandage seront infiniment plus fortes. Nous cesserons de dépendre plus longtemps d’une aide accompagnée de conditions restrictives. Le monde entier sera à notre disposition. Qu’attendons-nous maintenant en Afrique ? Attendons-nous des chartes conçues à l’exemple de celle des Nations-Unies ? Attendons-nous un type d’Organisation réalisé sur le modèle des Nations-Unies dont les décisions sont fondées sur des résolutions dont l’expérience nous apprend qu’elles ont été parfois tenues pour nulles et non avenues par des Etats Membres ? Doit-il s’agir d’une organisation à l’intérieur de laquelle des groupes se constitueront et des pressions s’exerceront conformément aux intérêts des différents groupes ? Ou bien, a-t-on l’intention que l’Afrique se transforme en une organisation assez lâche d’Etats sur le modèle des Etats américains, où ceux qui seront les plus faibles risquent d’être à la merci, sur le plan politique ou économique, des plus forts ou des plus puissants, et où tous les Etats seront à la merci de quelques puissantes nations ou de quelques groupes de nations étrangères est-ce une association de cette nature que nous voulons réaliser Excellences, permettez-moi de vous poser une question : Est-ce un cadre ?
Choisi par Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com

Djibril Coulibaly

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