vendredi 19 avril 2024
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Entretien exclusif avec Adama Sidibé, auteur du recueil de poème « Un temps si éphémère » : « Je dénonce l’iniquité, le manque de responsabilité des responsables »

Sortant de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako, filière Lettres et Civilisation à la Faculté des Lettres, des Langues et des Sciences du Langage, Adama Sidibé est un jeune poète amoureux de la littérature. Membre de plusieurs regroupements littéraires comme JELMA (Les Jeunes Esprits de la Littérature Malienne), le Club JMAMA, etc., l’auteur en est à sa première expérience dans le monde du livre. Un temps si éphémère paru chez Innov Éditions à Bamako.

Le combat : Quelle explication pouvez-vous nous donner au titre « Un temps si éphémère » ?
Adama Sidibé : Un temps si éphémère, ce titre fait référence à la brièveté de la vie. Inspiré des bouleversements, des différentes mutations sur tous les plans dans le monde en général et dans mon pays en particulier. Il est un appel à une prise de conscience. Compte tenu du très peu d’espérance de vie des hommes et de la rapidité très effrénée dans laquelle va le monde, je suggère à travers ce titre la promotion du travail, de l’amour, de la clémence, de la paix, etc. En plus dans ce recueil, j’évoque le thème de la mort, des gens avec qui j’ai passé des moments merveilleux, quand je regarde leur absence, leur place vide à mes côtés, je me dis que la vie est éphémère d’où la venue du titre « Un temps si éphémère ».
Vous rendez hommage à Marième DIOP, elle était qui pour vous et pourquoi cet hommage ?
Elle est ma tante qui m’a quitté en 2017. Je l’ai fait cet hommage parce que je veux que dans mon histoire, son nom soit cité. Elle a beaucoup influencé ma vie. Depuis mon enfance, je me rappelle bien, chaque fois qu’elle venait dans la famille, elle ne partait jamais sans me donner un petit présent. À l’occasion des rentrées scolaires, ma tante s’arrangeait toujours pour réunir mes fournitures scolaires. En plus, à chaque rentrée, elle m’achetait des habits, des chaussures et même des parfums. Durant l’année scolaire, elle m’envoyait chaque fois que c’est possible des présents et surtout après les résultats des compositions parce que j’étais presque toujours premier de ma classe. Après mon DEF, au lycée, c’était une nouvelle vie, elle m’encourageait et me motivait de toutes les manières afin que je continue à être le bon élève que j’étais au primaire. Bref, Marième DIOP a été tout pour moi.
Migrant est l’un de vos poèmes très interpellateurs, c’est un texte sensationnel. Quel message essayez-vous de passer ?
Par le titre Migrant, je parle de la migration et ses différentes causes. En réalité, ce n’est pas du tout facile d’abandonner sa Patrie pour aller vivre ailleurs, mais souvent des situations nous obligent. Il y a certes des difficultés dans la vie, il y a des duretés, mais ce qui est plus dur, c’est de voir son propre pays en train de te nuire. Par-là, on n’aura peur de rien, car ce qui arrivera ailleurs ne sera plus dur que la trahison, l’injustice de son propre pays. Dans ce poème, je dénonce l’iniquité, le manque de responsabilité des responsables.
Ne pas lire est devenu un sujet qui entre dans le quotidien du Malien lambda. À travers le poème, il faut lire, portez-vous un espoir sur la jeunesse ?
En tant que poète, je fais une invitation à la lecture comme remède à des problèmes. Je garde de l’espoir à la jeunesse, de nos jours en dépit des visions pessimistes, de groupes de lecture naissent de jour en jour et aussi des concours sont organisés pour encourager la lecture. Avec le coup de main des autorités du pays, les jeunes auront davantage le goût du livre et ils pourront bien sûr utiliser le livre comme solution à des préoccupations.
Vous défendez Yambo OUOLOGUEM, prix Renaudot de littérature en 1968, accusé de plagiat, qu’est-ce que cela vous a fait en tant qu’homme de lettres ?
En tant qu’homme de lettres, l’accusation de Yambo d’avoir plagié me met mal à l’aise, car une œuvre littéraire a beau existé, aura toujours une relation avec une ou plusieurs autres ouvres. D’ailleurs, compte tenu de cela, il y a la notion de l’intertextualité dans la littérature.
Selon vous la parole est une arme efficace dont il faut savoir l’utiliser, les sages africains vous inspirent-ils en cela ?
Oui, les sages africains m’inspirent en cela parce qu’ils ont collé le sacré à la parole. Ils la prenaient tel un couteau à double tranchant, un côté qui peut faire du bien et un côté qui peut faire du mal pour toujours.
Vous pleurez pour notre ère : la justice, l’éducation, la religion dans le texte. Je pleure, vous déplorez la gestion du pays, je vous comprends bien ?
Pour aller très vite, je déplore la gestion du pays du moment où l’éducation n’est pas prise avec les deux mains dans un monde où on parle de la mondialisation.
Vous adressez une lettre à la Libye, une lettre de cri de coeur, vous vous souvenez de Mouhamard Kadhafi en écrivant ce poème ?
Le poème interpelant la Libye a été inspiré dune situation de l’esclavage dans ce pays d’Afrique. Les victimes étaient des Africains, donc face à cette situation j’ai jugé nécessaire décrire un texte pour manifester mon mécontentement. En écrivant ce texte, je me rappelais bien de Kadhafi, d’ailleurs d’une part je montre de quoi sa mort a engendré, car de son vivant il combattait pour l’unité africaine.
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
J’ai d’autres projets d’écriture, si tout va bien je continuerai à écrire et à murir ma plume en embrassant d’autres genres.
Interview réalisée par Moriba DIAWARA

Djibril Coulibaly

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