La déroute surprise d’Hillary Clinton à l’élection présidentielle a fait l’effet d’une bombe ce mercredi 9 novembre aux Etats-Unis. Alors qu’une victoire semblait lui tendre les bras, la candidate démocrate a finalement échoué à convaincre la majorité des Américains. Si Hillary Clinton a reconnu sa défaite auprès de son rival, elle ne s’est toujours pas exprimée devant ses partisans. Un silence radio qui en dit long sur la stupéfaction de son camp à l’issue du résultat.
Favorite dans les sondages, tout indiquait qu’Hillary Clinton serait la première femme de l’histoire à présider les Etats-Unis. Pourtant, l’ancienne secrétaire d’Etat a été balayée par la vague Donald Trump ce mercredi 9 novembre. Une défaite apparemment extrêmement difficile à encaisser pour la candidate puisqu’elle ne s’est toujours pas exprimée devant ses partisans. Et si Hillary Clinton bénéficiait d’une expérience politique bien supérieure à son rival, sa campagne a tout de même souffert de nombreuses erreurs.
L’une d’elles remonte à février dernier, lorsqu’un journaliste lui a demandé si elle avait toujours dit la vérité. « J’ai toujours essayé », avait alors répondu la candidate démocrate. Depuis cette réponse ambiguë, les soupçons de mensonges lui ont collé à la peau. Des soupçons de duplicité et de dissimulation renforcés depuis par WikiLeaks. Le site révélera qu’en s’installant au département d’Etat, Hillary Clinton a refusé l’adresse email gouvernementale et a décidé de communiquer via un serveur privé, installé par ses soins, contrevenant ainsi aux consignes de sécurité. Une erreur qui lui coutera très cher puisque l’affaire se transformera en scandale.
En ce qui concerne son électorat, Hillary Clinton comptait sur les minorités, les jeunes, les électeurs blancs diplômés, et sur les femmes. Mais la méfiance à son égard l’a finalement emporté. Enfin, sa sortie sur les électeurs de Donald Trump – « vous pouvez placer la moitié des partisans de Donald Trump dans la case des gens pitoyables » – lui a fait beaucoup de tort.
Hillary Clinton trahie par « le mur bleu »
Hillary Clinton comptait aussi sur certains Etats comme le Wisconsin, le Michigan, l’Ohio ou la Pennsylvanie… Des bastions du parti démocrate et des pierres angulaires de ce que l’équipe de la campagne Clinton avait appelé « le mur bleu », comme la couleur des démocrates.
En 2008 et en 2012, ces Etats avaient massivement voté pour Barack Obama. Cette année, Hillary Clinton était sûre de les remporter. Tellement qu’elle n’a pas tenu, par exemple, un seul meeting dans le Wisconsin depuis sa nomination en juillet dernier. Une erreur fatale puisque la majorité des électeurs du Wisconsin ont voté pour Donald Trump qui y a remporté les 10 grands électeurs, alors que cet Etat n’avait pas voté républicain depuis 32 ans.
C’est dans la « Rust Belt », « la ceinture de la rouille » comme est appelé cet ancien bassin industriel américain, que le message du milliardaire a finalement trouvé son plus grand écho : son discours protectionniste et sa promesse de renégocier les traités de libre-échange qui ont coûté des centaines de milliers d’emplois à la région ont porté leurs fruits. Et en remportant l’élection dans le Michigan ou encore la Pennsylvanie Donald Trump a fait exploser le mur bleu des démocrates.
Donald Trump sous-estimé ?
« Ce qui m’a frappé, explique Paul Schor, maître de conférences à Paris-Diderot et chercheur en délégation à l’Institut national d’études démographiques (Ined), c’est qu’on a présenté Trump comme un amateur, et moi-même j’ai pensé ça. En fait, on voit qu’il a fait campagne dans les endroits où il a gagné. C’est-à-dire que les endroits particulièrement importants pour gagner, les comtés du Wisconsin et du Michigan, ceux qui ont fait basculer l’élection, Trump y a été plusieurs fois. Cela montre aussi qu’il a été meilleur en politique que les gens dont c’est le métier. Il n’y a pas que les journalistes qui se sont trompés, il y a aussi les appareils des partis politiques, y compris les républicains qui pensaient que Trump n’allait pas gagner et qui ne l’ont pas beaucoup soutenu. » Et il n’a pas eu besoin de cela.
rfi