Les jours passent, mais les réalités quotidiennes au Mali sont autres. La crise s’enlise dans une sournoise semblant de solution inadaptée. Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) garde sa position initiale dans ses exigences contre le pouvoir du président Ibrahim Boubacar Kéita.
Dans l’interview accordéeà la chaîne radiophonique allemande Deutsche Welle, le Premier ministre Dr Boubou Cissé ne se voit pas être un autre problème ou même un véritable blocage à la sortie de crise qui plonge le pays depuis le mois de juin.
En effet, le Premier Ministre croit fermement en une sortie de crise du Mali dans « les délais les meilleurs ». Il dit que le Mouvement du 5 juin a évolué dans ses revendications. « Ce qui était demandé concernant le départ du président de la République n’est plus d’actualité aujourd’hui », dit-il ajoutant que l’autorité morale du M5 s’est prononcée et que la CEDEAO a été très claire ; « la ligne qui avait été tracée » par celle-ci.
Dr Boubou Cissé qui dit avoir rencontré l’Imam Dicko « pour lui parler avec lui, de l’esprit qui a été derrière la mise en place de l’exécutif restreint qui venait de se mettre en place la veille »,ne reconnait plus l’influent Imam qui leur donne du tournis.
« J’ai trouvé un homme ouvert, évidemment, à ce que le dialogue se fasse entre les différents acteurs, entre les enfants du Mali et un homme qui souhaiterait qu’on arrive, le plus rapidement possible, à une solution de sortie de crise et à un retour à la normalité. Il nous a parlé aussi d’un certain nombre de contraintes qui existent du côté du M5 et de son côté aussi, sur lesquelles il va falloir que nous travaillions. Évidemment, la question de ceux qui sont tombés malheureusement devant chez lui ou sa mosquée a été discutée », affirme-t-il en rassurant que les dispositions sont en train d’être prises pour situer « les responsabilités ». Bref, rassure le Premier Ministre que « toutes les diligences seront prises pour situer les responsabilités et suivront les sanctions par la suite ».
Cependant, les dispositions relatives à sa démission ne sont pas à l’ordre du jour alors que l’imam lui aurait demandé de démissionner. Car en tout état de cause, il fait partie désormais des problèmes et non la solution. Si Boubou Cissé avait la capacité de faire changer les choses, la chance qu’on lui a donnée depuis plus d’un an allait montrer d’autres signaux que ceux que l’on voit aujourd’hui. D’ailleurs, il n’est pas prêt à quitter le plancher et c’est l’une des preuves de l’échec.
À la question de savoir si l’Imam l’avait demandé de démissionner ; il a répondu par l’affirmatif. « Oui, l’imam m’a parlé de cela. Mais ma démission n’est pas à l’ordre du jour. Le président de la République est celui qui a cette prérogative-là, de nommer son Premier ministre et, éventuellement, de le faire démissionner s’il n’est pas satisfait. Il est le seul à pouvoir le faire. Pour l’instant, il ne m’a pas montré cela – au contraire », a-t-il expliqué.
Cependant, ce que l’on ne comprend pas dans cette démarche paradoxale du Premier ministre, c’est qu’IBK qui a la prérogative de lui démettre l’envoie consulter l’Imam qui demande sa démission.
S’il revient au Président de lui dire de démissionner, alors pourquoi consulter Dicko et même l’expliquer les raisons de la formation du gouvernement de 6 membres ?
En clair, le Premier ministre doit comprendre que selon le M5 et l’Imam Dicko, Boubou Cissé n’est pas la personne indiquée pour diriger ce gouvernement d’union. Au lieu de continuer à se balader à la recherche d’un consensus auprès des acteurs qu’il ne trouvera nullement pas, il ferait mieux, et même serait reconnu à la nation tout entière en démissionnant tout simplement de la Primature. Sinon, voulant en l’absence du M5 former un gouvernement serait une gageure.
Bourama Kéïta