Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a rendez-vous avec Donald Trump ce mercredi 15 février à Washington. Ce sera la première rencontre entre les deux hommes depuis l’arrivée à la Maison Blanche du nouveau Président américain. Un rendez-vous précédé d’une déclaration d’un responsable américain prenant ses distances avec la solution de paix à deux Etats.
« La paix est l’objectif, que cela soit sous la forme d’une solution à deux Etats, si c’est ce que les parties veulent. Ou quelque chose d’autre si les parties le veulent ». Voici ce qu’a déclaré un responsable de la Maison Blanche, sous couvert d’anonymat à quelques heures de la rencontre Trump-Netanyahu. S’agit-il d’une rupture avec la politique menée jusque-là par les Etats-Unis dans la région ? Ou d’une nouvelle déclaration vouée à être rectifiée, tout comme le fut la promesse de déménager à Jérusalem l’ambassade américaine en Israël ou la phrase de Donald Trump favorable à la colonisation ? A propos de l’ambassade, le président américain explique désormais que les choses ne sont pas « si faciles ». Marche-arrière aussi sur la colonisation : leur expansion n’est pas « bonne pour la paix » a récemment nuancé Donald Trump.
La rencontre de ce mercredi entre le président américain et le Premier ministre israélien permettra peut-être d’y voir enfin clair sur la position américaine dans le conflit israélo-palestinien. Rappelons que depuis le Processus d’Oslo lancé en 1993 – sous parrainage américain – l’idée de deux Etats pour deux peuples (israélien et palestinien) est la base de tous les efforts diplomatiques. Un processus plongé dans le coma en l’absence de négociations depuis des années, mais un processus jusque-là porté à bout de bras par la plupart des Etats et organisations internationales.
Droite nationaliste-religieuse
Benyamin Netanyahu, arrivé au pouvoir en 2009, a aussitôt accepté le principe des deux Etats dans un discours-référence prononcé à l’Université israélienne de Bar-Ilan. Mais le Premier ministre israélien est aujourd’hui à la tête du gouvernement le plus à droite de l’histoire de son pays, une coalition au sein de laquelle le camp nationaliste religieux se sent pousser des ailes depuis la victoire de Donald Trump. Au sein du Foyer juif de Naftali Bennett comme au sein du propre parti de Netanyahu, le Likoud, la droite nationaliste religieuse demande notamment l’annexion de tout ou partie de la Cisjordanie occupée par Israël et ne veut pas entendre parler d’Etat palestinien.
Cette rencontre avec Donald Trump, « ce sera un véritable test pour Netanyahu, affaibli par les affaires et – politiquement – par sa propre aile droite qui ne cesse de le mettre en difficulté », explique Emmanuel Navon, professeur de Sciences politiques à l’Université de Tel Aviv et ancien membre du Likoud. « Jusqu’à présent, face à sa coalition, Netanyahou utilisait toujours Obama comme ultime excuse pour ne pas construire plus d’implantations et maintenant ce prétexte n’est plus là », ajoute Emmanuel Navon pour qui il reste peu probable de voir voler en éclats l’actuelle coalition.
La question iranienne
L’Iran sera l’autre grand dossier de ce rencontre Trump-Netanyahu. Le gouvernement israélien a beaucoup critiqué l’accord sur le nucléaire iranien, voulu par Barack Obama et signé en 2015. Accord que Donald Trump a lui aussi fustigé, souhaitant le renégocier avant, là encore, d’atténuer sa position. « Il y a aussi la volonté de Donald Trump de se rapprocher de Vladimir Poutine et de faire un ‘’deal’’ avec la Russie qui est très liée à l’Iran et à l’accord nucléaire », rappelle Samuel Ghiles-Meilhac qui enseigne à Sciences-Po. « Comment est-ce que Donald Trump pourra à la fois avoir une politique plus agressive vis-à-vis de l’Iran et une politique plus proche de la Russie ? » s’interroge le chercheur pour qui il n’est pas sûr que dans « l’esprit de Donald Trump, Israël compte beaucoup dans cette réflexion-là ».
rfi