vendredi 29 mars 2024
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REQUISITION DU GOUVERNEMENT CONTRE NIET DES MAGISTRATS : Quand l’Exécutif et le Judiciaire s’affrontent Décidément, le Mali est loin de sortir de l’auberge, et à chaque jour suffit sa peine. Après plus de 70

jours d’arrêt de travail des hommes en robes noire et rouge, nous voici entrés dans une nouvelle phase, dans la guerre qui oppose l’Exécutif et le Judiciaire, celle de la réquisition que le gouvernement entend mettre en œuvre pour obliger les magistrats à reprendre service. Comme une réponse du berger à la bergère, c’est un niet suivi de la menace de poursuite contre les responsables de cet acte, que les magistrats brandissent. Face au durcissement de positions des deux protagonistes, que va-t-il se passer ?
C’est par une déclaration lue le 9 octobre 2018 sur les antennes de l’ORTM par Mme la Ministre en charge de la Fonction publique, que le gouvernement a informé l’opinion publique de la prise d’un décret de réquisition des magistrats. Cela après l’avis de la Cour Suprême jugeant leur grève illégale. Cette déclaration a aussitôt provoqué l’ire des magistrats et même de certains hommes de droit qui ont crié au complot et juré de le faire échouer. En Assemblée Générale extraordinaire sur la déclaration du Gouvernement, les responsables du SAM et SYLIMA ont d’abord relevé certaines irrégularités et contre-vérités. Parmi elles, il y a l’avis de la Cour Suprême demandé par le PM. Cette saisie est illégale, car seul le Président de la République est habilité à le faire. Autre irrégularité, c’est l’usage fait par le gouvernement du droit de réquisition. Pour les syndicalistes, les décrets d’application n’ont pas été pris. Ils disent ne pas savoir qui doit être réquisitionné. Comme contre-vérités relevées par les responsables syndicaux, il y a cette affirmation du gouvernement qui dit que les magistrats ont observé la grève illimitée sans préavis. Faux ! rétorquent les responsables du SAM et SYLIMA qui disent avoir bien mentionné dans leur préavis, qu’en cas de désaccord, ils observeront une grève illimitée. Comme actions à court terme, ils entendent poursuivre le président de la Cour Suprême aux fins de le récuser pour forfaiture.
S’agissant de l’usage que le gouvernement entend faire de la réquisition, ils disent s’y opposer car elle est illégale. Et, pour ne rien arranger, les magistrats demandent le départ du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga, de Tiénan Coulibaly, ministre de la Justice garde des Sceaux, de Mme Diarra Racky Talla ministre en charge de la Fonction publique et du président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily. Aussi, ils comptent porter plainte contre ces différentes personnalités. Dans leur déclaration, après s’être indignés et face à de graves violations, ils disent prendre acte de la décision et dénonce le déni de droit, la tentative de caporalisation et la propension dictatoriale de l’exécutif qui devrait, au nom du principe de la séparation des pouvoirs, s’interdire d’interférer dans le Judiciaire. Par conséquent, les magistrats refusent de se soumettre à cette décision illégale et promettent d’engager des procédures judiciaires.
La réquisition des magistrats n’a pas laissé indifférents certains leaders politiques à l’image du Docteur Oumar Mariko de SADI. Elle a même provoqué une vague d’indignation dans la grande famille judiciaire. Certains avocats ont réagi à l’instar de Me Boubacar Karamoko Coulibaly : «….Que les magistrats en grève font l’objet de réquisition voilà une vraie fausse solution. Car au dela de la régularité de la mesure, la réquisition en son principe même est toujours limitée dans le temps. Par ailleurs, au nom du principe de la séparation des pouvoirs, est ce qu’un pouvoir dit exécutif peut-il réquisitionner un autre pouvoir ? Surtout que toutes deux sont des institutions consacrées par la Constitution ? Mieux, cette mesure viole la Constitution qui a consacré la liberté syndicale. La fuite en avant n’a jamais été une solution. Dans cette affaire, un accord à minima aurait été de loin préférable à cette faute administrative. Cette réquisition est une véritable déclaration de guerre aux syndicats de la magistrature et renseigne les autres syndicats de la République sur ce qui les attend dans l’avenir ».
