A Raqqa, en Syrie, le groupe Etat islamique a lancé jeudi, en fin de journée, une contre-attaque contre des combattants de la coalition arabo-kurde soutenue par Washington, qui avaient totalement encerclé la ville, quelques heures plus tôt, coupant la dernière issue permettant aux jihadistes de fuir leur capitale auto-proclamée.
Avec notre correspondant dans la région, Paul Khalifeh
La contre-attaque du groupe Etat islamique a été menée par une quarantaine de jihadistes, qui avaient revêtus les uniformes des combattants de la coalition arabo-kurde, pour mieux infiltrer leurs lignes.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la contre-offensive a visé les quartiers de Mechleb et Sinaha, à l’est de la ville. L’assaut a commencé par trois attaques suicide perpétrées par des kamikazes, qui ont fait sauter leurs charges piégées contre des positions des forces arabo-kurdes. Après de violents combats, les jihadistes ont réussi à reprendre pied dans ces quartiers.
Cette contre-attaque est survenue quelques heures seulement après l’encerclement total de Raqqa par les combattants de l’alliance arabo-kurde. Cette manœuvre a permis de couper la dernière voie que les jihadistes pouvaient utiliser pour se retirer de la ville.
L’encerclement de Raqqa a été rendu possible après la capture par la coalition anti-jihadiste de plusieurs villages sur la rive méridionale de l’Euphrate.
Près de 100 000 civils pris au piège
Les combattants kurdes et arabes contrôlaient déjà les côtés nord, est et ouest, de la ville, mais le flanc sud, ouvert sur le désert de la Badia, était plus lent à conquérir.
Selon les Nations unies, 100 000 civils sont pris au piège ӑ l’intérieur de Raqqa, où les jihadistes les utilisent comme bouclier humains, selon des sources de l’opposition et du régime.
■ Analyse : « La prise de Raqqa et Mossou ne signifie pas la fin de l’EI »
Les importants revers pour les jihadistes en Irak et en Syrie ne signifient pas la fin de l’Etat islamique, estime Agnès Levallois, consultante spécialiste du Moyen-Orient et des questions méditerranéennes, chargée de cours à l’Ecole nationale d’Administration (ENA) et à Sciences Po.