Comme nous le savons tous, la plupart des pays africains sont devenus indépendants à l’aube des années 1960. Pour leurs habitants, c’était plus de liberté, plus de richesses et moins de contraintes. Cela fait donc plus de cinquante ans que nous jouissons d’une relative indépendance.
Mais, à y regarder de plus près, sommes-nous vraiment indépendants ? Les pays africains sont-ils libres de prendre les décisions vitales leur propre bien-être, pour le plein épanouissement des peuples ?
Le constat est amer, certes, mais il s’impose de lui-même car les pays africains sont encore plus dépendants qu’avant les soi-disant indépendances. Pourquoi dites-vous cela, s’insurgeront les plus réfractaires ? Prenons un certain nombre d’exemples pour illustrer notre propos.
Sans vouloir offenser qui que ce soit, beaucoup sinon presque tous les présidents de nos pays sont là parce que « les autres » le veulent bien. Si ce n’était pas le cas, comment expliquer le fait que certains passent des années et des années sur leur « trône » sans coup férir ?
Et quand ils sont fatigués, ils font une passe en or à leur progéniture. A ce que je sache, les pays africains ne sont pas des royaumes dynastiques. Quand bien même les élections ne sont pas transparentes, tant qu’ils font leur affaire, on nous les impose. On se croirait dans un régime féodal où les vassaux ne font qu’obéir aux ordres de leurs puissants rois. Sommes-nous donc indépendants ? La question est loin d’être bête.
Prenons le cas de nos monnaies. Nous n’avons aucun pouvoir sur leur parité. Nous n’avons aucun pouvoir sur leur disponibilité. La Zone franc encore plus que les autres est une vraie prison pour les pays qui en font partie. Quand un pays décide de sortir de cette monnaie ou de se rebeller, c’est tout de suite des menaces d’isolement, de rupture de divers contrats et de réclusion au banc de la communauté internationale. Sommes-nous indépendants si nous ne pouvons pas décider du type de monnaie que nous voulons utiliser ? Si nous ne pouvons pas librement décider nos stratégies de développement ?
Touchons à présent au cas de nos richesses. L’essentiel est exploité par de grandes sociétés étrangères. Les populations locales n’ont que les miettes de ces énormes richesses qui se trouvent pourtant sur et sous nos terres.
L’or du Mali est un cas très parlant. 90 % ou même, avec une petite exagération bien voulue, 99 % de cet or prennent le chemin de l’étranger. Pendant ce temps, nous, pauvre de nous, voyons ces convois transportant nos tonnes de minerais passer sous nos nez pour aller enrichir et nourrir d’autres personnes.
Nous croupissons sous une misère incommensurable, la pauvreté rythme notre quotidien et la famine est notre compagne de tous les jours. Pendant ce temps, nos ressources créent des milliers d’emploi, assurent donc le bien-être, dans d’autres pays. C’est vraiment incompréhensible. Sommes-nous donc indépendants si nous ne pouvons pas décider du sort de nos richesses ? La réponde soit être évidente pour tout le monde.
La gestion de nos territoires est un autre cas très marquant. Quand nos « rois » soutiennent une rébellion, elle peut faire tout ce qu’elle veut dans le pays aussi longtemps qu’elle le veut. On peut observer ce phénomène dans plusieurs pays africains.
Des zones de non-droit où le pouvoir central et même les citoyens ne peuvent se rendre en toute liberté. Quand les autorités se rebiffent et décident d’en découdre avec les occupants illégaux ou les rebelles, une supposée force d’interposition leur barre le chemin pour protéger des personnes qui occupent leurs territoires illégalement au vu et su du monde entier. Un pays qui n’a pas la possibilité de se mouvoir sur son propre sol est-il indépendant ?
Ces divers constats doivent donc nous interpeller et nous faire voir nos « indépendances » d’un œil différent. Il est grand temps pour les pays africains d’ouvrir les yeux, d’oser prendre les bonnes et vraies décisions pour le bien-être de leur population. Il est grand temps de prendre notre destin, notre devenir et notre avenir en main.
Pouvons-nous dire que nous sommes indépendants quand nous obéissons aux ordres d’un autre pays ?
Il est enfin grand temps que nous prenions notre vraie indépendance. Sinon… Tant pis pour nous !
Serges Kooko LE REFLET
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