Mahmoudou Sory Samassékou est désormais le nouveau chef coutumier des forgerons de la ville de Mopti. Il remplace Feu Bailo Kaka Samassékou. Notre blogueur a suivi la cérémonie d’intronisation.
La cérémonie d’intronisation a rassemblé les autorités politiques, religieuses et coutumières de la « Venise malienne », le 15 juin 2020 dernier. Les représentants des sept familles fondatrices de Sangha, actuelle Mopti, étaient de la fête. Il s’agit, par ordre de préséance, des Samassékou, Konipo, Nienta et Tapo suivies des familles Kantao, Kondo, Naciré et Traoré.
Les familles Djénépo, Sabé et Konta étaient également de la partie. Les Konaké et Touré complètent le tableau des invités d’honneur venus perpétuer le culte dans la grande force. Mopti est une ville moderne, mais très attachée à la conservation, à la sauvegarde et à la protection de ses murs, us et coutumes.
« Passation de pouvoir »
Le rituel s’est déroulé dans la grande forge, encore appelée « Mbaila Mawdo », en peul, la langue populaire à Mopti. Vêtu d’un grand boubou blanc, coiffé d’un chapeau à trois gouttières, le sexagénaire, Mahmoudou Sory Samassékou a été installé en rappelant les principes des sacrements de la forge.
Conformément à la tradition, c’est à la lignée des Konipo, descendants du marabout, Alpha Nouhoum Tino, de remettre solennellement au nouveau patriarche des forgerons la barre de fer symbolique. Cette passation de pouvoir est exclusivement réservée aux descendants de Tigue Bailo et Ngamara, les pères fondateurs des familles Samassékou de Mopti.
Médiateur et pacificateur
Grand maître du feu et des métaux, garant et dépositaire des secrets mystiques et des significations cosmogoniques liées à l’art de la manipulation des quatre éléments de la nature, le nouveau chef coutumier joue un rôle important dans la célébration des cérémonies de mariage, baptême, funérailles et sacrifices rituels. Il joue également le rôle de médiateur et de pacificateur dans la résolution de conflits locaux.
Le nouveau chef forgeron pourrait également être un maillon essentiel dans la réconciliation entre les communautés dans le centre. Son statut social lui confère toute impartialité et lui sert de trait d’union pour sceller la cohésion sociale.
Boulabass Samassékou, orfèvre de son état, s’est dit fier d’avoir assisté à ce rituel. « Ce n’est pas pour rien que le forgeron est vénéré dans la société. Chaque homme issu de notre société possède une marque indélébile du forgeron sur son corps, témoin de son identité culturelle et gage de sa virilité. C’est également à la forge que tous les outils nécessaires à l’homme sont faits. C’est pourquoi je m’estime chanceux d’être né dans une famille de forgeron. »
Le nouveau chef coutumier occupe le 17e rang du tableau des chefs des forgerons qui se sont respectivement succédé depuis des siècles pour un mandat qui dure tout une vie au service de toute la communauté.
Assetou Cissé