Les apôtres de la transition militaire en pole position
Attendus depuis plus de deux mois, les membres du Conseil National de la transition (CNT) viennent enfin d’être connus hier, jeudi 3 décembre 2020. Les 121 membres qui doivent désormais légiférer en l’absence d’une Assemblée nationale légitime sont désignés par la junte. Les militaires et leurs parrains figurent bien. Le dernier agenda de la mise du dernier organe est en marche.
Les contestations de la classe politique malienne n’ont pu dérouter les putschistes dans leur projet de prendre la tête de tous les organes de la transition. Visiblement, les hommes politiques doivent ranger leurs arguments pour les prochaines élections après 18 mois. Le énième coup de force vient de se produire et ils ne peuvent que constater les dégâts.
En effet, les hommes forts du Mali ont réussi la politique de division. Plusieurs inconnus, mais surtout des inévitables supporteurs de la junte sont invités au festin. Au moins, l’histoire tiendra que même ceux qui n’ont jamais rêvé d’entrer à l’hémicycle sont bien présents au côté de leurs mentors. Bienvenue les “Oui monsieur’’ pour le vote des textes élaborés par les experts inconnus.
Dans cette liste, l’attention doit être portée sur cet homme connu pour ses positions contre l’ancien Président IBK. Il s’agit de l’ancien Numéro 10 du M5-RFP et porte-parole de la CMAS, organisation dirigée par l’Imam Mahmoud Dicko. Issa Kaou N’Djim, est le supporteur reconnu des militaires qui ne cache pas sa position depuis la mise en place du gouvernement. Désormais, il est l’autre figure de la transition malienne qui promet de combattre les leaders du M5-RFP.
En plus de cette figure controversée de la CMAS, les colonels ont leur pion en bonne position pour prendre le perchoir du CNT. Qu’il plaise aux Maliens et Politiques ou pas, c’est de lui qui est bien pressenti pour prendre la tête du CNT depuis plus d’un mois. Certaines sources évoquent même son agacement suite à la lenteur et les critiques adressées contre sa posture. Le bout du tunnel semble proche pour lui qui était le seul parmi les cinq (5) putschistes sans poste. Et pourtant, il est cette figure qui a participé aux deux derniers coups d’État du Mali.
Dans cette liste très critiquée figure un membre de la coalition des enseignants, M. Sambou Diadié Fofana a été aussi capté par les militaires. Est-ce un moyen pour casser la dynamique ? Trop tôt pour répondre.
Le constat qui se dégage de la publication de cette liste des membres du Conseil national de la transition est qu’elle confirme la volonté des militaires de faire de la transition une vache à lait pour les militaires et leurs supporteurs. Il ne leur reste que le temps d’imposer le rescapé des putschistes afin de dérouler tranquillement leur agenda caché. Mais jusqu’où iront-ils ? La réponse dans 18 mois.
Toutefois, il faut craindre que le pays retombe dans les travers de l’époque d’IBK ou l’on voulait à tout prix tailler les textes sur mesure. Le démon d’imposition n’est pas hors du Mali et les Maliens doivent le savoir. Sans quoi, au soir des 18 mois de transition, le pays risque d’avoir un président accouché par des textes taillés. C’est pourquoi la vigilance doit être de garde même si les militaires ne sont pas politiques.
La Rédaction