vendredi 8 novembre 2024
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RENFORCEMENT DU PARC INDUSTRIEL MALIEN: L’Huicoma relancée après la Comatex et l’Umpp pour asseoir la souveraineté économique ?

La semaine dernière, la Compagnie Malienne de Textile (COMATEX) a officiellement repris ses activités de production après des années d’arrêt. Une reprise qui symbolise la volonté des autorités de transitions d’asseoir la souveraineté économique à travers des industries porteuses d’espoir. C’est ainsi que des efforts louables ont été consentis pour une reprise effective des activités de production de la Comatex et de l’Usine malienne de produits pharmaceutiques (UMPP). Et pour de nombreux Maliens,  l’huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) doit aussi bénéficier de cette volonté politique de relance industrielle. Et cela d’autant plus que ses produits (huile, aliment bétail…) ont des effets sur d’autres secteurs sensibles de consommation comme l’élevage.

 

Aspirer à la souveraineté politique sans une assise économique solide est une vraie utopie. Et la solidité économique dépend aussi en partie de l’existence d’industries créant non seulement des emplois, mais aussi de la valeur ajoutée comme facteur de croissance. C’est pourquoi il est urgent de restituer à l’Etat les symboles bradés de notre souveraineté. C’est sans doute conscientes de cela que les autorités de la transition sont déterminées à redonner au pays​ un tissu industriel à la hauteur de ses potentiels en richesses diverses.

Comme le disait un opérateur économique (à l’issue d’un entretien avec l’actuel Premier ministre), ne pas être doté «d’industries est la pire chose qui puisse arriver à un Etat». C’est ainsi que la Comatex et l’Umpp viennent d’être recapitalisées en vue de redresser l’économie nationale. La relance de ces structures traduit une volonté et découle d’une prise de conscience que l’émergence économique est une utopie sans une industrialisation pour soutenir la relance de l’économie. Et aujourd’hui, une unité stratégique du pays doit bénéficier de cette volonté politique : l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) !

Ce fleuron de l’industrie a été volontairement affaibli pour être bradé en 2005 à 9 milliards de F CFA l’opérateur économique Alou Tomota. Elle a été curieusement cédée au moment où elle rapportait à l’État malien 7 milliards de F CFA, au titre seulement des impôts et taxes. Créée le 12 mars 1979 (suivant l’ordonnance N°79-15-Comité militaire de libération nationale/CMLN), l’Huicoma traduisait l’ambition de valorisation de la graine de coton et de ses sous-produits (ainsi que tout autre oléagineux) par leur transformation et leur commercialisation.

Société d’économie mixte au capital de 16,5 milliards de F CFA et un chiffre d’affaires de plus de 30 milliards de F CFA par an, l’Huicoma avait comme actionnaires la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), majoritaire plus de 50 %. ​En 2000, l’Etat avait hérité des actions de la CMDT, soit 32 % du capital​. Et de 1994 à 2001, elle employait 1 109 travailleurs.

La société disposait de plusieurs actifs industriels au moment de sa cession. Il s’agit notamment de l’usine de Koutiala mise en service en novembre 1981. C’est un complexe de production d’huile neutre alimentaire et d’aliment bétail doté d’une capacité de trituration de 650 tonnes de graine de coton par jour. Il y a avait aussi l’usine de Koulikoro rachetée à la Société d’exploitation des produits oléagineux du Mali (SEPOM) en septembre 1986 et qui disposait d’une capacité de 500 tonnes par jour.

Cette usine était dotée d’équipements permettant de produire et de conditionner de l’huile raffinée de coton ; de fabriquer du savon de différentes qualités ; des aliments bétail et de la crème de beauté «Karitéa». L’Huicoma avait aussi racheté à Kita l’usine de la Société d’exploitation des produits agricoles du Mali (SEPAMA) en novembre 1995. Celle-ci avait une capacité de 150 tonnes par jour et produisait de l’huile neutre et des tourteaux gras.

En plus de ces actifs, la société avait racheté en 1994 l’usine de fûts de la Compagnie malienne de la navigation (COMANAV) et possédait des cuves au Port de Dakar, au Sénégal. Au moment de la privatisation, elle employait plus de 1100 agents et sa contribution aux recettes fiscales de l’État (impôt et taxes) s’est chiffrée entre 1997 à 2002 à 40 milliards de F CFA. En dehors de rendre justice aux travailleurs, la réhabilitation (ramener dans le juron de l’Etat) ne manque pas d’enjeux socio-économiques.

Nous savons par exemple que le coût de l’aliment bétail impacte tous les produits de l’élevage (viande, poulets, œufs…). Sans compter le poids de l’huile dans la consommation des ménages. Autrement, la relance de l’Huicoma sera un précieux atout face à la vie chère. Sa production va entraîner la baisse du prix de plusieurs produits. Sans compter qu’elle permettra de tirer une valeur ajoutée conséquente de nos immenses productions de coton. Pour cela, il suffit que l’Etat veille scrupuleusement à empêcher l’exportation frauduleuse des graines de coton vers d’autres horizons.

Moussa Bolly LE MATIN

Djibril Coulibaly

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