Depuis quelques jours un écrit supposé être de l’imam Dicko circule sur les réseaux sociaux, appelé manifeste de refondation Nationale. Dans ce document, l’Iman affiche son intention pour le Mali et regrette profondément les évènements qui ont conduit au coup d’État du 18 août 2020.
Comment devons-nous interpréter ce mémo de l’Imam Dicko ?
Une confession ? Cela à l’air d’en être une. En lisant ce document, on déchiffre de la repentie. L’un des pères du mouvement de contestation amenant IBK à démissionner, aurait-il une fois encore regretté son choix ? En tout cas, le constat en est que cette sortie inattendue arrive à un moment où le clivage politique du pays est chamboulé par la question de la transition et l’attitude des nouvelles autorités dans la gestion des affaires publiques.
Dans ce manifeste, l’Iman prône la paix et veut prendre son bâton de pèlerin pour prêcher cela dans toute l’étendue du Mali, s’il le faut. Une bonne intention et noble de surcroit! Mais la question qui taraude l’esprit de certains observateurs, c’est de savoir pourquoi maintenant et précisément en cette période très critique que vit le pays. Selon eux, notre Iman de Badalabougou ne fait rien sans cause. Que s’est-il passé ?
Depuis l’arrivée au pouvoir des militaires, notre sage ne fait plus l’immunité dans son cercle d’amis de lutte qui sont du M5. Des indiscrétions font état de l’installation d’un malaise profond entre lui et Bouillé de Nioro. Il n’est plus avec les IBKois, et est détesté par les partisans de Boubou Cissé et de Boubueye Maïga. Quant à Bani Haidara de Banconi, le sentiment de méfiance envers Dicko est évident.
Et actuellement, on constate un jeu de ping-pong entre lui et Issa Kaou Djim, celui même qui a été plus fort que son maître, puisqu’apparemment, il a dribblé tout le monde y compris son Iman éclairé.
À part des partisans qui lui vouent une confiance aveugle, aujourd’hui, le champ de bataille de l’iman Dicko est presque désert. Rien ne va. Et plus encore, certains parlent d’un désamour entre lui et Assimi Goïta, donc, de la junte.
Par ailleurs, ô combien, notre iman éclairé et sage se trompe quand il faut choisir une personne valable pour notre pays. Ils étaient parmi les premiers qui voulaient le départ d’ATT. Ensuite, l’Iman a fait de sa mosquée un QG et battre campagne, selon ses propres mots, pour que IBK puisse arriver au pouvoir. Après avoir chassé Boubeye, il a appuyé la candidature de Boubou Cissé tout en promettant à IBK d’accompagner le jeune Cissé dans ses missions. Du coup, celui-ci devient indésirable. Les raisons ? Chacun y va de son commentaire…En effet, l’Iman Dicko s’est adossé sur sa notoriété, sa popularité, et les politiques, pour faire tomber son ami et frère IBK. Pour rappel, juste après avoir fait partir IBK, l’iman avait annoncé son retour dans sa mosquée pour faire ce qu’il sait faire de mieux, ce qui n’a pas été de longue date. Le voilà qui anime une nouvelle perspective, celle de s’engager personnellement pour la restauration d’un nouveau Mali Koura, à peine sept mois du coup d’État. Avec ce manifeste l’éclairé ne donne -t-il pas raison à une certaine frange qui depuis les premières heures avant la démission d’IBK décriait le coup d’État ?
En tout état de cause, cette sortie de l’Iman montre à quel point nous devrons nous inquiéter pour le Mali.
De notre point de vue, depuis ce coup forcé des militaires, le mot « Mali Koura » est sur les lèvres de tout monde, mais, personne n’accepte le sacrifice qu’il faut pour y arriver, même pas lui, l’Imam.
Nonobstant les défis à relever, ceux qui sont vraiment irrités contre Mohamoud Dicko, seront-ils prêts à lui pardonner et lui renouveler leur confiance au nom de cette refondation du Mali dont on parlait avant le changement du régime?
Une chose est sûre, la vraie version de la chute d’IBK reste un mystère…
Lansine Coulibaly