vendredi 13 décembre 2024
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Nouhoum Togo, porte-parole de l’opposition, se prononce sur le «Vendredi noir»

«Nous nous sommes battus pour que la démocratie puisse nous apporter un bien-être.  Aujourd’hui, c’est déplorable»

Dans son franc parlé habituel, Nouhoum Togo s’est penché sur cette journée du vendredi noir 1991, la faillite des acteurs politiques qui s’en est suivie et son indignation de voir l’AMSUNEEM décerner un diplôme d’honneur au nom de Cabral à IBK. Lisez!

LE COMBAT : Vous venez de marcher en mémoire du 22 Mars 91. 26 ans après qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Nouhoum Togo: Sens symbolique. Pour que les Maliens se remémorent du vendredi noir 1991 qui a été une prise de conscience collective. Ce vendredi matin, je m’en souviens, les tirs résonnaient un peu partout dans la capitale, parce que les élèves et étudiants étaient dans la rue pour revendiquer leurs droits. Le droit à un bien-être, à des conditions adéquates au niveau des écoles, etc.

Cette marche a été réprimée dans le sang, sait-on le nombre exact de morts ?

Nous ne pouvons pas donner des chiffres exacts. Mais il y en avait une centaine. Outre le carré des martyrs, certains ont été enterrés à Banconi, d’autres à Djélibougou et ailleurs.

Est-ce que le résultat est à la hauteur du sacrifice consenti ?

Nous nous sommes battus pour que la démocratie puisse nous apporter un bien-être.   Aujourd’hui, c’est déplorable. Prenons l’école comme symbole de ce combat. On s’est battu pour une école performante et apaisée à même de doter le Mali des cadres compétents. Mais, vous conviendrez avec moi   que ces dernières années il y a eu beaucoup de morts à l’école. Il y a seulement une semaine on a tiré sur des étudiants. Ce qui veut dire que la situation ne s’est pas améliorée. En ce jour mémoriel, on ne peut passer sous silence la grève des enseignants, des acteurs clés de l’école.

Qu’en est-il de la gouvernance de façon globale ?

Si on prend par étape on voit aujourd’hui que dans le secteur de la santé ça ne va pas. Les revenus des Maliens n’ont pas augmenté. C’est la faute non pas à la démocratie mais aux acteurs. Aujourd’hui, les acteurs qui sont censés   se préoccuper du Peuple malien ne se préoccupent que d’eux et de leurs familles et amis. Ce qui fait que le Malien lambda souffre de l’absence de la démocratie. Et, c’est à nous tous, ensemble, la presse et d’autres acteurs de critiquer et de proposer des pistes de solutions. Sur le plan de la sécurité, nous sommes en insécurité dans cette démocratie.

Que faut-il faire ?

26 ans plus tard, il est temps que les gens se concertent et fassent le point sur l’évolution de la situation et de la démocratie. Mais, le hic, c’est qu’il n’y a pas de débats. Et tant qu’il n’y aura pas de débats ce sera difficile de changer la situation. C’est un échec. Car, dans la démocratie, il faut qu’il y ait des débats contradictoires, des combats d’idées pour, ensuite, faire des synthèses et trouver des solutions.

Que pensez-vous du diplôme d’honneur décerné à IBK par l’AMSUNEEM ?

J’ai été choqué. J’ai connu IBK en 1991 cadre de l’ADEMA. J’ai connu IBK Premier Ministre du Mali. Il a fermé l’école pendant une année. Cet homme que j’ai connu a mâté des gens, envoyé des élèves et étudiants et hommes politiques en prison. Avec son arrivée à la présidence de la République rien n’a changé ; pas, en tout cas, dans le secteur éducatif. Alors, qu’est ce qu’il a posé comme acte pour mériter ce diplôme ? Vous avez vu que la famille de Cabral a protesté, même si je ne partage pas certains termes utilisés par eux. Je pense, en toute honnêteté, que s’il y a diplôme à donner à quelqu’un ce ne serait pas celui qui aura qualifié le tueur de Cabral de Républicain qui le méritera. Du moment où IBK a reconnu que le tueur de Cabral, Moussa Traoré, est un Républicain, il ne peut mériter ce diplôme. Si ce n’est pas pour l’intérêt du ventre ou un quelconque intérêt politique, je ne vois pas le sens de ce diplôme.

Propos recueillis par Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

Rédaction

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