Ce n’est plus une crise migratoire, mais une crise de l’accueil, affirment les associations. Dans le nord de Paris, le centre d’accueil des réfugiés, situé Porte-de la Chapelle, est aujourd’hui débordé. Faute de place, près de 500 migrants campent aujourd’hui dans la rue.
Des duvets sur des cartons, le ciel obstrué par le béton, des échangeurs du périphérique, des centaines de migrants dorment ici jour et nuit à l’entrée de la capitale française, à quelques dizaines de mètres seulement du centre humanitaire de la Porte de la Chapelle, le Centre de premier accueil (CPA), aujourd’hui débordé.
« En fait, ce sont des camps de fortune qui s’installent parce que là, clairement ils sont à 150 mètres de la prise en charge, explique Antoine Bazin, coordinateur de l’association Utopia 56. Donc ça veut dire l’arrêt de la galère, ça veut dire l’arrêt de la rue. Sauf que les conditions font qu’aujourd’hui, c’est très compliquées de rentrer dans le centre, par manque de place. »
Sous les couvertures, les silhouettes ouvrent un œil au passage des bénévoles, armés de pelles et de balais, pour aussitôt le refermer sur leurs rêves sans étoiles. Tiphaine, 24 ans, de l’association Utopia 56 : « Là on nettoie parce qu’ils n’ont pas de sacs poubelle. Ils n’ont pas de matériel pour nettoyer eux-mêmes. Et comme vous pouvez le voir, ils viennent nous aider. C’est aussi nous qui gérons les accompagnements hôpitaux. Donc aujourd’hui, on a six bénévoles qui sont à l’hôpital avec une quinzaine de réfugiés. »
Et les problèmes sont nombreux chez les migrants : « Des vomissements. La gale. La gale, c’est le plus courant. »
« Presque pire qu’en Afghanistan »
Fin de la route migratoire pour ces primo-arrivants. Parmi les duvets réveillés, Mohammed dit venir du Soudan : « Ça fait 11 jours maintenant que je suis ici. Toujours on me dit qu’il n’y a pas de place. Il y a beaucoup de bruit, je ne peux pas bien dormir. C’est très compliqué. »
Compliqué de dormir à quelques centimètres de la circulation parisienne. « Nous tombons malades, il y a les germes, les maladies », ajoute encore Aria et ses amis venus de Kaboul, qui ont amené avec eux la musique du pays. Et d’ajouter, « c’est presque pire que chez nous en Afghanistan ».
rfi