Adoubé par son parti, l’Union pour le progrès et le changement, il affrontera en novembre l’actuel président Roch Marc Christian Kaboré.
Le chef de file de l’opposition burkinabée Zéphirin Diabré a été investi samedi 25 juillet à Ouagadougou par son parti, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), candidat à l’élection présidentielle de novembre, promettant un « vrai changement ». « Les militants de l’UPC réuni en congrès extraordinaire ont procédé à la désignation du candidat Zephirin Diabré à la présidentielle », a déclaré le vice-président du parti Denis Yaméogo, lisant le procès-verbal, après un vote par acclamation des 5 000 militants rassemblés au palais des sports de Ouagadougou.
« Je jure solennellement ici et maintenant de m’investir en votre nom, corps et âme, dans ce combat pour la renaissance du Burkina Faso », a déclaré M. Diabré, 61 ans, qui se présente pour la deuxième fois à la magistrature suprême. A l’élection présidentielle de 2015, il était arrivé deuxième avec 29,65% des voix, battu par l’actuel président Roch Marc Christian Kaboré.
Ce dernier se représente pour un deuxième mandat, alors que le Burkina Faso a progressivement sombré dans les violences djihadistes, entremêlées à des conflits intercommunautaires, qui ont fait depuis 2015 au moins 1 100 morts et contraint près d’un million de personnes à fuir leurs foyers dans ce pays pauvre d’Afrique de l’ouest.
Ancien baron du régime Compaoré
Autrefois havre de paix, le « pays des hommes intègres » est devenu en cinq ans une zone rouge où les attaques djihadistes sont quasi quotidiennes, et des pans entiers du territoire désormais inaccessibles. « Il y a cinq ans, les Burkinabés ont commis la grave erreur de confier leur destinée au MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, actuel parti au pouvoir) et à ses alliés », a déclaré M. Diabré. « Ce pays a besoin plus que jamais d’un nouveau départ, d’un nouveau souffle, d’une nouvelle vision », a martelé l’opposant.
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Comme beaucoup de leaders politiques burkinabés, dont l’actuel président Roch Kaboré, Zéphirin Diabré a été un baron du régime de Blaise Compaoré (1987-2014). Consultant dans le domaine de l’énergie et des mines après ses études, il devient ministre du commerce, de l’industrie et des mines de 1992 à 1994, puis de l’économie et des finances jusqu’en 1996. Il prendra brièvement la présidence du Conseil économique et social en 1996-1997.
Sa carrière prend ensuite un tour international: cet économiste formé en France à l’Ecole supérieure de commerce de Bordeaux devient directeur général adjoint du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), à New York, de 1999 à 2006, avant de passer dans le secteur privé, comme directeur Afrique et Moyen-Orient du groupe minier français Areva (2006-2011).
« Sauver le pays des affres de la désolation »
C’est alors qu’il effectue son retour sur la scène politique burkinabée, en fondant en 2011 l’Union pour le progrès et le changement (UPC), un parti d’opposition au régime Compaoré. Il obtient 19 députés aux législatives de 2012 et est depuis lors le chef de file de l’opposition. Il jouera un rôle de premier plan lors de la chute de Compaoré.
Samedi, la porte-parole de l’union des femmes du parti, Jacqueline Konaté, a appelé M. Diabré à « sauver le pays des affres de la désolation », l’estimant seul à même « d’unir tous les Burkinabé ». Sa candidature est soutenue par « Génération Zeph 2020 », un mouvement regroupant une centaine de partis politiques et associations, ainsi que plusieurs coalitions de partis. L’opposition part cependant divisée au scrutin présidentiel, ce qui fait le jeu du président Kaboré, selon les analystes, malgré son bilan catastrophique face aux violences djihadistes.
Parmi les autres candidats pressentis à la présidentielle figurent de nombreux autres anciens du régime Compaoré: l’ex-premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo, Gilbert Noël Ouédraogo, dirigeant d’un parti anciennement allié à Compaoré, ou encore Eddie Komboïgo, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ex-parti de Compaoré. Les autres postulants de poids sont Tahirou Barry, un ministre démissionnaire du premier gouvernement de Kaboré, et le juriste Abdoulaye Soma.
Le Monde avec AFP