vendredi 26 avril 2024
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LE CNT SUR L’AFFAIRE ISSA KAOU N’DJIM: PLAIDOYER OU APPEL À DÉNI DE JUSTICE ?   

 

La résolution prise par le CNT dans l’affaire Issa Kaou N’Djim a beaucoup surpris l’opinion publique nationale. Notre rédaction a demandé à un des doyens actuels de la presse, Amadou N’Fa Diallo du journal Le National, de nous donner son avis.  

 

Hier, jeudi, 4 novembre dans la matinée, le CNT s’est réuni en séance plénière après la lecture du rapport de la commission ad hoc constituée le lundi pour plancher sur l’affaire du quatrième vice-président de l’institution, qui a maille à partir avec la justice depuis une semaine déjà. Issa Kaou N’Djim, qui a comparu vendredi passé devant le tribunal de la commune IV de Bamako pour flagrant délit en raison de « propos subversifs », a vu sa demande de remise en liberté provisoire rejetée, après que la présidente dudit tribunal ait mis son jugement en délibéré pour le 3 décembre prochain, dans environ un mois. Son avocat, Me Kassoum Tapo, avait projeté d’introduire une nouvelle demande de remise en liberté provisoire, ce qui était improbable, selon plusieurs observateurs avisés. Des collègues de M. N’Djim au CNT, s’étaient même affranchis de toute réserve en déclarant publiquement que leur infortuné compagnon devait rendre la tâche facile à tout le monde en rendant lui-même sa démission de l’institution parlementaire de la transition. On croyait donc la cause totalement perdue pour lui, car il risquait désormais une condamnation de trois mois de prison au moins.

Mais coup de théâtre, c’est à l’étonnement général que le CNT, dans une proportion écrasante de ses membres, a volé au secours du camarade N’Djim. En effet, le vote en sa faveur a été de 101 pour, 7 contre et 5 abstentions. La résolution prise est même allée loin, très loin, en demandant la suspension de sa détention. Les termes sont plutôt forts. Après délibération, le CNT « invite le Gouvernement à instruire aux autorités d’enquêtes et de poursuites au respect scrupuleux des lois de la République, notamment en ce qui concerne l’immunité conférée aux parlementaires par l’article 82 de la Constitution » et demande conséquemment « la suspension de la détention de l’Honorable Issa Kaou N’Djim, membre du Conseil National de Transition ». Au-delà de la surprise après une telle formulation, la fameuse résolution du CNT a donné lieu à de nombreux commentaires.

S’agit-il d’une simple gesticulation politicienne  en sachant par avance que la demande ne sera pas reçue par la justice? Ou faut-il comprendre un plaidoyer de corps d’un CNT face au gouvernement à qui l’on veut montrer la primauté de l’organe législatif ? Beaucoup d’autres voient une manœuvre qui vise à pousser à commettre un déni de justice. Les membres du CNT, si l’on respecte les décisions de la Cour constitutionnelle, ne peuvent pas se prévaloir du titre d' »Honorables » puisqu’ils ne sont pas des députés élus. En plus, inviter le gouvernement à instruire aux autorités d’enquêtes et de poursuites la suspension de la détention d’Issa Kaou N’Djim est une malheureuse prétention de vouloir pousser le gouvernement à la faute d’en imposer à la justice. La séparation des pouvoirs n’aurait plus aucun sens. La justice, qui suit son cours, doit interrompre alors celui-ci sous cette pression politique qui ne dit pas son nom, ce qui reviendrait, ipso- facto, à violer l’indépendance des magistrats. Les deux principaux syndicats de la magistrature, SAM et SYLIMA, ont vite réagi en pointant du doigt l’incongruité de la résolution n° 2021-0001 CNT-RM, en rappelant les dispositions de la loi qui incriminent le sieur Issa Kaou N’Djim.

En tout cas, au moment où une certaine opposition crie à la violation de la liberté d’expression et à d’autres manquements au Mali sous transition, sur lesquels le pouvoir transitoire est acculé sans ménagement, le CNT ne pouvait produire meilleur croc en croc à l’autorité qui l’a nommé. Sacrés parlementaires qui scient la branche sur laquelle ils sont assis !

 

Amadou N’Fa Diallo  LE COMBAT

Djibril Coulibaly

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