L’annonce faite, le week-end dernier, par le Pape François de l’élévation au rang de Cardinal de cinq évêques, dont celui de Bamako, Mgr Jean Zerbo, a la connotation d’une main tendue à la rescousse de la communauté chrétienne malienne, visiblement laissée à son propre compte dans son amertume relative à l’enlèvement de la sœur Gloria de Karangasso. Vu sous cet angle, ce sacre revêt une double interprétation : celle d’un soutien à une minorité en désarroi ou un requiem synonyme des adieux définitifs à la sœur colombienne.
Il est, certes, évident que, par cette nomination, Mgr Jean Zerbo, Archevêque de Bamako, va, désormais, participer au conclave, la réunion au cours de laquelle un nouveau pape est désigné. Mais avec quelle posture va-t-il siéger à ce conclave, se demande-t-on ici par ceux-là qui estiment que le timing de cette élévation par rapport à la disparition de la sœur colombienne Gloria Cécilia de Karangasso n’est pas fortuit en soi.
Au Vatican, on estime que cette nouvelle donne répond à la volonté de l’Argentin Jorge Bergoglio, nommé Pape sous le nom de François, en avril 2013, de tendre vers une Église moins centrée sur l’Europe et sur l’Italie ; cependant, au Mali, et plus particulièrement dans la communauté des Sœurs Franciscaines de Marie Immaculée de Karangasso, les esprits ont du mal à absorber tout resserré ce qui devait être une bonne nouvelle. D’ici au consistoire, la cérémonie officielle au cours de laquelle les ecclésiastiques seront élevés au rang de cardinaux, laquelle cérémonie aura lieu le 28 juin prochain, la Communauté chrétienne a l’air quelque peu évasif sur le sujet et affiche plutôt son espoir de retrouver sous peu la Religieuse perdue. Pourvu que les enquêtes, s’il y en a, évoluent pour lui donner gain de cause. Pour l’heure, c’est le sacre a demi-teinte de Jean Zerbo qu’il y a lieu de célébrer à Ségou d’où il est originaire et à Bamako dont il est l’Archevêque.
Originaire de la ville de Ségou, où il est né en 1943, Jean Zerbo est ordonné Prêtre en 1971 avant de partir faire ses Etudes Supérieures en France, à Lyon, quatre ans plus tard. D’abord Evêque auxiliaire de Bamako en 1988, il en deviendra Archevêque titulaire dix ans plus tard, en 1998 et, ce, jusqu’à ce dimanche 21 mai 2017.
Katito WADADA : LE COMBAT