La dissolution officielle du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est l’une des recommandations (sur le dossier malien) du 58e sommet ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) tenu samedi dernier (23 janvier 2021) par visioconférence. Cela était une requête formulée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) lors de la dernière mission d’évaluation de l’organisation sous-régionale à Bamako (11 et 12 janvier 2021).
Le 58e sommet ordinaire de la Cédéao, tenu samedi dernier (23 janvier 2021) par visioconférence, a exigé la «dissolution immédiate» du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) pour étouffer la «moindre tentation» d’empêcher le processus de la transition en cours dans notre pays depuis le 15 septembre 2020.
Il faut rappeler que la Charte de la transition stipule que «le CNSP est dissous après la mise en place des organes de transition». Et le constat de la Cédéao (qui se fait écho du M5-Rfp) est que, malgré la mise en place de ces organes, «aucun acte officiel au Mali n’a fait disparaître le CNSP» qui a été mis en place par la junte militaire le 19 août 2020 après la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita. Il est accusé de tous les péchés d’Israël par les contestataires du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) parce que les «Colonels» ont refusé de rouler pour celui-ci.
Sa dissolution est demandé pour certainement briser l’élan de «militarisation» voire de «colonélisation» de la transition. Mais la requête du M5-Rfp est aussi ridicule que la recommandation du 58e sommet de la Cédéao. En effet, depuis l’investiture de Bah N’Daw et du Colonel Assimi Goïta comme président et vice-président de la Transition le 25 septembre 2020, aucune décision n’a été officiellement prise sous le sceau du CNSP par rapport à la gestion de la transition. Le problème est que les responsables de ce mouvement sont convaincus que le Colonel Assimi Goïta demeure toujours l’homme fort de la Transition.
Ce qui contrarie sérieusement leurs ambitions parce ce jeune officiel n’a pas cédé à leur pression et à leur chantage. Et si tel était réellement le cas, nous ne voyons pas en quoi la dissolution du CNSP va changer quelque chose. En tant que vice-président de la Transition, le Colonel demeure un acteur majeur de ce processus. Il est clair que même si on dissout le CNSP, ses «pères» sont incontournables dans la gestion de la transition.
Priorité aux réformes pour bâtir des institutions crédibles
C’est donc ridicule de se focaliser sur cette dissolution alors tant qu’il n’est pas prouver que cette structure a pris la transition en otage. C’est curieux que la Cédéao, après que sa mission ait salué des progrès dans ce processus, se laisse distraire encore par ceux qui brillent ces derniers temps par leur nombrilisme politique.
L’organisation sous-régionale veut que le président Bah N’Daw et son gouvernement respectent la Feuille de route de la de transition en organisant notamment des élections sur l’ensemble du territoire malien dans 14 mois. Objectivement, chacun de nous sait que ce délai sera difficile à tenir à cause notamment des réformes politiques et institutionnelles à entreprendre pour parvenir à ces scrutins électoraux.
Même si cela ne doit pas être une raison de traîner les pieds (ce qui n’est manifestement pas le cas pour le moment), la priorité est avant tout de doter le pays de textes pour forger des institutions fortes car crédibles. Nous ne voulons donc pas de réformes bâclées parce que l’extérieur nous met la pression. Les autorités de la transition ainsi que les Maliens sont conscients des défis et des enjeux de cette transition. Mais, à l’impossible nul n’est tenu.
«Le gouvernement travaillera sur la base du développement du Dialogue politique avec l’ensemble des acteurs concernés», a annoncé le Premier ministre Moctar Ouane à l’issue dudit sommet. Le chef du gouvernement de la transition a également indiqué qu’il existe divers mécanismes déjà à l’interne qui seront développés en vue de parvenir à l’examen des différentes questions soulevées dans le cadre des concertations pour le Dialogue politique. Cela, a assuré M. Ouane, en vue de «réaliser le consensus sur les réformes à engager afin de permettre à notre pays d’atteindre les objectifs fixés à l’issue des concertations nationales» !
Hamady Tamba