La police anti-émeute a une nouvelle fois réprimé brutalement une manifestation au Zimbabwe. Vendredi 26 août, les leaders des principaux partis d’opposition avaient appelé à un rassemblement dans le centre de Harare pour demander une réforme du code électoral à moins de deux ans des élections générales.
A peine les manifestants ont-ils commencé à se rassembler que la police anti-émeute les a dispersés à coup de grenades lacrymogènes et de canons à eau. Selon le leader du principal parti d’opposition, le MDC, une cinquantaine de personnes ont été blessées.
Pour Okay Machisa, responsable de ZimRights, une organisation de défense des droits de l’homme, cette brutalité policière est inacceptable et inquiétante. « Les forces de police se comportent comme si elles étaient une annexe du parti au pouvoir. Les citoyens ont clairement l’impression que la police est là pour protéger les intérêts du parti. C’est vraiment dommage, nous avons besoin de forces de l’ordre qui ne soient pas partisanes. Mais quand on voit comment se comporte la police ces derniers jours, il est évident que nous allons assister à de nouveaux heurts, craint-il. Et alors que nous allons entrer dans une période de campagne électorale, nous sommes très inquiets que ce genre d’incident s’intensifie. Et si la police continue comme ça, nous risquons également de voir l’armée être déployée dans la rue. Il est important que nous recevions de l’aide, que la SADC, par exemple, s’implique et ne laisse pas le Zimbabwe seul face à ces problèmes. Aussi je suis content qu’il y ait bientôt un sommet de la SADC, et nous appelons les leaders de cette organisation régionale à s’assurer que les Zimbabwéens soient protégés. »
Des manifestations quasi hebdomadaires
Dans moins de deux auront lieu les élections générales, et le président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 36 ans, a déjà annoncé son intention de se présenter. Fonctionnaires, chauffeurs de bus, jeunes, société civile, leaders religieux… Depuis le mois de juin, les manifestations se succèdent. L’aggravation de la pauvreté et surtout l’annonce en mai de l’introduction de billets d’obligation ont cristallisé la colère de la population.
Pour Jestina Mukoko, une militante des droits de l’homme, les anti-Mugabe n’ont plus peur de sortir dans la rue. « Dans le passé, la colère était compartimentée. On avait les fermiers blancs, les journalistes, la société civile, les syndicats, tous en colère pour différentes raisons et à différents moments. Mais aujourd’hui, la pauvreté, qui s’est vraiment aggravée, a unifié les Zimbabwéens qui désormais parlent d’une seule voix. Les gens n’ont plus peur de descendre dans la rue. Ils se disent que de toute façon ils sont en train de mourir à petit feu, donc autant sortir et se faire entendre », explique-t-elle.
Une contestation qui a démarré il y a quelques mois avec le lancement du mouvement This Flag du pasteur Evan Mawarire et qui depuis semble avoir fait boule de neige.
Le gouvernement du président Robert Mugabe quant à lui reste défiant. Et accuse ces manifestations d’être sponsorisées par l’Occident.
rfi lecombat.fr