Soutenus par les Etats-Unis, des combattants arabes et kurdes sont entrés ce 6 juin au matin dans la ville de Raqqa, en Syrie, bastion de l’organisation Etat islamique (EI) que la coalition tente de reprendre depuis des mois.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont annoncé ce 6 juin être entrées dans Raqqa par l’est, dans le quartier de Mechleb. Les combattants kurdo-arabes sont partis de leurs positions, situées 3 kilomètres plus loin. Le groupe Etat islamique avait évacué les habitants de ce faubourg il y a quelques jours, et n’a opposé qu’une faible résistance, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
L’offensive contre Raqqa est menée à partir de trois axes, à l’est et à l’ouest de la ville. Selon des sources syriennes, au moins 15 000 combattants kurdes et arabes participent à l’assaut. Ils sont soutenus par des centaines de conseillers et de soldats des forces spéciales américaines et disposent d’armes lourdes et de véhicules blindés, fournis par les Etats-Unis. Cet armement leur assure une forte puissance de feu, en plus de l’appui aérien, fourni par les avions de la coalition internationale.
Face à eux, le groupe Etat islamique disposerait de 3 000 à 5 000 combattants, selon des sources syriennes indépendantes. Le peu de résistance qu’ils ont opposé à l’est de Raqqa montrent que les jihadistes ont établi leurs principales lignes de défense à l’intérieur de la ville.
Bataille « longue et difficile »
L’offensive pour reprendre Raqqa a démarré il y a sept mois. Les FSD progressent lentement pour reprendre du territoire à l’ennemi. La ville est symbolique : il s’agit de la capitale autoproclamée de l’Etat islamique, d’où les jihadistes préparent des attentats, notamment en Occident.
« L’assaut sur Raqqa assènera un coup décisif à l’EI », a déclaré le commandant américain de la coalition internationale, Steve Townsend, qui a cependant prévenu que la bataille serait « longue et difficile ».
Les jihadistes vont certainement résister. Les civils, dont le nombre est difficile à évaluer, risquent de payer le prix fort de cette offensive. Une vingtaine d’entre eux, qui tentaient de fuir Raqqa, ont été tués lundi dans un raid attribué à la coalition.
Un appel à « épargner les civils et cesser les tirs aléatoires »
Un militant de l’opposition syrienne, contacté dans la région de Raqqa, décrit une « situation catastrophique » dans la ville. « Depuis trois jours il y a des tirs d’obus et d’artilleries, raconte Sohaïb. Je ne sais pas si ces tirs visent des cibles précises… Je crois que ce sont des tirs aléatoires. Il y a eu des morts parmi les civils. »
Ce militant de l’opposition s’inquiète du sort des habitants et des déplacés. « Il faut savoir qu’à Raqqa, en plus des habitants il y a au moins 100 000 déplacés. Et tous subissent les tirs d’artillerie, les tirs d’obus et aussi les frappes aériennes de la coalition internationale. Je lance un appel : il faut épargner les civils et cesser les tirs aléatoires. »
rfi