Aujourd’hui, en cette période de veille électorale, l’obtention de la carte NINA se pose avec acuité pour beaucoup de Maliens. Nos compatriotes établis en Côte d’Ivoire ne sont pas exclus de ce problème. En complicité avec le Haut Conseil des Maliens de Cote d’Ivoire, l’ambassadeur du Mali dans ce pays, après avoir politisé ce bureau, l’aurait mis en coupe gelée au profit du parti au pouvoir, le RPM. Indignés par cela, des Maliens ont tenu à dénoncer la politisation du bureau du Haut conseil des Maliens de Cote d’Ivoire, à travers un mémorandum, dont nous tenons une copie.
En ce qui concerne le Conseil de Base des Maliens de Cote d’Ivoire, après sa mise en place le 5 février 2016, nous détenons un mémorandum rédigé par des Maliens indignés qui dénoncent sa politisation. Toujours par rapport à la mise en place du bureau du Conseil de Base des Maliens de Cote d’Ivoire, notre source indique qu’elle n’a jamais été supervisée. Au contraire, la délégation du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME), composée de Mahamadou Camara, Madame Karambé et du Trésorier général Adjoint qui avait séjourné à Abidjan avant l’élection du bureau, était plutôt venue imposer les cartes du HCME aux différents candidats. Le bureau sortant pour se faire réélire était obligé de prendre le lot de cartes d’une valeur de 50 millions de F CFA. Selon nos sources, à la mission, ils ont pu payer 28 millions de F CFA. Ainsi, beaucoup ont compris que ce ne sont pas les Maliens de l’extérieur qui intéressent les membres du HCME mais le placement de ces cartes, d’où le désintérêt face à cela. Ensuite, par rapport au nombre de carte NINA, mis à la disposition du Conseil de base des Maliens de la Cote d’Ivoire par le Consulat du Mali à Abidjan, notre source indique ce sont au total, 58 mille 107 cartes NINA et non 53 mille 253 cartes NINA.
Selon des compatriotes contactés à Abidjan, les Autorités consulaires sont actuellement embarrassées, elles ne savent plus comment distribuer les 2000 cartes NINA qu’elles ont reçues il y a quelques mois puisque n’osant plus les remettre dans les mains des membres du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur. Il a même été constaté sur certaines fiches des noms et des photos des compatriotes enrôlés mais qui n’ont jamais vu leurs cartes NINA. Il importe de retenir ici que, les cartes NINA de la juridiction consulaire d’Abidjan ont été remises officiellement au Conseil de base des Maliens de Côte d’Ivoire depuis le 23 février 2016. Mais à présent, il n’y a eu aucun compte rendu. D’où la difficulté actuelle pour l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire de fournir la moindre pièce justificative de la distribution des 58 107 cartes NINA. Face à cette situation, un groupe de Maliens avait rencontré l’Ambassadeur le 17 juillet 2017. Un participant à cette rencontre avait déclaré que les éléments de réponse que la chancellerie a donnés n’ont donné aucune satisfaction. Beaucoup ne comprennent toujours pas qu’il n’y ait aucune sanction contre une association même reconnue d’utilité publique et dirigée par des camarades de parti.
Quant à la gestion du HCME, il a toujours présenté des insuffisances qui entravent son fonctionnement efficient en raison des modestes moyens matériels, financiers et humains et des nombreuses querelles politiciennes, de clans et de leadership. Selon la même source, la permanence du HCME doit impérativement être réorganisée puisque c’est le centre névralgique de la structure. Elle doit être tenue par un cadre de l’Administration proposé par le ministre de tutelle au Président du HCME. Ce qui signifie que de façon spécifique, le Secrétariat permanent doit revenir à un cadre ayant une expérience probante de gestion administrative. Cela n’a jamais été effectif, c’est le clanisme qui y fait loi. La même source affirme que tous les cadres de la permanence du HCME sont des militants du RPM ou des ressortissants de Kayes région d’origine du Président Habib Sylla. Selon la même source, pour prouver que le HCME est politisé, à la veille de l’élection de Habib Sylla pour son deuxième mandat, le bureau exécutif du RPM avait organisé un méchoui à son siège, autour du quel seuls les délégués militants RPM de l’extérieur étaient conviés. Le seul mot d’ordre, soutenir la candidature de Habib Sylla, puisque c’est un opérateur économique qui a aussi contribué financièrement à la campagne d’IBK.
Conséquence, les Maliens de Côte d’Ivoire sont aujourd’hui frustrés et la grande majorité s’est désintéressée dudit conseil de base qui, en principe, est censé représenter toutes les sensibilités. D’où le mémorandum de protestation adressé au Bureau du Conseil des Maliens de Cote d’Ivoire, dont nous vous proposons ici un extrait : «nous Maliens indignés avons l’honneur de vous adresser le présent mémorandum pour attirer votre attention sur des faits extrêmement graves mettant en péril l’équilibre et la cohésion déjà fragile au sein de notre communauté. Les faits constituent également une atteinte à la démocratie. Nous venons par la présente contester le bureau du Conseil des Maliens de Cote d’Ivoire imposé par l’Ambassadeur 0usmane Ag Rhissa. En effet, pour le renouvellement du Bureau du Conseil des Maliens de Cote d’Ivoire, environ une quarantaine de responsables maliens ont postulé à la présidence (liste toujours disponible à la permanence du Conseil). A la surprise générale, l’Ambassadeur a créé une commission d’investiture composée essentiellement d’une part des responsables du RPM (Hadiya Dembélé candidat du RPM, Bory Traoré Secrétaire Général de la Section RPM, Ousmane Tanapo Président d’honneur du RPM et Directeur de campagne du candidat du RPM) et d’autre part Mahamadou Diawara dit Ahmet Président sortant et candidat à sa propre succession».
Ce comportement peu honorable constitue une atteinte à la démocratie et à l’efficacité de la structure. La preuve est que ce bureau de plus de 80 membres n’a tenu aucune réunion depuis qu’il a été installé, incapable qu’il est de réunir une dizaine de membres autour de la table. Ce qui risque de durer tant les premiers responsables de la structure se donneront pour seul rôle de figurer aux côtés de l’Ambassadeur lors des cérémonies avec pour seul bénéfice de paraitre sur les écrans de télévisions. C’est pourtant, à ce bureau qu’on a remis les cartes NINA pour distribution. Depuis, les spéculations et abus de toutes sortes sont monnaie courante dans la distribution de ces cartes précieuses.
Comme pour dire que l’ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire et le bureau du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur veulent exclure du processus le vote de certains Maliens, qui pour eux ne seraient pas favorable au pouvoir en place.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com