mardi 16 avril 2024
Accueil | Société | Manifestations sanglantes : Le discours d’IBK désormais inaudible à son peuple

Manifestations sanglantes : Le discours d’IBK désormais inaudible à son peuple

Deux discours en juin et deux autres en juillet, les paroles du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita sont loin des attentes du peuple. Depuis, le 10 juillet, jour de la manifestation du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), des manifestants et les forces de l’ordre s’affrontent continuellement.

Après quatre (4) discours sans succès, le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta vient de faire une première concession parmi les trois grandes exigences du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-rassemblement des Forces patriotiques)
En effet, dans son 4e discours à la nation prononcé encore tard dans la nuit comme ce fut le 9 juin dernier, en l’espace d’un mois, le Président de la République a annoncé dans la nuit du 11 juillet avoir abrogé le décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle, dont certains membres avaient déjà démissionné. L’une des principales causes de la grogne sociale menée par le M5-RFP, l’institution étant accusée d’avoir tripatouillé les résultats aux législatives.
« Suite aux nombreuses analyses et consultations, sollicitations sur la crise postélectorale, et pour la sauvegarde et la préservation de la vie, même des membres restants de la cour constitutionnelle, j’ai décidé, non sans en mesurer la gravité -mais que ne ferait-on pour le salut national – nous sommes dans l’obligation de nous surpasser, de n’envisager que le Mali. J’ai donc décidé d’abroger le décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de CEDEAO », a-t-il annoncé. Il a fallu plus d’un mois de contestation et 4 discours à la nation pour faire une première concession. Et pourtant, son peuple, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union européenne…, ont tous fait cette forte recommandation au Président de la République.
Au lendemain de la manifestation, le samedi 11 juillet 2020, des manifestants ont tenté d’atteindre le domicile de Mme Manassa Dagnoko, la désormais ex-présidente de la Cour constitutionnelle. Des échauffourées qui ont conduit à la mort d’un jeune. Une journée émaillée de tensions dans certains points de la capitale avec les forces de l’ordre. De même dans la même nuit, des forces de l’ordre auraient tenté d’arrêter l’Imam Mahmoud Dicko. Et à ce jour, les manifestations ne faiblissent pas. Certaines routes sont impraticables pour cause de barricades et de vandalisme. Visiblement, la voix du président est inaudible, il n’est plus écouté par son peuple qui a trop longtemps attendu pour qu’il fasse un geste d’apaisement.
La confiance entre IBK et son peuple semble complètement rompue. C’est pourquoi l’on se demande, si le Président avait cette disposante de ce droit régalien, pourquoi avoir attendu si longtemps. Voulait-il tester son peuple, et voir jusqu’où il ira ?
En réalité, l’histoire de notre Maliba, nous enseigne que notre pays après les années d’indépendance a connu beaucoup de souplement populaires qui ont la plupart du temps fini par avoir raison des dirigeants de l’époque. Et pousser le bouchon tel que fait par le Président, a fini par exaspérer le peuple qui n’écoute plus rien. Malheureusement, nous comptons nos morts et des blessés que l’on aurait fait économie depuis avec des décisions fortes.
Cette décision du chef de l’État suffira-t-elle à apaiser le climat social ? s’interrogent plusieurs observateurs. Car si la dissolution de la Cour Constitutionnelle se présente comme très importante, car considérée comme le détonateur de la crise actuelle, elle semble au regard des circonstances qui ont concouru à sa mise en application apparait comme un geste tardif de la part d’IBK dont le capital confiance serait nul.
Il convient ici de souligner qu’à la Cour Constitutionnelle, beaucoup avaient aussi réclamé la dissolution d’une autre institution, l’Assemble nationale et la nomination d’un Premier Ministre consensuel.
Le dialogue tant annoncé par le Président lui-même est bloqué tout simplement parce que les leaders du M5-RFP avec qui celui-ci devrait s’établir ont été arrêtés par les forces de l’ordre. Qu’adviendra-t-il après ? Nul ne peut le savoir.

Djibril Coulibaly

Voir aussi

TRAFIC FERROVIAIRE : La reprise du trafic ferroviaire au plan national lancée !

  Sur instruction du ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, une …

Laisser un commentaire

Aller à la barre d’outils