Sans une justice équitable et responsable, toutes les autres reformes politiques et institutionnelles sont presque voué à l’échec ! Telle semble être la conviction exprimée par les Maliens dans le sondage spécial dénommé «MALI-METRE SPECIAL» présenté mardi dernier (8 décembre 2020) par la Fondation Friedrich Ebert (la Friedrich Ebert Stiftung-FES). C’était à l’Hôtel Radisson Blu de Bamako en présence de l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne. Autant dire que la réforme du secteur sensible de la justice doit être soubassement ou la charpente de Malikura, de ce nouveau Mali tant souhaité.
Parmi les reformes à engager en urgence par les autorités de la Transition, celle de la justice est la plus souhaitée par les Maliens. C’est ce qui ressort en tout cas du «MALI-METRE SPECIAL» présenté mardi dernier (8 décembre 2020) par la Fondation Friedrich Ebert (la Friedrich Ebert Stiftung-FES). Et cela se comprend aisément car la qualité de la justice rendue peur impacter négativement ou positivement toutes les autres réformes politiques et institutionnelles.
Ainsi, un quart des enquêtés (24,3 %) pense qu’il faut mener des réformes dans le secteur de la justice. Près d’une personne sur cinq interrogée (18,6 %) recommande des réformes dans le secteur de l’Education. La lutte contre le banditisme (12 %), la refondation de l’armée (6,9 %) et le développement du secteur de la santé (6 %) sont aussi mentionnées comme réformes à mener pour relever le Mali.
Grosso modo, il ressort de cette étude que la lutte contre l’insécurité (45,8 %), l’amélioration du système éducatif (36,1 %) et la lutte contre la pauvreté (27,5 %) sont également des défis majeurs identifiés par la population enquêtée. La lutte contre l’insécurité alimentaire (25,7 %) est aussi une préoccupation majeure des Maliens.
Qui (civil ou militaire) devait diriger la Transition après la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août 2020 ? Selon ce «Mali-Mètre Spécial», plus de la moitié (53,4 %) des Maliens sondés est favorable à un militaire pour conduire la Transition contre 22,4 % qui opteraient pour une transition civile et 21,7% indifférents au profil de la personne qui dirigera la transition. En ce qui concerne le choix du Président de la transition, trois quart (74,8 %) des Maliens sont satisfait du processus qui a abouti à son choix.
Et seulement 8,7 % des citoyens ne sont pas satisfaits des modalités de ce choix. Et contrairement à la ligne directrice imposée par la Cédéao, environ deux tiers (66,6 %) des populations enquêtées sont d’avis que le vice-président devrait pouvoir remplacer le président de la Transition en cas d’empêchement. Cependant, 18,49 % des enquêtés y sont opposés.
En tout cas, plus de trois Maliens sur cinq (61,1 %) sont convaincus que cette transition mènera vers un système démocratique et de bonne gouvernance. Ainsi, la majorité de la population pense que la transition peut avoir un impact sur la réconciliation entre les segments de la société : au sein de l’armée (82,2 %), entre l’armée et les groupes armés (52,7 %), les partis politiques et citoyens (55,8 %), syndicats et gouvernement (74,4 %), entre les communautés elles-mêmes (76,9 %), entre leaders religieux (66,8 %) et entre la justice et la population (71,5 %).
Quant aux actions à mener pour redresser le pays, la lutte contre l’insécurité vient en tête des défis à relever pour deux Maliens sur cinq (39,4 %). En plus, la résolution du problème de l’éducation reste une préoccupation majeure au Mali pour 38,4 % des personnes sondées qui y voient une priorité pour le nouveau gouvernement. La lutte contre l’insécurité alimentaire (17,7 %), la lutte contre le chômage (14,4 %) et ramener la paix et la cohésion sociale (13,5 %) sont également mentionnées comme «actions prioritaires» pour le nouveau gouvernement.
Réalisée par téléphone en octobre dernier (entre les 6 et 20 octobre 2020), cette édition spéciale a innové par le nombre des enquêtés qui passe au double de l’échantillon des éditions précédentes. Elle a ainsi touché 5 053 personnes (réparties entre sexe, âge, niveau d’instruction et région) qui ont été interrogées dans les huit premières capitales régionales (les régions de Ménaka et de Taoudenni n’ont pas été prises en compte à cause des aléas liés au sondage par téléphone). Et naturellement qu’elle a porté sur la transition et sur toutes les questions qui l’accompagnent.
Il faut noter que ces «sondages politiques neutres» découlent de la volonté de la FES d’aider le Mali à sortir de la crise politico-institutionnelle. Comme l’a dit son représentant-résident, M. Christian Klatt, «ces sondages ont pour but d’informer les dirigeants et les partenaires du Mali sur l’opinion de la population sur les sujets politiques et socio-économiques».
Moussa Bolly