Une véritable tribune de révélations. C’est l’expression qualificative qu’on peut donner à ce grand meeting de sensibilisation contre la corruption, tenu par le collectif des jeunes de Kati le samedi 12 octobre dernier sur la place publique de Malibougou en la présence de l’invité d’honneur, Pr Clément Dembélé. L’objectif principal est de soutenir l’appareil judiciaire dans sa croisade déclenchée pour l’assainissement de l’administration.
Nonobstant une forte pluie qui s’est battue sur la cité garnison le samedi 12 octobre dernier, le premier meeting du collectif des jeunes de Kati contre la corruption, s’est bien déroulé et bien sûr, avec succès. Autorités administratives, coutumières et religieuses, toutes étaient au rendez-vous. Sur les pancartes tenues par les manifestants, les cris de cœur laissaient percevoir une forte désolation des citoyens face à la gestion chaotique du pays: « Stop à la corruption » ou « Soutien total à la justice dans la lutte contre la corruption », « Sans sacrifice, pas de victoire ». Autrement dit ; une manifestation pour réclamer la bonne gouvernance. Et pour réaliser ce rêve d’une Républicaine saine enviée depuis l’Indépendance, un des manifestants, Oumar Diallo, appelle la justice à jouer son rôle régalien: « Je suis très heureux d’assister à ce meeting contre la corruption. Je suis initiateur d’un mouvement contre la corruption dans le tribunal de Kati. Nous avions arrêté un voleur et nous l’avions mis à la disposition de la gendarmerie qui l’a ensuite conduit au tribunal. Le tribunal a libéré le voleur qui après a tiré deux fois sur sa victime sans jugement. La victime a été informée de la situation lorsqu’ il s’y était rendu pour le jugement. Nous avions fait des démarches auprès des autorités coutumières et religieuses sur le sujet. Il y’a deux criminels. Celui qui fait l’acte et aussi celui qui le regarde le faire sans réagir. Nous avions formé une délégation et on a été voir le Procureur. Nous l’avions fait des mises en garde. Que la justice fasse son travail sinon nous retournons dans le mode traditionnel ».
La Marie de Kati bientôt assigné pour 118 millions de franc CFA d’injustifiés
La Maison Central d’arrêt de Bamako Coura recevra probablement de nouveaux arrivants ces prochaines semaines. Considéré par certains comme le poumon économique du pays, le cercle de Kati git dans une précarité sans renom. Pas d’infrastructures ni véritables programmes de développement. L’administration communale dirigée par le Mairie Yoro Wologuem quant à elle est citée dans un détournement de plus de près de cent vingt millions de francs CFA. Le dossier est en cours de transmission au niveau du pôle économique et financier selon le porte-parole du CJKC , Adama Ben Diarra, lors dudit meeting « 118 millions ont été bouffés à la Mairie de Kati en trois ans. J’ai les preuves et le dossier sera transmis au Pôle économique et financier. C’est le moment de la vérité qui va sonner. Il est temps que les tribunaux disent le droit ou que le peuple ferme les tribunaux et qu’on retourne dans les vestibules. C’est ce que Modibo Keita disait. À force d’arranger la situation, on finit par déranger la République. Il faut que l’on mette fin à cette pratique», s’est-il insurgé avant de souligner que le département en charge de la justice est déjà pris en témoin : «Nous avions rencontré le Ministre Malick Coulibaly et on a échangé. Nous devrons échanger aussi sur le tribunal de Kati sur qui on a des dossiers. Le régisseur de la Maison d’arrêt de Kati perçoit illégalement 1000 francs CFA sur chaque visite. Il doit être emprisonné. Les petits voleurs sont en prison alors que les grands voleurs sont dehors. Une véritable lutte contre la corruption se réalise depuis le sommet de l’État. Le Président Ibrahim Boubacar Keita était avec le peuple malien quand il venait au pouvoir, mais six ans après, c’est le divorce total. Si IBK veut lutter contre la corruption, il doit rendre publique la source de la fortune de son fils Karim Keita qui était un revendeur de véhicules. Il est important aussi que les procureurs sachent qu’ils ne sont pas la loi et que nul n’est au-dessus de la loi. Il faut que le peuple se lève contre la mauvaise gouvernance pour que les choses changent. Le moustique ne va jamais confectionner la moustiquaire».
Seydou Konaté, envoyé spécial LE COMBAT