L’origine de cette terrible déflagration dans le port de la ville est pour l’instant inconnue. Elle a ravagé rues et bâtiments et a été entendue à des centaines de kilomètres.
Une très violente double explosion a secoué mardi 4 août, vers 17 h 10 (18 h 10, heure locale), le port de la capitale libanaise, Beyrouth, ravageant une grande partie de la ville et faisant au moins 50 morts et 2 750 blessés, selon une estimation, qui pourrait s’alourdir, du ministre de la santé libanais.
La cause de cette explosion est pour l’instant inconnue, mais un haut responsable de la sécurité a évoqué sur les télévisions locales la piste de « matières très explosives » sur le site de l’explosion. « Les services concernés mènent l’enquête, ils diront quelle est la nature de l’incident », a-t-il ajouté.
Selon de très nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux, un incendie était déjà en cours dans des bâtiments sur les quais du port de Beyrouth quand une explosion a provoqué un souffle massif et une très haute colonne de fumée dans le ciel. Les vitres des immeubles et des magasins ont volé en éclats à des kilomètres à la ronde.
« C’est une catastrophe dans tous les sens du terme », a déploré le ministre de la Santé, Hamad Hassan, interrogé par plusieurs télévisions alors qu’il visitait un hôpital de la capitale. « Les hôpitaux de la capitale sont tous pleins de blessés », a-t-il souligné, appelant à transporter les autres blessés vers des établissements de la banlieue.
Des blessés sous les décombres, ruée sur les hôpitaux
Selon des témoins, les déflagrations ont été entendues jusqu’à la ville côtière de Larnaca, à Chypre, distante d’un peu plus de 200 km des côtes libanaises. Les médias locaux ont diffusé des images de personnes coincées sous des décombres, certaines couvertes de sang. Des témoins ont raconté avoir vu dans le secteur du port des dizaines de blessés à terre.
Rapidement, cette zone a été bouclée par les forces de sécurité, qui ne laissent passer que la défense civile, le ballet des ambulances aux sirènes hurlantes et les camions des pompiers. Il a été interdit aux journalistes d’accéder à la zone, a constaté un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP). Aux abords du quartier du port, les dommages et les destructions sont considérables. Dans le port, un navire en flammes faisait craindre une explosion de son réservoir de carburant.
Un soldat libanais sur les lieux de l’explosion, dans le port de Beyrouth, mardi 4 août. (AFP)
A la suite de la double explosion, de nombreux habitants blessés marchent en direction des hôpitaux, ces derniers ont été rapidement submergés, selon des témoins. Dans le quartier d’Achrafieh, des blessés se ruent vers l’Hôtel-Dieu, et devant le centre médical Clémenceau, des dizaines de blessés, dont des enfants, parfois couverts de sang, attendent d’être admis. La Croix-Rouge libanaise a appelé sur Twitter les habitants à donner de toute urgence leur sang dans n’importe quel endroit du pays.
« J’étais chez moi lorsque le souffle de l’explosion a tout emporté, raconte au Monde George Haddad, 29 ans, directeur de l’ONG Aleph. Le plafond de mon appartement s’est effondré, et avant même de me rendre compte de ce qu’il se passait, j’étais en sang, blessé à la tête. » Il était dans le quartier d’Achrafieh, proche du lieu de l’explosion. « Immédiatement, on entendait le bruit des alarmes de voiture, les hurlements des gens, des pleurs, des pas pressés sur le verre brisé qui recouvrait le sol des rues et des appartements. Je me suis rendu à l’hôpital de Rizek vers 18 h 30, qui était pris d’assaut. »
Près du port de Beyrouth, à proximité de l’épicentre de l’explosion, mardi 4 août en fin de journée. MOHAMED AZAKIR / REUTERSLe premier ministre appelle à l’aide les « pays amis »
Le premier ministre libanais, Hassan Diab, a lancé « un appel urgent à tous les pays amis et les pays frères qui aiment le Liban à se tenir à ses côtés et à nous aider à panser nos plaies profondes ». S’agissant des causes de l’explosion, le premier ministre a assuré que « les responsables de cette catastrophe devront payer le prix. »
« Ce qui s’est passé aujourd’hui ne passera pas sans que des comptes soient rendus, », a-t-il ajouté lors d’une allocution télévisée mardi soir. Plus tôt, il avait décrété une journée de deuil national mercredi 5 août « pour les victimes de l’explosion du port de Beyrouth ». Mardi soir, le président libanais, Michel Aoun, a convoqué une « réunion urgente » du Conseil supérieur de la Défense.
Israël réfute toute implication
Israël, dans un contexte d’accrochages récents avec le Hezbollah au sud du Liban, a assuré n’avoir « rien à voir avec cet incident », selon un responsable israélien s’exprimant sous le sceau de l’anonymat à l’agence Reuters. Le ministre des affaires étrangères israélien a déclaré à la chaîne de télévision N12 que l’explosion était vraisemblablement imputable à un accident provoqué par un incendie.
D’après les quotidiens israéliens Haaretz et Yediot Aharonot, le gouvernement israélien s’est adressé au gouvernement libanais par le biais de médiateurs internationaux pour offrir à Beyrouth une aide humanitaire et médicale.
Au soir du 4 août, des incendies se poursuivent près du port de Beyrouth, au Liban.
La France a fait savoir, par la voix de son président, Emmanuel Macron, qu’elle se tenait « au côté du Liban ». « Des secours et moyens français sont en cours d’acheminement sur place » a-t-il ajouté sur Twitter. La Maison Blanche a dit suivre avec attention la situation et le département d’Etat américain s’est dit prêt à offrir toute l’aide nécessaire aux Libanais. L’Iran a également exprimé le soutien de son pays au peuple « résilient » du Liban.
Le Liban, déjà miné par la corruption et les difficultés économiques, traverse également une crise financière et de liquidités qui s’est aggravée ces dernières semaines. « On a beau tous être des survivants dans ce pays, on ne peut pas survivre à tout, témoigne au Monde l’écrivaine libanaise Hyam Yared. Et la colère est immense, car le Liban n’en peut plus. Il y a au cours des derniers mois cette nouvelle crise politique qui n’en finit pas, la cherté de la vie qui pousse les gens ordinaires dans la misère et maintenant, symboliquement, la destruction de notre .
Le Monde avec AFP et AP