Comme on le craignait, la désobéissance civile n’est qu’un prétexte des leaders du M5-RFP pour livrer le pays aux vandales parce qu’ils savent pertinemment qu’ils n’ont aucun moyen de maîtriser des dizaines de milliers de manifestants lancés à l’assaut des services publics. Ils peuvent indexer le régime comme coupable de tout ce qui peut maintenant arriver. Mais, ils sont aussi coupables et comptables de ces morts et blessés que le pouvoir qui continue aussi de tergiverser au lieu de prendre des mesures courageuses indispensables à l’apaisement.
Quel est ce citoyen qui pouvait rester indifférent aux vidéos virales et aux images diffusées dans un flash spécial de l’ORTM tard dans la soirée de ce vendredi 10 juillet 2020 ? Peut-on ne pas avoir le cœur meurtri à la vue des dégâts perpétrés contre les travailleurs de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) dont le seul crime est de faire le boulot dans un média d’Etat ? Et les images de l’Assemblée calcinée et pillée (alors qu’elle a été récemment rénovée par les Turcs) fait encore plus honte. Pourquoi tant de haine ?
Oui, il ne faut pas avoir peur des mots : le triste spectacle que ces manifestants ont offert vendredi dernier au monde en direct n’est que la triste manifestation de la mégalomanie et de la haine. C’est le résultat de la manipulation de ceux qui sont prêts à réduire le pays en cendres pour régner. «Ma voiture tapée à coups de bâton par des dizaines de jeunes criant : Corona ! Corona ! Est-ce vraiment l’objet de la manifestation d’aujourd’hui (vendredi 10 juillet)», a ironisé sur Twitter un expatrié victime des badauds ayant vandalisé son véhicule. Ce qui confirme la manipulation de la foule.
Sincèrement, aucun mécontentement ne pourrait excuser cette barbarie et ce manque d’humanisme, de civisme… que nous avons vu vendredi dernier à Bamako, Sikasso, Koutiala, Ségou… Et malheureusement, ce sont des actes prémédités. En effet, depuis l’échec de la rencontre entre le président de la République et des leaders de la contestation le dimanche 5 juillet, ces derniers ont brillé par l’incitation à la violence. Comment peuvent-ils rassembler des dizaines de milliers de personnes, leur demander d’aller occuper les institutions et les services publics et espérer en même qu’ils ne commettent pas d’actes de vandalisme ? Peut-on savoir comment une foule en colère peut se comporter dans de telles circonstances où le moindre dérapage peut avoir des conséquences dramatiques pour eux, leurs familles et le pays tout entier ? Et pourtant, ils s’étaient engagés à n’utiliser que les moyens légaux pour faire aboutir leur combat supposé être patriotique.
Pourquoi brûler notre pays pour des gens qui ne se sont jamais souciés de ce peuple ?
Mais, nous sommes convaincus que ceux qui ont chauffé les esprits avant de les envoyer à l’assaut des institutions et services ne se souciaient ni de la sécurité des manifestants ni des actes crapuleux qu’ils pouvaient commettre. En poussant la foule à l’émeute et non à la désobéissance civile, ils sont dans une logique qui n’a pas changé depuis le 5 juin : semer le chaos et la désolation pour discréditer et faire chuter. C’est insensé voire irresponsable.
C’est irresponsable de lâcher une foule dont on a aucune maîtrise et connaissance. Le hic est que nous brûlons nos maigres réalisations pour des gens qui ne se sont jamais souciés de ce pays. Des badauds s’en sont donné à cœur joie pour saccager et piller des édifices publics et des domiciles privés à la demande des gens mal intentionnés qui tirent les ficelles et qui veulent pousser les Maliens à un changement brutal dans leur seul intérêt.
Nous l’avons dit dans nos précédents articles que l’Imam Dicko joue gros en s’alliant, dans un noble combat pour imposer des valeurs, avec des vautours politiques qui voient en ces marches et autres grands rassemblements populaires une belle opportunité de rebondir et de se refaire une virginité politique.
Mais, personne n’est dupe. Quelle que soit sa position dans cette crise, chaque Malien sait désormais que cette violence est orchestrée pour semer le chaos dans le seul intérêt de ceux qui tirent les ficelles de la contestation.
Aujourd’hui, on manipule la foule pour exiger la démission d’un président de la République démocratiquement élu ! Et après ? Pour quel horizon? Qui dirige réellement cette rue ? Ne prenons-nous pas le risque de créer les conditions d’une nouvelle transition militaire sans horizon identifié ? En tout cas, tous les citoyens qui ont vécu le 26 mars 1991 doivent être à la fois consternés et effrayés par les évènements de vendredi dernier. Et cela d’autant plus que même si l’histoire ne se répète pas, «elle peut sans doute bégayer» !
Nous sommes convaincus d’une chose, tous les acteurs politiques de ce pays seront jugés par le tribunal de l’histoire. A commencer par ceux qui manipulent la foule afin de contraindre le peuple dans un saut dans l’inconnu pour leur seul intérêt !
Hamady Tamba