«Une fin de campagne mitigée dans le Sahel avec en perspective une soudure pastorale précoce et très difficile dans la zone pastorale de Mauritanie, du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad».
Les rideaux sont tombés hier sur les travaux de la concertation technique régionale sur les bilans céréaliers et alimentaires ex post 2016- 2017 et prévisionnels 2017-2018, tenue à Bamako, du 27 au 29 novembre. Après 72 heures d’échanges, les Experts des pays membres du CILLS, de la CEDEAO et de l’UEMOA ont dressé un certain nombre de constats. En effet, notons que :
Sur le plan pluviométrique
Sur ce plan, les cumuls saisonniers ont été globalement normaux à excédentaires. Mais, la mauvaise répartition et l’arrêt précoce des pluies ont affecté par endroits des cultures et la production de biomasse au Tchad, au Niger, au Burkina Faso, au Sénégal, en Mauritanie et en Gambie.
Sur le plan hydraulique
Là, les écoulements sont déficitaires par endroits et excédentaires sur notamment le Bassin du Lac Tchad. Selon les Experts, la situation phytosanitaire a été globalement calme ; mais, les attaques de la chenille légionnaire sur le maïs ont été signalées dans plusieurs pays avec des effets limités grâce à la pluie.
Sur le plan agricole
Sur ce plan, le niveau de satisfaction des besoins en eau pour les cultures a été globalement bon durant la saison sauf dans certaines zones des pays du Sahel où les cultures ont souffert des stress hydriques liés aux séquences sèches et à l’arrêt précoce des pluies.
Ainsi, les productions céréalières attendues sont estimées à 68,3 millions de tonnes ; soit une hausse de 4% par rapport à la campagne 2016- 2017 et de 13% comparée à la moyenne des cinq dernières années. Toutefois, des baisses significatives comparées à l’année passée et à la moyenne quinquennale sont enregistrées au Cap Vert (-99,9% et -5,1%), en Mauritanie (-5,1% et -12,48%) et en Gambie (-27 et -38%).
Pour les tubercules avec 182,4 millions de tonnes, les productions sont en hausse de 14,9% et 18% respectivement par rapport à l’année dernière et à la moyenne quinquennale. Il en est de même pour les productions des cultures de rente avec 8,3 millions de tonnes pour l’arachide et 7,7 millions pour le niébé ; exception faite de la production du Voandzou qui, avec 145 mille tonnes, est en baisse légère de 4 et 6% respectivement par rapport à l’année dernière et à la moyenne des cinq dernières années.
Menace sur le cheptel
Selon les constats, la situation pastorale est très préoccupante. En raison des mauvaises conditions d’installation de la végétation et aux pauses pluviométriques enregistrées, les productions fourragères restent très faibles et quasi inexistantes dans les grands centres d’élevage en Mauritanie, au Nord Sénégal, au Sahel Burkinabé, à l’extrême Nord-est du Tchad, à l’Est du Niger et par endroits au Mali. «Cette situation a déjà occasionné des départs importants des éleveurs avec leurs troupeaux vers les zones d’accueil avec des risques de conflits. Cela laisse présager une période de soudure très précoce et des conditions très difficiles d’alimentation du bétail dans ces zones».
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT