La journée de manifestation contre la présence des forces françaises au Mali n’a pas répondu aux attentes des manifestants. Car des coups de gaz lacrymogènes ont eu raison sur des dizaines de personnes ce 20 janvier 2021 à la place de l’indépendance.
Comme annoncé sur les réseaux sociaux, cette journée de manifestation promettait une énorme foule ce mercredi 20 janvier au pied du monument de l’indépendance. Mais elle aura déçu plus d’un Malien e de surcroit, les manifestants, les activistes panafricanistes qui étaient présents spécialement pour la circonstance dans notre pays. Il s’agit de Kémy Séba, activiste franco-béninois, de Sékou Tounkara, politologue venu spécialement des États-Unis en compagnie de certains membres de la société civile, du Conseil national de transition (CNT), dont faisait partie Ben Le Serveau. Mais que dire de la posture de cette journée du 20 janvier ? Une sortie ou un rassemblement qui a, sans l’ombre d’un doute, échoué à sa juste valeur. Les forces de l’ordre ce jour-là s’étaient lourdement positionnées à tous les flancs de ce grand boulevard du peuple pour interdire ou disperser les manifestants venus pour la raison que nous connaissons tous. En effet, au moment où ces opposants à la présence française se disloquaient, les mots du président français Emmanuel Macron résonnaient à Brest, annonçant que la France se prépare à “ajuster” son effort militaire au Sahel, perçu comme préfigurant une diminution des effectifs de Barkhane. Et plus encore, le président de la transition Bah Dao à l’occasion du 60ème anniversaire de l’armée malienne, dans son discours à la nation mardi soir à la télévision nationale, a dit ceci : « Je voudrais renouveler la gratitude de notre pays envers la communauté internationale dont les armées sont à nos côtés et dont les soldats risquent leur vie pour la libération de notre pays », a-t-il précisé. Une manière pour lui de dissuader les manifestants à renoncer au départ des troupes françaises présentes sur notre sol depuis plusieurs années. Mais force est de croire que le peuple, pardon une partie du peuple, serait en déphasage avec l’idéologie ou la volonté des nouvelles autorités de la transition, dont Bah Dao et colonel Assimi Goïta en sont responsables, pour le Mali. La présence des forces étrangères sur le sol malien, en particulier celles des forces françaises Barkhane, qui y œuvre depuis 2013, est mal perçue par de nombreux maliens, déçus et écœurés des attaques meurtrières au Centre durant ces dernières années. Mais, face à cette minuscule volonté d’une partie du peuple, on dira que le tintamarre des avertisseurs aura été entendu deçà delà. Les avertisseurs? Est-ce les manifestants ou les forces de l’ordre ? En tous les cas, entre les deux, une collision serait désastreuse pour eux, et pour bien sûr l’avenir de notre chère et adorable nation, Le Mali.
Moriba DIAWARA