La mise en place du couvre-feu au Mali (21h à 05h) dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 a imposé pas mal de contraintes à la population malienne.
Pour endiguer la progression du virus, les autorités ont pris des mesures préventives graduellement contraignantes comme l’état d’urgence sanitaire décrété le 25 mars 2020. Ce qui s’est traduit par l’instauration du couvre-feu, la fermeture des «frontières terrestres du Mali, sauf au fret et transport des marchandises, en particulier les denrées de première nécessité». Auparavant, le gouvernement avait décrété la fermeture des night-clubs, des bars, des restaurants, des écoles de tous les ordres et de toutes les confessions…
Des mesures salvatrices, mais jugées assez contraignantes par une partie de la population, les jeunes en majorité. En effet, la jeunesse est visiblement étouffée par le confinement nocturne, car la nuit est le moment propice où beaucoup profitent des plaisirs de la vie, des loisirs. Surtout que certains ne sont pas encore convaincus de l’existence de la pandémie du coronavirus, du moins dans notre pays. Ils pensent que son existence est purement politique.
«Je dirais que plus de 50 % des jeunes n’y croient pas sous prétexte qu’ils ne connaissent personne qui a été atteinte par le virus. D’autres disent que c’est un truc politique juste pour avoir de l’argent. Mais, heureusement, la petite minorité se protège et essaie de convaincre les autres de faire autant», a affirmé Tiémoko Koné, un jeune étudiant résidant à Faladié, en Commune VI du district de Bamako.
Par ailleurs, les jeunes connaissent les mesures prises par le gouvernement. Mais, hélas, ils les appliquent à la légère car certains produits ou équipement pour la lutte conte le coronavirus sont très chers au marché. Sans compter qu’ils ont du mal à se plier à des mesures comme le couvre-feu, surtout de l’application qui en est faite par les forces de l’ordre.
«La jeunesse d’aujourd’hui est insouciante. Ils ne sont pas très nombreux ceux qui respectent les heures de couvre-feu. Ils jugent cette mesure inutile si les gestes barrières ne sont pas respectés dans la journée. Beaucoup ne connaissent pas non plus le principe du couvre-feu et d’autres en profitent pour commettre des actes illégaux tel que le vol…», a affirmé Aïchata Diallo.
«Je pense que le couvre-feu n’a absolument aucun impact sur la propagation du virus. J’aurai aimé que les autorités prennent des mesures pour éviter les attroupements. Malgré l’interdiction des regroupements sociaux comme les mariages, les baptêmes et les décès, rien n’a presque changé dans le comportement des Maliens. C’est à ce niveau que le gouvernement devait donner l’exemple en sévissant sans concession aucune», a affirmé Barou Moulaye Haïdara, jeune étudiant résidant à Banconi, en commune I. Certains jeunes trouvent paradoxal de décréter un couvre-feu alors que les mosquées sont ouvertes sans aucun respect des mesures barrières et qu’il n’y aucune rigueur dans la gestion des espaces publics comme les marchés et les gares.
Avec ce confinement nocturne, il y a des gens qui passent tous leur temps devant les écrans. «Dans la nuit, la jeunesse est encore plus devant les écrans de télévision, de téléphone, de tablette, des consoles de jeu…», a constaté Aïchata Diallo.
Sur le plan de la sensibilisation, la jeunesse y participe beaucoup, notamment à travers les réseaux sociaux. «A ma connaissance, la jeunesse est beaucoup engagée dans les campagnes de sensibilisation contre le Covid-19 à travers les réseaux sociaux», a indiqué Fatoumata Coulibaly, stagiaire dans un centre de santé. D’autres sont aussi sur le terrain. «Après avoir obtenu toutes les informations sur le coronavirus, je me suis lancé dans une compagne de sensibilisation dans ma famille d’abord, ensuite dans mon voisinage et dans ma communauté. Mais, force est de reconnaître que nous sommes dans une société où les gens ne croient pas trop à l’existence du virus. C’est pourquoi il n’est pas aisé de les sensibiliser», nous a confié Barou Moulaye Haïdara.
Face à cette pandémie du Covid-19, la jeunesse malienne doit à tout prix mieux s’informer, respecter les mesure préventives et participer aussi à des campagnes de sensibilisation par tous les moyens car, ne dit-on pas que «mieux vaut prévenir que guérir» ?
Cissé et F. Kéita
Stagiaires