Djoliba AC, Stade malien de Bamako, AS Réal, CSK, AS Bakaridjan, Onze créateurs… Tous les clubs suscités font bien partie de notre championnat national de football. Demandez à certains s’ils les connaissent et beaucoup ne sauront même pas de quoi il s’agit.
Par contre, dites à ces mêmes personnes, FC Barcelone, Real Madrid, Manchester City, PSG, Juventus, Chelsea ou encore Olympique de Marseille et tout de suite, ils se reconnaissent et assument leur fierté d’être des fanatiques (fans) de ces grands clubs de football.
Comment peut-on expliquer ce contraste très marqué ? Comment comprendre ce désintérêt pour notre propre football ? Comment expliquer cet amour démesuré sinon insensé des Africains pour les clubs européens ?
Même quand vous citez les noms de nos joueurs locaux, personne ou alors la majorité ne les connait pas alors qu’ils jouent tous les weekends sur nos terrains.
Plusieurs raisons majeures pourraient expliquer ce phénomène. Tout d’abord, la sur-médiatisation des championnats européens fait qu’ils sont connus et regardés chaque jour ou presque par des millions de gens à travers le monde à la télévision, sur les réseaux sociaux.
Cela créé de véritables passions chez les jeunes qui vont jusqu’à créer des fan’s clubs qui frisent parfois avec le hooliganisme. C’est ainsi que certains sont prêts à tout pour défendre la réputation de leur soi-disant club. On a récemment vu un cas au Nigéria où un supporter du Barcelone a poignardé à mort un autre du Réal Madrid. Tout ça pourquoi ?
Pour des choses qui ne nous concernent pas au premier chef car ces équipes pour lesquelles nous nous déchirons gagnent tranquillement leurs millions d’Euros et ne savent même pas que nous existons. A l’exception bien sûr de quelques stars engagées dans l’humanitaire. Mais comme on dit, l’amour a ses raisons que la raison elle-même ignore.
Ensuite, nos championnats ne sont pas du tout attractifs à cause, entre autres, de la désorganisation, de l’amateurisme, du tripatouillage dès règles du jeu, du manque de sponsors et, en conséquence, très peu médiatisé. Bref, nos championnats ne nous attirent pas et donc ne nous intéressent pas.
Enfin, la mondialisation accélérée et le boom des réseaux sociaux pourraient expliquer cette acculturation à grande échelle et ce désamour pour nos propres cultures et nos propres valeurs. Ce phénomène cache en réalité une plus grave menace : le déni de nous-mêmes, le déni de nos clubs, le déni de nos réalités et partant le déni de nos pays !
Que faut-il donc envisager comme solution pour ce problème ? Difficile de dire quoi que ce soit car le football est devenu une véritable religion mondiale avec des adeptes partout dans le monde et surtout en Afrique et qui sont prêts à tout pour leurs différentes chapelles, pardon, leurs équipes.
Ainsi, la question que me posait mon ami Sory Kane demeure une véritable énigme : Pourquoi cet amour démesuré des Africains pour les clubs européens ? Simple question apparente mais multiples réponses aussi incertaines les unes que les autres.
SERGES KOOKO LE REFLET
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