Alioune Gueye, président du Réseau National de la Jeunesse du Mali (RENAJEM) et Rojalnu Afrique à, au nom de la jeunesse et de la lutte que son réseau mène contre le Sida, pris part au Sommet sur le VIH Sida tenu du 8 au 10juin au siège des Nations-Unies. Dans les lignes qui suivent, il nous fait le point de la rencontre, des avancées et des défis de la lutte.
Vous rentrez d’un Sommet de haut niveau sur le Sida, qu’est ce qui a été dit?
AG : Il a été question du bilan, du financement de la lutte contre le Sida et du positionnement stratégiques des Etats et des organisations de la société civile pour l’élimination du VIH-Sida d’ici 2030.
On parle d’élimination certes, mais où en sommes nous actuellement dans la lutte ?
AG : Le bilan est individuel et global. Individuel, car le Sida est une question de souveraineté nationale. Les chefs d’Etat africains à Abuja, au Nigéria, ont pris la résolution de mettre le Sida au cœur des préoccupations et de le déclarer comme une maladie publique. Au siège des Nations Unies plusieurs pays dont le Mali ont pris la parole pour faire le point des avancées dans la lutte. Il ressort de toutes ces présentations que des efforts ont été déployés à travers la prévention, le traitement et de la marginalisation à l’endroit de personnes vivantes avec le VIH. Au plan global, les chefs d’Etats se sont engagés et l’ONU Sida donne l’outil et les arguments nécessaires pour arriver à l’élimination du Sida avec l’implication de toutes les parties.
Qu’en est-il du financement de la lutte ?
AG : Aujourd’hui, il n’y a pas de financement nécessaire. L’Etat alloue une part minime à la lutte contre le Sida. Des efforts doivent être faits à ce niveau. On a parlé de la mise en place du fonds national de lutte contre la maladie, jusqu’à présent ce fonds n’est pas opérationnel malgré la présence des textes. Si nous considérons la lutte contre le Sida comme une souveraineté nationale, il est important que l’Etat prenne ses responsabilités en mettant ce fonds en place. Des pistes existent pour financer ledit fonds. Il faut que le Mali prenne les devants et ensuite l’apport des partenaires tels que le Fonds mondial et d’autres institutions viendra compléter les efforts. Tant que cela n’est pas fait il est difficile d’atteindre les résultats escomptés. Il ne faut pas oublier que le pays traverse une crise, toute chose qui est facteur de propagation de la maladie en plus du fait des sites d’orpaillages qui sont des sites des zones de vulnérabilité par excellence. Si on n’y prend pas garde le taux de prévalence qui est tombé de 1.6 à 1.1 va remonter.
Dans ces conditions, l’atteinte des résultats est une vue de l’esprit ?
AG : Pas forcement. Avec la prise de conscience nouvelle de l’Etat et de la société civile, tous vont s’impliquer. Nous en tant qu’organisation de jeunesse, allons nous impliquer dans le cadre de la prévention. L’Etat est obligé de s’impliquer pour ceux qui sont déjà infectés et faire en sorte que ceux –ci ne puisse transmettre la maladie.
Ils sont au nombre de combien au Mali ?
AG : Au Mali nous avons à peu près 1% de a population qui est infecté, soit 100 mille personnes.
En quoi cette rencontre sera bénéfique pour vos deux réseaux ?
AG : Au niveau du Rojalnu, la rencontre nous a permis de prendre des contacts et d’enrichir notre carnet d’adresses en vue de l’ouverture officielle de notre siège au Burkina. Le président du Burkina, Roch Marc Christian Kaboré, nous soutient. Pour leur engagement dans la lutte contre le Sida, nous avons également pris contact avec plusieurs premières Dames. Un partenariat Rojalnu-premières Dames peut être très bénéfique. Nous avons aussi pris contact avec l’alliance mondiale des maires. Les maires, parce que nous travaillons dans le cadre du développement durable qui concerne d’abord les collectivités représentées par les Maires.
Au sortir de cette réunion, qu’est ce qui va changer dans la manière de mener la lutte ?
AG : Les acteurs de la lutte ressortent de ces travaux renforcés. La déclaration issue de la réunion de haut niveau va permettre de booster les actions au niveau des pays. Les Etats ont renouvelé leurs engagements dans le cadre de la lutte et du financement de la lutte, idem de la part des partenaires et donateurs dont le Fonds mondial et ses donateurs. Avec la prise de conscience, l’implication des jeunes sera désormais plus forte à travers le dépistage. Au niveau du RENAJEM, nous avons déjà menés des campagnes au niveau des gares avec la possibilité de dépistage pour les jeunes.
Un dernier mot
AG : Il faut que les uns et les autres acceptent de se dépister. Plus vous savez tôt votre statut, mieux c’est. Même si vous êtes séropositif, et que vous l’apprenez vite vous pouvez vivre longtemps avec normalement. Mais si vous arrivez au stade de la maladie, c’est généralement trop tard. Donc, autant le savoir tôt si vous l’avez et passer à la phase traitement et vous préservez si vous l’avez pas.
Propos recueillis par Mohamed DAGNOKO LE COMBAT