Si beaucoup pensent que les deux fonctions peuvent être exercées simultanément, d’autres soutiennent tout le contraire. Ils trouvent que l’on doit faire la part des choses, car pensent-ils, le journalisme se soumet à certaines règles tandis que, l’activisme est synonyme de prendre position. Au Mali, le phénomène prend de l’ampleur, La Sirène s’y est intéressée !
Le journaliste par définition est celui dont le métier est d’écrire dans un journal et, par extension d’informer à travers un média : presse écrite, radio, télévision… Son travail consiste à collecter, vérifier, sélectionner, synthétiser et commenter des faits pour les présenter au public. L’activiste est le militant qui privilégie l’action directe sur les principes théoriques.
Si le premier qui est le journalisme n’est pas une nouvelle profession au Mali, le second qui a augmenté ce dernier temps au Mali à cause du climat social. Beaucoup estiment que c’est la société civile qui a failli à sa mission, c’est la raison pour laquelle certains journalistes se sont un peu démarqués de cette profession de foi pour s’attaquer à des maux de la société en s’affichant comme activiste.
Abdoulaye Koné est journaliste de son état. Sa présence active dans les réseaux sociaux et sa prise de position sur les questions du pays ont fait de lui un activiste pour certains. L’intéressé s’en défend : « Je ne suis pas activiste au sens propre du terme. Je suis journaliste, qui se prononce comme tout autre journaliste sur les questions d’intérêt national à travers Facebook. Ma présence accrue sur Facebook ces derniers temps s’explique par la fait que je suis membre d’un collectif ‘Trop c’est Trop’. Un mouvement membre de la plateforme ‘Antè A bana’, qui s’oppose à la tenue du référendum constitutionnel. Pour moi, au-delà d’être journaliste, je suis d’abord citoyen malien qui doit se prononcer sur une question aussi primordiale que la révision de la Loi fondamentale, donc sur la vie de la nation. Je le fait à travers Facebook dans le plus grand respect des uns et des autres ».
Journalisme et activisme vont-ils ensemble ? M. Koné trouve que ces deux notions ne sont pas contraires, il faut juste savoir faire la part des choses.
Adama Diarra, autre journaliste, pense que tout journaliste engagé pour une bonne cause est un activiste d’une manière ou d’une autre. Mais, explique-t-il, il arrivera un moment où le journaliste va devoir choisir entre témoigner et être acteur.
Abdoulaye Guindo est également journaliste et blogueur malien. Très actif aussi sur les réseaux sociaux comme les deux autres. Selon lui-même, il est « devenu blogueur activiste par accident ». Pour non-respect de la ligne éditoriale de son journal, il se trouvait souvent censuré. « C’est ainsi que, j’ai décidé de créer un blog sur lequel je publiais mes articles bloqués au niveau du journal. Le blog m’a ainsi conduit sur le terrain de l’activisme ».
M. Guindo estime en toute sincérité qu’il existe une différence entre journaliste et activiste. L’activiste selon lui, révèle des informations pour faire avancer une cause et que, ce faisant, il fait prévaloir la conviction sur la responsabilité. Quant au journaliste, il fait prévaloir la responsabilité sur la conviction. Mais, de plus en plus des journalistes sont activistes. Cela créé souvent un conflit entre le journaliste activiste et sa rédaction. En un mot, les deux peuvent aller ensemble, même s’il y a des différences
Il est aujourd’hui important de signaler que l’activisme est proche d’une passion et non un métier. Une des différences entre le journalisme et l’activisme réside dans le travail. L’activiste suit d’abord une passion et il y a une façon pour lui de défendre des causes et des idées avec une certaine manière.
Facteur favorable
Une chose est sûre : la révolution numérique a affecté les médias et le journalisme à bien des niveaux. Les citoyens, qui furent jadis des récepteurs d’information se sont érigés peu à peu en émetteurs d’information et en diffuseurs de contenu. La notion de journalisme citoyen émerge pour expliquer ce mélange des genres comme une variante des médias témoignant des constantes mutations de la presse.
Aujourd’hui, il est difficile de faire la part des choses au Mali. Le noble métier de journaliste est en train de perdre toute sa noblesse au profit des clasheurs sur les réseaux sociaux. Chacun se réclame de la presse sans respecter la moindre déontologie. Un véritable état général de la presse s’impose au Mali. On est journaliste que celui qui a suivi une formation dans une école et qui est diplômé en ce sens pour effectuer ce travail l’on doit disposer d’un certain bagage intellectuel. Tel n’est pas le cas aujourd’hui car n’importe qui se dit journaliste. Après deux vidéos publiées et sponsorisées sur le Net, l’on devient journaliste.
On peut penser que le journaliste et l’activiste sont deux acteurs distincts et qu’ils n’ont pas la même mission, mais ils se retrouvent souvent sur le même terrain de l’alerte et de la mobilisation humanitaire. Car ils restent, l’un comme l’autre, des êtres humains, agités et motivés par leur sensibilité d’homme, leur situation personnelle et familiale. Bref, ils partagent la même volonté de ne pas se satisfaire de la tranquillité souvent trompeuse des eaux du lac.
Abdourahmane Doucouré LA SIRENE