Au lendemain du renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, les chefs d’État de la CEDEAO ont tenu un sommet extraordinaire par visioconférence consacrée uniquement au Mali. Au cours de celui-ci, les présidents n’étaient pas partants pour les sanctions contre les putschistes. Il y a ceux de la méthode forte et ceux modérés.
Si les Présidents Alpha Condé de la Guinée et Alassane Ouattara de la Cote d’Ivoire visiblement à la recherche d’un troisième mandat dans leurs pays respectifs exigent des sanctions exemplaires contre les putschistes, d’autres à l’instar de Macky Sall du Sénégal et le Burkinabé, Christian Marc Rock Kaboré estime qu’il faut des mesures pour accompagner le Mali qui est en difficulté depuis 2012. Un fait a été très marquant au court de ce sommet par visioconférence. Il s’agit de la réaction du Président Bissau-Guinéen, Umaro Sissoco Embaló.
En effet, le président bissau-guinéen n’a pas hésité à malmener certains de ses pairs ouest-africains au cours des échanges lors de ce sommet. Dans les hautes sphères politiques ouest-africaines, Umaro Sissoco Embaló est décidément un chef d’État à part ou du moins la rupture avec la vieille génération des Présidents de l’espace communautaire. L’échange consacré au coup d’État ayant eu lieu au Mali deux jours plus tôt a montré la fébrilité au sein de la CEDEAO. Pour cause, Umaro Sissoco Embaló de la Guinée-Bissau n’a pas hésité à prendre le contre-pied de certains de ses homologues.
Lors d’un premier tour de prise de parole des chefs d’État alors que Mahamadou Issoufou, président en exercice de la CEDEAO, rappelait la nécessité de condamner le coup d’État et qu’Alassane Ouattara et Alpha Condé affichaient leur soutien à Ibrahim Boubacar Keïta, qu’ils espèrent toujours réinstaller à la présidence malienne par « tous les moyens », selon l’ivoirien. Quelle ne fut pas leur surprise quand Sissoco Embaló a jeté un froid lors de cette assemblée virtuelle des chefs d’État.
Toutefois, si le président bissau-guinéen s’est déclaré favorable à la condamnation du coup d’État au Mali, il a ajouté que la CEDEAO devrait adopter la même attitude pour « tous les coups d’État ». Et d’ajouter que, selon lui, « les troisièmes mandats » étaient également des coups d’État. Des propos qui ont jeté le froid sur les échanges laissant le Nigérian, Mahamadou Buhari s’éclater de rire quand Alpha Condé et Alassane Ouatara visiblement très remontés contre le jeune Président.
Selon des informations, Alassane aurait tenté de calmer le jeu en appelant le président Umaro Sissoco Embaló, « mon fiston », ce que ce dernier a rejeté lui faisant comprendre qu’ils étaient tous des présidents et il faut échanger sur les questions réelles.
En réalité, le forcing des deux Présidents limitrophes se comprend dans la mesure où, le projet d’un troisième mandat les unit. Et craignant un même sort comme celui d’IBK, il faut tout mettre en œuvre pour dissuader ceux qui en ont un projet pareil dans l’espace CEDEAO sous-entendu que lui et son homologue guinéen sont assis sur des poudrières.
Bourama Kéita