Comme chaque année, le Mali, à l’instar du monde entier, célèbre demain jeudi 8 mars, la Journée international de la femme. Pour la circonstance, notre équipe du journal « La lettre du Mali » a fait un tour dans la capitale malienne afin de recueillir les impressions de trois femmes sur le bien-fondé de cette date… Regards croisés.
Mme Coulibaly Maïni Koné est la présidente d’une association « Alamsani » en plein cœur du quartier de Bagadadji. Interrogée sur son point de vue par rapport à la Journée du 8 mars, cette dame leader porte un jugement favorable. « Je trouve que c’est une bonne chose de fêter le 8-Mars. Vous savez, moi je ne comprends pas pourquoi les gens essaient de trouver du négatif dans toutes les choses. Il y a beaucoup plus de journées qui se célèbrent à travers le monde et pourtant les gens ne disent rien, mais quand une journée est célébrée au nom des femmes et bien c’est du scandale. Sincèrement, je trouve que c’est une bonne chose dont les femmes doivent suffisamment profiter », s’enflamme-t-elle.
A côté d’elle, Touré Aminata Diallo est enseignante dans le même quartier. Pour Mme Touré, il y a trop de formalisme pour peu de résultats pour cet événement. « Je ne suis pas contre le 8-Mars. Pas du tout, mais, pour moi, dans cette journée, l’essentiel est souvent mis de côté. Les femmes se font des pagnes comme si c’était la fête de Tabaski ou de Noël alors qu’à mon avis, ces journées sont faites pour permettre aux femmes de débattre des vrais problèmes. Aujourd’hui, les femmes souffrent énormément, dans les foyers, dans la société au quotidien. La plupart des femmes veulent travailler mais leurs maris les retiennent dans les foyers alors que la femme aussi est née d’un père et d’une mère qui attendent quelque de la part de leur enfant (femme). Mais non ! Dans toutes ces journées qu’on a eues, c’est toujours d’aller danser et chanter avec des artistes invités à coup de millions. Vous voyez comment c’est dommage. Il faut que les gens se réveillent et que les autorités arrêtent de jeter de l’argent par la fenêtre, pour aller vers des vrais investissements », assène-t-elle.
Mme Guindo Fatoumata Poudiougou, teinturière, assure que le 8-Mars est une fête uniquement pour les Bamakoises et rien d’autres. « Souvent je me demande si c’est vraiment une journée pour toutes les femmes du monde. En toute honnêteté, je ne n’intéresse pas aux festivités du 8-Mars parce que pour moi il est inadmissible que des femmes qui ne manquent de rien soient priorisées face à d’autres qui manquent de tout, comme c’est le cas dans les régions où des femmes n’ont même pas le prix du savon de la part de leurs maris mais qui travaillent du matin au soir sans repos avec des enfants sur le dos. Sincèrement je vois cette journée comme quelque injuste basée sur n’importe quoi », s’emporte-t-elle.
Amadou Kodio LA LETTRE DU MALI