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
FRONT POUR LA SAUVEGARDE DE LA DEMOCRATIE SUR LES FONTS BAPTISMAUX
Forces et faiblesses de cette coalition
C’est le samedi dernier qu’une trentaine de partis politique et d’associations a mis sur les fonts baptismaux une coalition dénommée Front pour la sauvegarde de la démocratie, FSD. L’objectif principal de ce regroupement, selon ses initiateurs, est de continuer le combat politique jusqu’à la victoire finale. Soumaila Cissé et ses alliés pourraient-ils résister à la tentation du pouvoir ? Voici les forces et les faiblesses « du bébé né avec ses trente-deux dents ».
Ce front rappelle un autre mis en place au lendemain du coup d’Etat perpétré par la junte militaire dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Composé des partis politiques et d’associations, le FDR s’était battu pour faire échec au coup d’Etat. C’est grâce à la pugnacité et à la persévérance des leaders de ce front qu’il y a eu le retour à l’ordre constitutionnel. Le FSD va-t-il rééditer le même exploit ?
La première force du FSD serait sa composition, bâti autour des idéaux partagés par des partis politiques et d’associations. Ces derniers croient en leur victoire et semblent déterminés à aller jusqu’au bout pour faire échec au projet de démolition de la démocratie malienne chèrement conquise.
La seconde force serait le contexte politique. Le front est né à un moment crucial de la vie de notre pays, caractérisée par une crise socio-sécuritaire sans précédent et un chômage endémique des jeunes. Le FSD serait alors le seul espoir pour sortir de l’ornière, surtout quand les derniers optimistes finiront par être déçus du régime. En ce moment, les frontistes seraient non seulement le dernier recours du peuple en détresse, mais aussi et surtout, leur appel sera entendu et ils pourraient empêcher tout régime de dormir.
La troisième force serait le leadership affirmé des bâtisseurs du FSD. Si en politique il ne faut jurer de rien en termes de respect des engagements, les bâtisseurs du Front pour la sauvegarde de la Démocratie semblent montrer des signes d’engagement et une détermination à ne jamais fléchir. Ils disent ne pas céder ni à l’adversité, ni à l’argent ou promotions, encore moins au chantage. Parmi ses leaders, on pourrait citer Soumaila Cissé, Choguel Kokalla Maiga, Mountaga Tall, Tiébilé Dramé, Djibril Tall, Djibril Tangara, Paul Ismaël Boro, Mme Diakité Kadidiatou Fofana, les représentants du Chérif de Nioro et de l’imam Mahmoud Dicko. La liste est loin d’être exhaustive. Et il n’est même pas exclu qu’elle s’allonge au fur et à mesure qu’il y ait des déçus.
Malgré ces forces, le Front a des faiblesses, comme d’ailleurs tout regroupement politique.
La première faiblesse serait la non-couverture du territoire. L’expérience a montré que quand tout se fait à Bamako, il est rare de voir un regroupement politique de ce genre s’élargir à la base en ayant des démembrements au niveau local. Cela s’expliquerait certainement par la divergence idéologique compliquant la création des comités à l’échelle locale. Bamako a toujours été l’épicentre de toutes les contestations alors que la capitale n’a jamais fait gagner un candidat.
La deuxième faiblesse serait liée aux moyens. Dans un tel regroupement, l’un des problèmes majeurs est son animation et sa gestion dans le temps. C’est pourquoi, très généralement, le pouvoir compte sur l’essoufflement physique, matériel et financier de l’opposition pour espérer avoir le dessus sur elle. Il est très courant que c’est sur les épaules d’un ou d’une poignée d’individus qu’un tel regroupement repose. Aucun individu seul, ne peut supporter longtemps les charges liées à l’animation d’un parti ou d’un regroupement politique.
La troisième faiblesse serait d’ordre organisationnel. Un groupe, quel que soit sa taille, s’il est bien structuré avec une bonne communication, pourrait faire des résultats tangibles. Le Front semble manquer de stratégies pour convaincre un grand nombre de citoyens. Pour preuve, les lignes ne semblent toujours pas bougées par rapport à la reconnaissance du Président de la République, alors que pour le citoyen lambda les élections sont derrière nous et qu’il est préoccupé par l’avenir. Le FSD semble manquer de bons thèmes et de bonne communication pour capitaliser toutes les frustrations et proposer des solutions. Il est seulement focalisé sur IBK et non sur comment prendre le pouvoir et le gérer.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com

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