Forte émotion ce mercredi matin à Saint-Etienne-du-Rouvray, petite commune de Normandie où le père Jacques Hamel a été assassiné par deux jihadistes il y a un an jour pour jour. Une messe en souvenir du prêtre égorgé en pleine célébration le 26 juillet 2016 a été célébrée en présence du président de la République et du Premier ministre, Edouard Philippe. Une stèle en sa mémoire a également été inaugurée.
L’hommage national s’est déroulé en présence du président de la République, Emmanuel Macron, du Premier ministre, Edouard Philippe et du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb mais aussi du président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, originaire de la région, ainsi que de plusieurs représentants de l’église catholique et du culte musulman. La cérémonie au père Jacques Hamel avait pour objectif de montrer l’unité du pays face au terrorisme.
Une messe a d’abord été célébrée dans la petite église de la commune par l’archevêque de Rouen. Monseigneur Lebrun a salué la mémoire du prêtre assassiné l’an dernier. Un homme dont la mort et la vie « inspirent », a affirmé le prélat dans son homélie.
A l’issue de la messe, une stèle à la mémoire de Jacques Hamel à été inaugurée. Sur le parvis de l’église et devant un millier de personnes, l’ancien maire de la ville, Hubert Wulfranc qui était en fonction l’an dernier, a, lui aussi, rendu hommage au père Hamel, avant de dire à quel point il lui tarde, comme aux habitants de la commune de « voir les premières classes, les premiers enfants… avec leurs maîtres et maitresses, prendre possession des lieux ». La stèle doit en effet devenir un espace éducatif de transmission des valeurs de la France, a expliqué le maire. Liberté, Egalité et Fraternité…
«La République n’a pas à combattre une religion, ni à vouloir se substituer à elle»
Puis Emmanuel Macron a prononcé un discours en forme d’appel à l’unité, là-encore : « Les terroristes ont essayé de semer parmi les catholiques de France la soif de vengeance et de représailles ; ils ont échoué », a déclaré le président de la République. Emmanuel Macron a rendu un hommage appuyé à l’église de France et aux habitants de Saint-Etienne-du-Rouvray : « La République repose sur l’amour et le respect de l’humanité, chacun œuvre à cet idéal avec ses croyances, avec sa philosophie, avec sa morale. Lorsque c’est la foi qui soutient cet idéal, elle a toute sa place dans la République. C’est pour cela que la République garantit la liberté de croire comme celle de ne pas croire. C’est pour cela qu’elle protège les lieux de culte et les représentants des religions. La République n’a pas à combattre une religion, ni à vouloir se substituer à elle. Elle œuvre chaque jour à ce que chacun puisse croire ou pas… en homme libre. Mais chaque religion a à mener sa part de combat pour que jamais la haine, le repli, la réduction de ce que nous sommes puisse triompher ».
Hommage à toutes les victimes, y compris les familles des attaquants
Dans la petite foule qui s’était rassemblée devant l’église, il y avait Moustapha Darmouche, musulman et conseiller d’éducation au lycée de Saint-Etienne-du-Rouvray. Et, depuis le jour de l’attentat, il n’a jamais eu le sentiment que le regard des habitants avait changé. « Personnellement, je n’ai senti aucune différence. Les gens ont fait preuve d’une grande retenue, d’un grand recul…», nous explique-t-il.
Autre témoignage, celui de Nadia. Institutrice à Saint-Etienne-du-Rouvray, elle est venue, dit-elle, pour rendre hommage à « toutes les victimes »… y compris aux familles des deux assaillants. C’est que Nadia a eu l’un des deux terroristes dans sa classe, il y a de nombreuses années. Et, un an après l’attentat, elle ne comprend toujours pas. « Je pense qu’il avait envie d’exister, qu’il n’a pas trouvé de moyens autres, et qu’on ne l’a pas arrêté à temps, ce qui est très dommage, évidemment… Ce qui est malheureux ». Au pied de la stèle, Nadia a déposé les roses blanches qu’elle avait appportées.
rfi