Les résultats des sondages d’Africascope 2015-2016, réalisés par Kantar TNS, révèlent que seulement 35 % de Maliens s’intéressent à la chaine publique, l’ORTM. Très faible pour la chaîne qui dit être « la passion du service public ».
Pour quel public émet l’ORTM ? C’est la question que l’on est en droit de se poser après avoir lu les résultats d’Africascope 2015-2016, des sondages réalisés par Kantar TNS. Ces résultats révèlent que seulement 35% de Maliens regardent l’ORTM. Au même moment, dans d’autres pays de la Sous-région comme le Sénégal et le Burkina «où l’offre locale est très importante, cette part est supérieure à 50% ». En clair, ces pays ont su faire de la télévision nationale un service audiovisuel de proximité, incluant les populations au cœur de leurs programmes. Ce qui leur vaut aujourd’hui de taux d’audience supérieurs à celle de l’ORTM. Dans un pays où les autorités rechignent à se prononcer dans les langues locales, il ne faut pas compter sur une population majoritairement analphabète pour écouter une langue qu’ils ne comprennent pas. Au Sénégal, par exemple, l’on peut voir qu’à côté du journal télévisé en langue française, il y a le journal en langue wolof.
Le journal dans les langues nationales que s’efforce à faire l’ORTM est très loin insuffisant pour atteindre les populations cibles et le timing de sa présentation n’est pas non plus adéquat. Le Jour où ils les imposeront de donner obligatoirement des interviews en langues nationales et que Niania Aliou Traoré, Amara Mallé ou Aïssata Maïga présenteront le journal en Bambara et à 18 heures, comme ça se fait ailleurs, les populations se sentiront plus concernées et l’audience va dépasser ces 35%.
A regarder de près la grille des programmes de l’ORTM, on a l’impression que la boite ne tourne que pour la réalisation du journal télévisé de 20 heures. Un journal qui, par la pauvreté des ses éléments (ateliers, séminaires, conférences, visites chef d’Etats), n’attire seulement que les mercredis ; car, il y a la lecture du communiqué du Conseil des Ministres. Et même là, la seule partie qui retient l’attention, c’est le chapitre « Mesures individuelles » portant sur les nominations des cadres dans des postes relativement juteux. Il est donc temps pour cette chaîne de se mettre à niveau des chaines de la Sous-région comme la RTS (Sénégal), la RTI (Côte-d’Ivoire) avec des programmes attrayant come par exemple « C’midi », etc. Tant ce ne serait pas le cas, l’ORTM ne serait qu’une boîte de résonance à la solde du prince du jour et avec des ambitions limitées dans le temps et dans l’espace.
Il ne faut pas s’étonner de voir les populations se réjouir sur la toile quand elles apprennent que l’ORTM va observer une grève.
Il est aussi temps de combler la coquille vide qu’est la TM2 en la dotant d’un personnel qualifié et compétent. Faire une nette séparation entre la télévision et la radio nationale. Bref, il faut mettre les agents dans les conditions et arrêter de faire de la télé au rabais.
Mohamed Dagnoko lecombat.fr | LE COMBAT
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