La visite de deux jours de la Procureure de la Cour pénale internationale a permis aux militants du Front panafricain de la Société civile (FISPA) d’avoir une idée précise sur le sort qui sera réservé à leur plainte déposée contre l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, accusé d’assassinat du guide de la Jamahiriya arabe libyenne, Mouammar Kadhafi. Selon Fatou Bensouda, la plainte de l’association a été reçue par son bureau et fera l’objet d’une analyse aux fins de déterminer la suite à donner à la requête.
Six ans après l’assassinat de Mouammar Kadhafi dans des circonstances sombres, bon nombre d’Africains ruminent toujours la colère contre l’ancien président de la République française, le très pitoyable Nicolas Sarkozy. Il y a un mois, un groupe d’associations africaines dénommé « Front panafricain de la Société civile » dont l’artiste ivoirien, Tiken Jah Fakoly est le parrain, a laissé éclater sa colère en décidant de porter plainte Sarkozy pour assassinat du Guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011. « Nous portons cette plainte contre Nicolas Sarkozy pour l’assassinat de Kadhafi, parce que cela a des conséquences dramatiques et néfastes sur le continent africain, et sur les populations africaines. Voilà pourquoi nous adhérons à ce combat », expliquait à RFI à l’époque, l’activiste guinéen Elie Kamano, membre du Front.
« Si la CPI ne réagit pas, cela voudrait dire que la CPI choisit ses clients », avait prévenu Tiken Jah Fakoly, parrain du FISPA, lors de la création du mouvement à Bamako. Du coup, la visite à Bamako de la Procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, les 17 et 18 octobre 2017, a été une occasion pour les journalistes d’en savoir plus sur ce dossier.
Selon la Procureure de la CPI, la plainte du FISPA a été déposée à son bureau le samedi dernier. « Nous recevons beaucoup d’informations de crimes de ce genre. Nous allons soumettre cette accusation (ndlr : contre Nicolas Sarkozy) aux mêmes tests que toutes les autres allégations reçues par la CPI. Nous allons l’analyser, la vérifier puis la corroborer avec les vérifications que nous allons faire à notre niveau avant de décider de la suite à réserver à cette accusation », rassure Fatou Bensouda. Toutefois, elle précise que la plainte du FISPA ne repose, pour le moment, que sur des suspicions. C’est dire que le mouvement parrainé par Tiken Jah vient de gagner son premier point dans la mise en accusation de l’ancien président de la République française dans l’affaire de l’assassinat de Mouammar Kadhafi. Mais le chemin à parcourir pour faire condamner Nicolas Sarkozy reste encore long.
Le dossier des massacres d’Aguelhoc toujours ouvert
Interrogée sur le sort réservé au dossier sur les massacres des dizaines de soldats maliens à Aguelhoc en 2012, la Procureure de la CPI informe que l’affaire n’est pas close. Car, selon Fatou Bensouda, il s’agit des accusations très sérieuses et des violations graves contre les droits de l’homme. « Notre bureau est saisi de cette question. Nous l’étudions de la même manière que nous étudions les crimes et les assassinats contre les Casques bleus. Nous sommes attentifs à tout ce qui se passe au Mali. Dans nos enquêtes, nous étudions toutes les parties impliquées dans le conflit », dit Fatou Bensouda.
Sur la question des fosses communes de civils peuls que l’armée est suspectée d’avoir tués dans le centre du pays, la Procureure de la CPI a préféré garder le silence pour l’instant. « Je ne veux pas parler de cas spécifiques pour des raisons de confidentialité de l’enquête, mais mon bureau travaille sur ce dossier», se limite-t-elle à dire.
Au cours des échanges avec la presse, Fatou Bensouda a aussi laissé entendre que les enquêtes se poursuivent au sujet d’autres djihadistes maliens après la condamnation d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi. « Tombouctou était au cœur de notre enquête. Il est important qu’un crime de cette nature soit souligné pour montrer que c’est un crime sérieux et couvert par le statut de Rome. Les enquêtes continuent sur les autres crimes notamment les crimes sexuels et autres crimes basés sur le genre. La CPI suit de près ce qui se passe au Mali», informe Fatou Bensouda.
Youssouf Z Kéïta INFO SOIR