«Pas de referendum dans les Régions non opérationnelles. Nous ne prendrons part à aucune élection y compris le référendum avant l’opérationnalisation de nos Régions ». C’est la teneur de la résolution du meeting des neuf Régions non opérationnelles tenu le week-end dernier, à Dioïla, le fief du 1er Questeur de l’Assemblée Nationale, Mamadou Diarrassouba, Baron du RPM au pouvoir. A savoir Nioro, Kita, Dioïla, Nara, Bougouni, Koutiala, San, Douentza et Bandiagara. Pourrait-on dire qu’il y a de quoi à avoir peur ?
Décidément, les choses s’embrouillent davantage à propos du projet de loi portant révision de la Constitution de 1992. Alors que le régime prétend l’avoir initié pour honorer les engagements du Mali pris vis-à-vis de la Communauté dans le cadre de l’Accord d’Alger et au niveau des organisations sous-régionales (comme l’UEMOA), des localités du pays, presque toutes situés dans le Sud du pays, haussent à leur tour le ton contre la politique de deux poids deux mesures du pouvoir en place. Sans ambages, elles conditionnent la tenue du référendum tout comme d’autres élections générales en vue dans leurs circonscriptions à la fonctionnalisation de leurs Régions comme ce fut le cas pour les deux nouvelles deux Régions du Nord du Mali (Taoudénit et Ménaka).
En effet, à travers la loi N°l17 du 2 mars 2012, le Mali a créé 11 nouvelles Régions sur son territoire national. Ce sont : Nioro, Kita, Dioïla, Nara, Bougouni, Koutiala, San, Douentza, Bandiagara, Taoudénit et Ménaka. Contrairement à celles du Sud, Taoudénit et Ménaka sont rendues opérationnelles. Depuis lors, aucune décision n’est prise par l’Etat pour les neuf autres. Comme pour signifier qu’il s’agit de prioriser le Nord au détriment du Sud.
Pour ce faire, les Régions non opérationnelles n’entendent pas se laisser faire. Elles se sont regroupées dans une organisation dénommée « Collectif des Régions non opérationnelles » (CRNOP).
Tout pour l’opérationnalisation des neuf Régions !
C’est dans le souci de l’opérationnalisation des Régions de Nioro, Kita, Dioïla, Nara, Bougouni, Koutiala, San, Douentza et Bandiagara que le collectif mène plusieurs activités. Il s’agit d’organiser des Assemblées Générales d’information et de sensibilisation comme celle au Stade Sakoro Mery Diakité de Bougouni, le 25 février 2017, qui a été sanctionnée par une déclaration dite déclaration de Bougouni adressée au Gouvernement.
Dans cette déclaration, les participants annoncent fermement que «les populations desdites Régions ne participeront pas aux élections prochaines».
Une autre rencontre similaire a eu lieu à Kita, le 25 mars 2017, assortie d’une Lettre adressée au Président de la République; suivie d’une Assemblée Générale à Nioro du Sahel, le 29 avril 2017, sous les auspices du Cherif Mohamed Ould Cheickna Hamaoullah, invitant le Gouvernement à faire sienne l’opérationnalisation des Régions ci-dessus citées. Une marche pacifique s’est déroulée à Koutiala, le 20 mai 2017, avec le même slogan.
C’est dans cette même logique que les Délégués des 9 Régions ont tenu un meeting à Dioïla, chef-lieu de la nouvelle Région du même nom. Le mot d’ordre de cette unième rencontre est : «Nous ne prendrons part à aucune des élections prévues par le Gouvernement même celle référendaire avant l’opérationnalisation de nos Régions». La rencontre était placée sous l’égide conjointe du Président du CRNOP, du Maire de Dioïla-Kaladougou et du Président du Conseil du cercle.
Le meeting déroulé à Dioïla, le 9 juillet dernier, avait pour but de réaffirmer les déclarations précédentes depuis Bougouni, Kita, Nioro et Koutiala, tout en sollicitant auprès du Président de la République de bien vouloir accepter de tout mettre en œuvre pour l’opérationnaliser desdites Régions.
Toutes ces étapes ont été marquées par la remise d’une déclaration et des recommandations du CRNOP aux autorités administratives locales pour transmission à la hiérarchie qui demeurent sans suite. Toujours, dans cette dynamique de réclamation de droit, le CRNOP a répondu au Ministre de l’Administration Territoriale qui lui signifie que le Gouvernement manque de moyens pour rendre opérationnelle toutes les Régions créées par la loi N°017 du 2 mars 2012. Le CRNOP souhaite s’impliquer davantage pour faciliter l’installation des autorités dans le cadre de l’opérationnalisation de leurs Régions. Cette volonté du CRNOP a été appuyée par le Maire de la Commune urbaine de Dioïla. « Nous avons juste besoin de la nomination du Gouverneur, du Directeur régional de l’Urbanisme, du Directeur régional des impôts, du Directeur régional du Budget et nous prenons l’engagement qu’ils ne manqueront pas de logements encore moins de bâtiments pour leurs services. Nous sommes prêts à mettre notre mairie à la disposition d’un service parce que nous savons combien de fois il est aujourd’hui important que nous soyons une Région opérationnelle», s’est engagé Yacouba Mariko, Maire de Dioïla-Kaladougou.
Rappelons que toutes les sensibilités de la nouvelle Région de Dioïla se sont fortement impliquées pour que la rencontre soit une réussite.
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