jeudi 28 mars 2024
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DEMOCRATIE EN AFRIQUE: Le défi de l’alternance sans effusion de sang

L’alternance est théoriquement en marche au Niger où le président Mahamadou Issoufou ne n’est pas disposé à violer la constitution briguant un 3e mandat. Une mégalomanie qui avait déjà poussé Mamadou Tandia par la petite porte de l’histoire politique de son pays. Pour rassurer la classe politique et les partenaires de son pays, il a officialisé sa position en investissant son ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum, comme candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), à la présidentielle de 2021. Une bonne pratique qui déroge à la tradition démocratie en Afrique où nous sommes habitués à voir les dirigeants prêts à tout pour s’accrocher au pouvoir. A l’image du président Abdelaziz Bouteflika contraint à la démission par la rue alors qu’il voulait briquer le mandat de trop, le 5e !

Le président nigérien Mahamadou Issoufou vient de donner une leçon de démocratie à tous ses homologues chefs d’Etat africains. En effet, après avoir brigué deux mandats successifs, il a décidé de respecter la Constitution nigérienne sur la limitation des nombres de mandat. Ainsi, l’actuel ministre de l’Intérieur du Niger, Mohamed Bazoum a été investi le 31 mars 2019 à Niamey comme candidat à la présidentielle de 2021 du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) au pouvoir.
Ce choix, à deux ans de la fin de son mandat, est sage et judicieux. Ne serait-ce que pour éviter les guerres de clans au sein de sa propre chapelle qui peuvent être des handicaps non seulement dans l’exécution de son projet de société, mais aussi dans la conquête du pouvoir. Aujourd’hui, les dés sont jetés et tout son parti a intérêt à se mobiliser derrière Mohamed Bazoum pour espérer conserver les rennes du pays.
C’est aussi un message fort que Mahamadou Issoufou envoie à toute l’Afrique où l’alternance est tant crainte par les tenants du pouvoir. A l’image d’Abdelaziz Bouteflika empêché par la rue de briguer un 5e mandat alors qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. La limpidité du discours des manifestants algériens n’a laissé aucune issue au chef de l’Etat et à son entourage que de céder les rennes du pouvoir !
Certes, la démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika va inspirer les contestataires dans la région (c’est déjà le cas au Mali où l’Imam Mahmoud Dicko promet d’organiser un meeting tous les vendredis jusqu’à la démission du Premier ministre), mais il est «improbable» qu’elle ait un effet domino comme celui de la révolution tunisienne en 2011 qui avait engendré le «Printemps arabe».
En tout cas le respect de la constitution est la pierre angulaire de la consolidation d’une démocratie. Et comme le défendait récemment Jean-Baptiste Placca (chroniqueur à Radio France Internationale), «c’est à la capacité de nos dirigeants à savoir partir, que l’on distingue, finalement, ceux qui ont gouverné pour servir, de ceux pour qui le pouvoir n’aura été, essentiellement, qu’un fonds de commerce, dont ils ont tellement jouit qu’ils ne peuvent plus s’en passer».
Et d’ajouter, «vous gagnez des élections pour exercer un mandat. Si votre peuple vous en accorde un second, vous le conduisez jusqu’au bout, et vous rendez votre tablier, sans faire comme si le pouvoir politique était un bien familial et que l’on ne supporte pas de devoir transmettre à quelqu’un d’autre que ses propres descendants». Et l’actuel président du Niger vient de s’illustrer sur cette noble voie de l’alternance.
Et du coup il évite au Niger, un pays déjà éprouvé par la lutte contre le terrorisme car pris en tenaille entre les réseaux sahéliens et Boko Haram, des soubresauts dont il n’a aucunement besoin aujourd’hui. En investissant son dauphin, il montre une volonté sincère de préparer le pays à une succession harmonieuse. A conditions bien sûr que la présidentielle de 2021 soit organisées dans la plus grande transparence et que personne ne soit empêchée (comme Hama Amadou chaque fois écarté pour laissé le champ libre à Issoufou) pour des raisons politiques.
Investi à deux ans de cette échéance électorale, Mohamed Bazoum a suffisamment du temps pour peaufiner un projet de société attractif car reflétant les aspirations du peuple nigérien. Cela lui offre l’opportunité de descendre à la base pour discuter avec son peuple ; écouter ses préoccupations, des aspirations et ses conseils pour les traduire en politique de développement. C’est à cela qu’il peut faire la différence en nouant aussi des alliances solides et crédibles pour conduire le PNDS-Tarayya à sa victoire en 2021 !
Moussa Bolly LE MATIN

Djibril Coulibaly

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