lundi 2 décembre 2024
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LE REFLECTEUR : La fuite en avant du Général

« La solution ne m’appartient plus car je n’ai ni le pouvoir ni la possibilité de revenir sur une décision prise par un ministre. Mais, je suis prêt à accompagner le ministre, à accompagner le gouvernement à la recherche de solution à ce problème posé » ! C’est la conclusion d’un entretien accordé au site footmali.com par l’inspecteur général Boubacar Diarra dit Baba, président du comité exécutif dissout de la Fédération malienne de football (Fémafoot).
L’homme est toujours fidèle à la fuite en avant, à la mauvaise foi. La question n’est pas de savoir s’il a la solution aujourd’hui, mais qu’a-t-il fait pour que ses alliés de l’AGO (Assemblée générale ordinaire) de Sévaré (5-6 octobre 2013) lui tournent le dos pour le combattre avec une haine si féroce ?
De janvier 2015 au 8 mars 2017 combien d’opportunités a-t-il eues pour éteindre le feu, apaiser le climat autour de notre football pour sortir de cette crise par la grande porte ? Qu’elle était sa vraie motivation à vouloir coûte que coûte exclure ses alliés majeurs sans lesquels présider la Fémafoot serait un vœu pieux pour lui ?
Qu’est-ce que le président du comité exécutif déchu de la Fémafoot a réellement posé comme acte sincère et responsable pour éviter sa dissolution le 8 mars et la suspension du Mali par la Fifa le 16 mars 2017 ?
Au lieu d’aller dans le sens d’un apaisement, Baba a toujours brandit à l’Etat malien la menace de suspension de la Fifa et de la Caf (deux repaires de mafiosos en puissance) pour narguer ses adversaires et toute une République. C’est pourquoi au fil du temps, il a perdu une grande partie de ses soutiens.
Oui, au départ de cette crise, nous étions nombreux à défendre la légitimité d’un bureau élu et à défendre le principe du respect du mandat qui est le symbole du fair-play dans le management du football. Comme le rappelait d’ailleurs la Fifa à la Fémafoot au début de cette crise, « l’assemblée générale est le lieu le mieux indiqué pour débattre de toutes les questions ».
Mais, ce principe s’enracine dans un espace sacré : l’Assemblée générale, qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire !
Mais, à regarder de près, Boubacar Baba Diarra a tout mis en œuvre pour que ce qui l’oppose les « frondeurs » ne soit jamais dévoilé aux acteurs du football. Ainsi, la rupture a été consommée à cause de sa volonté d’empêcher Gaoussou M’Pa Sylla (président du CSD) de venir se défendre et montrer la preuve de son accusation contre Baba Diarra accusé de détournement.
Comme nous le rappelait récemment L’Essor (du lundi 20 mars 2017), c’est en décembre 2014, lors d’une rencontre avec les clubs de première division que le président Diarra a déclaré que la Fédération est endettée à hauteur de 300 millions de F CFA.
Le président du CSD avait rétorqué que c’est impossible et accusa le CE de mauvaise gestion et de détournements. Quelques jours plus tard, il écopa d’une suspension de trois ans, donc d’office exclu de l’Assemblée générale ordinaire prévue le 10 janvier 2015. Saisie, la Fifa ordonne au bureau fédéral de le laisser participer à l’assemblée « pour apporter la preuve de ses accusations ».
Alors, la stratégie de Baba et son clan consista à tout mettre en œuvre pour empêcher ce grand déballage. Finalement, Gaoussou M’Pa Sylla est déclaré persona non grata et n’accédera pas à la salle. Et cela avec la complicité du représentant de la Fifa, l’Argentin Primo Carvaro, qui se garda curieusement de mentionner dans son rapport les incidents qui ont conduit à cette exclusion. Peut-on alors croire à la bonne foi et surtout à la neutralité de la Fifa dans cette crise ?
Chacun appréciera. Mais, toujours est-il que, après la sentence du Tribunal arbitral du sport (Tas) qui a annulé l’Assemblée générale du 10 janvier 2015 et les décisions adoptées lors de la rencontre, le ministre des Sports, Housseini Amion Guindo, s’est personnellement rendu en Suisse pour demander l’intervention de la Fifa. En vain. Pis, Boubacar Baba Diarra et son bureau ont appliqué cette sentence sans aucune considération pour le Tas et avec la complicité de la Fifa.
La décision du gouvernement est douloureuse et impopulaire. C’est un mal nécessaire pour assainir notre football comme ce fut le cas avec le sport équestre il y a deux ans. Il faut souvent accepter d’avaler la quinine (nivaquine) pour prévenir le paludisme. La dissolution du comité exécutif de la Fémafoot est un acte responsable dans la mesure où elle vise à anticiper sur la nouvelle crise, à désamorcer une bombe que constituerait la tenue de l’assemblée générale élective de la Fédération sans la moitié des acteurs suspendus de toutes les activités liées au sport.
Ce qui ne pouvait qu’envenimer une situation déjà explosive. Nous sommes convaincus, comme le cabinet du ministre des Sports, que « si on avait laissé la Fédération organiser l’assemblée élective, la crise allait encore durer au moins quatre ans ».
Comment sortir de l’impasse ? La réponse fait surtout appel au sens du patriotisme et de la responsabilité. Le processus de la plainte au Tas contre la Fifa, même s’il peut être suspensif, peut être aussi trop long au goût d’un peuple accro à son opium, le football.
Il faut alors que les protagonistes surmontent rapidement leur ego et surtout sacrifient leurs intérêts pour s’asseoir et décider de la levée de toutes les sanctions contre tous les dirigeants et de la mise en place d’une commission d’organisation indépendante de l’Assemblée générale élective d’octobre prochain.
Avec ce protocole d’accord, le ministère des Sports va abroger la décision de suspension du CE de la Fémafoot entraînant du coup la levée de la suspension de la Fifa. Utopie ? Peut-être ! D’autant que les enjeux financiers pour certains protagonistes sont inimaginables pour le Malien lambda.
Moussa Bolly LE REFLET

Djibril Coulibaly

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