samedi 23 novembre 2024
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La désobéissance civile : Un défi public assumé par les jeunes du M5-FPR  

« Je soutiens que quiconque enfreint une loi parce que sa conscience la tient pour injuste, puis accepte volontairement une peine de prison afin de soulever la conscience sociale contre cette injustice, affiche en réalité le plus grand respect pour le droit… N’oublions jamais que toutes les actions d’Adolf Hitler en Allemagne étaient “légales”.» -Martin Luther King

 

La désobéissance civile est une première dans notre pays. Mais peu, sont les maliens qui connaissent cette méthode que l’on qualifie d’action non violente – qui déploie différents moyens d’intervention tels le boycott, la grève-occupation, le barrage routier, le blocage d’édifice, sabotage matériel sans mettre en danger autrui.

 

Étant un outil de combat collectif, la désobéissance est une arme très efficace si elle est accompagnée d’une endurance et d’une force mentale. Actuellement, les jeunes du M5-FPR ont appris les leçons de désobéissance dont « Papa Bathily » les a apprises. Depuis le 10 juillet, ils sont en action et nous pouvons dire qu’ils n’ont pas atteint leur objectif qui est de faire démissionner IBK, mais le Palais de Koulouba tremble et IBK est à genou. Pourtant ils n’ont pris ni armes ni engins explosifs.

 

Petite histoire sur la désobéissance civile

La désobéissance civile a vu jour, il y a plus d’un siècle, en Afrique du Sud.  Le 11 septembre 1906 à Johannesburg, Gandhi, un jeune avocat indien formé en Angleterre, invite 3 000 des siens à prêter serment de ne jamais se soumettre à une infâme même au prix de leurs vies.

L’infâme dont il parle est la  « Loi noire»,  un projet de loi de la colonie britannique à l’époque qui  voulait imposer aux ressortissants indiens l’obligation de porter en tout temps un certificat d’identité sous peine de se voir arrêter lors des rafles dans les rues ou de perquisitions à domicile, pour ensuite être déportés.

 

Alors une campagne de résistance s’est mise en route. Malgré la répression la mobilisation est si efficace qu’à peine 511 des 13000 Indiens vivant en Afrique du Sud se soumettent à la loi, qui en 1907 est entrée en vigueur. Néanmoins grâce à cette résistance, les femmes ont été soustraites à la loi. Par la suite, huit  années de lutte intense et l’emprisonnement de milliers d’Indiens, dont l’arrestation à répétition du leader Gandhi, afin que la loi soit abrogée.

 

Mais en réalité, Gandhi lui-même, lors d’un de ses plusieurs séjours en prison, découvrira qu’il n’est pas le premier à initier la désobéissance civile.  Soixante ans auparavant, en 1846, Thoreau, un poète abolitionniste américain, se fait arrêter pour avoir refusé de verser six années d’impôts à un gouvernement qui soutient l’esclavage et mène une guerre contre le Mexique.

En tout cas, Gandhi s’inspire de cette désobéissance civile et l’adoptera. Par la suite elle deviendra sa principale arme dans sa lutte pour l’indépendance de l’Inde.

 

Tout comme Gandhi, aujourd’hui au Mali, en 2020, un siècle après, de nombreux « Ghadi» apparaissent, comme « Ben le Cerveau » ou encore « le commandant Méité » et tant d’autres dans le pays et dans la diaspora. Ces  rebelles, tout en assumant les conséquences, mènent leurs actions à visage découvert, tel caractérisé dans la désobéissance civile. Leur objectif, faire  démissionner du Président de la République. Car, précisons-le, dans une action de désobéissance civile, la fuite est hors de question et les autorités sont invitées à laisser l’infraction se dérouler librement. Néanmoins, elles peuvent la réprimer par des arrestations ou des amendes. Mais IBK et compagnies sont allés plus loin, en envoyant le 10,11,12 juillet la FORSAT, une force d’élite  pour tirer à balle réelle sur les manifestants. L’erreur à ne pas commettre. Puisqu’en réprimant les manifestants qui étaient en ordre de désobéissance civile, les autorités ont non seulement publicisé leurs actions, la preuve ;  la communauté internationale s’en est mêlée pour une sortie de crise, mais pire, la chose s’est amplifiée et a pris un tout autre tournant dès lors qu’il y a eu, mort d’homme. Nous déplorons ainsi plus d’une dizaine de jeunes tués. Faux dilemme !

 

D’ailleurs, dans la constitution malienne nous avons droit à la désobéissance civile.  Il s’agit d’une action citoyenne qui interpelle l’ensemble de la société. À ce titre, le 10 juillet 2020, des maliens « démilitarisés », donc sans armes, qui ne sont ni en quête de profit personnel ni des criminelles et qui n’ont aucune autre motivation si ce n’est de dénoncer la mal gouvernance dans le pays, ont été abattus comme des chiens.  En sortant pour se rendre à leur rassemblement, ils ne pouvaient imaginer à aucun instant que le président, leur président peut les laisser mourir de la sorte. Un carnage inédit qui a fait une vingtaine de morts et plus de 150 blessés, la majorité des victimes étant des jeunes.

Tout compte fait, la  jeunesse malienne incarne aujourd’hui une vision d’un monde meilleur dont elle exige le germe. Avec des actes citoyens par excellence comme la désobéissance civile, le jour viendra où ultimement en toute légalité, leurs droits seront remis en cause, et reconstitués.

Bathily Sadio

Djibril Coulibaly

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