En dépit de la présence pléthorique des forces armées des pays du Sahel et étrangères, le terrorisme n’est toujours pas vaincu. On pourrait même affirmer sans risque de se tromper que le phénomène s’est accentué comme en témoigne le nombre de victimes. Le G5 Sahel qui est la dernière prouesse de la Communauté internationale pour combattre l’hydre terroriste, peine toujours à se frayer véritablement un chemin pour être opérationnel.
Après le sommet de Pau en France tenu le 13 janvier 2020, Emmanuel Macron, le Président de la République française et Pedro Sanchez Président du Gouvernement du Royaume d’Espagne, ont participé aux côtés de leurs homologues du G5 Sahel un sommet pour le suivi de la feuille de route du sommet de Pau. D’importantes recommandations ont été faites et un communiqué final a sanctionné le sommet. Va-t-il être enfin le sommet d’un nouvel espoir dans la lutte contre le terrorisme ?
Le sommet de Nouakchott semble battre tous les records en termes de participation des sommités mondiales. En plus du Président français et du Président du Gouvernement du Royaume d’Espagne, le Sommet a enregistré la participation de : Moussa Faki MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, Madame Louise MUSHIKIWABO, Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Ont également pris part au Sommet, par visioconférence et par vidéo enregistrée Charles MICHEL, Président du Conseil européen, Madame Angela MERKEL, Chancelière de la République Fédérale d’Allemagne, Giuseppe CONTE, Président du Conseil des Ministres de la République Italienne, Antonio GUTERRES, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, comme pour dire que l’insécurité au sahel est une préoccupation majeure mondiale. Ces sommités qui volent au secours des pays sahéliens semblent se soucier de la sécurité et de la stabilité d’une étendue plus vaste que l’Europe et dont la déstabilisation sèmerait le chaos dans le monde. Mohamed Cheick El Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie, Président en exercice du G5 sahel et hôte du sommet, entouré de ses homologues sahéliens comme Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République du Mali, Idriss Deby Itno du Tchad, Mamadou Issoufou du Niger et Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, après avoir fait le point de la mise en œuvre de la feuille de route convenue lors du Sommet de Pau et d’évaluer la situation au Sahel avaient rassuré tous les partenaires de l’engagement sans faille de leurs pays à venir au bout du terrorisme. Le Communiqué final qui a sanctionné le sommet de Nouakchott a mis l’accent sur la mutualisation des efforts et surtout une formation des armées du sahel pour plus d’efficacité et plus de professionnalisme sur le terrain. Les chefs d’Etat sahéliens n’ont pas caché leur souhait de voir la dette extérieure annulée car le tout militaire ne résoudra pas le terrorisme il faut aussi des actions de développement. Voici quelques morceaux choisis dans le communiqué final : « Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont plaidé pour un engagement militaire accru de la Communauté internationale dans la lutte globale contre le terrorisme au Sahel. Ils ont exprimé leur reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté par la France et les Etats-Unis, ainsi que celui de la MINUSMA au bénéfice de la Force conjointe du G5 Sahel. Ils ont salué les perspectives de déploiement des premiers soldats de la Force Takuba à l’été 2020, d’une brigade de la Grande Bretagne en appui à la MINUSMA en 2020, et d’un contingent de 3000 hommes de l’Union africaine. Ils ont, en outre, salué le renouvellement et le renforcement du mandat de la MINUSMA. »….. « Les Chefs d’Etat ont réitéré leur soutien à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Sur le volet sécuritaire, ils se sont félicités de la reprise du processus de Désarmement Démobilisation Réintégration (DDR) et du retour des premières unités des Forces armées maliennes reconstituées (FAMAR) au Nord, qui reste cependant à finaliser à Kidal. Sur les volets politique, institutionnel et de développement, ils ont constaté des progrès notables mais insuffisants, et ont appelé à la poursuite des efforts des différentes parties.
Les Chefs d’Etat ont également salué l’initiative de la CEDEAO d’envoi d’une mission ministérielle au Mali afin de trouver une issue pacifique à la situation préoccupante que traverse le pays. Ils condamnent toute violence et exhortent les parties au dialogue. Par ailleurs, ils encouragent la CEDEAO à poursuivre les efforts en vue d’aboutir à un apaisement social indispensable à la mise en œuvre des réformes et à la lutte contre le terrorisme»
En somme, une nouvelle coalition pour le sahel a vu le jour, donc les populations du Mali, du Burkina Faso, du Tchad, du Niger et de la Mauritanie pourraient espérer voir bientôt le bout du tunnel avec la fin du terrorisme. Le rêve est de voir maintenant des pays du sahel véritablement engagés sur le chemin du progrès. Sinon nos armées à elles seules ne pourront pas combattre, car mal équipées, mal formées donc elles battent toujours de l’aile.
Youssouf Sissoko