mardi 3 décembre 2024
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Contribution

Le communisme, en réalité, n’est qu’un objectif  lointain et sans doute inaccessible, une utopie issue de l’esprit de grands penseurs, et aussi des élucubrations d’un certain Karl Marx.  La société communiste serait une société sans classes sociales, sans riches ni pauvres. L’égalitarisme y serait total, l’Etat y est éteint, chaque individu apportant  à la société tout ce qu’il peut produire et recevant  d’elle  tout ce qu’il lui faut en termes de besoins. Lisez cette page plutôt !

 

Mémoire et Réalités: Dogo Diarrah, merci infiniment, mais réveille-toi !

I°)-Merci, parce  que j’apprécie  à sa juste mesure le ton courtois de ton message bien reçu. En retour, dans un esprit de fraternité, et usant sans abus du droit d’ainesse, je te donnerai en toute franchise deux conseils, peut-être lourds à porter mais lourds tout de même de leur pesant d’or : l’effort à accepter pour les porter est loin  d’être hors de ta portée.

Au préalable, dois-je rappeler à l’intention du lecteur ce que tu sais et que tu feins d’oublier. Le communisme, en réalité, n’est qu’un objectif  lointain et sans doute inaccessible, une utopie issue de l’esprit de grands penseurs, et aussi des élucubrations d’un certain Karl Marx.  La société communiste serait une société sans classes sociales, sans riches ni pauvres. L’égalitarisme y serait total, l’Etat y est éteint, chaque individu apportant  à la société tout ce qu’il peut produire et recevant  d’elle  tout ce qu’il lui faut en termes de besoins ! !

C’est dire que l’utilisation courante du terme à propos des partis politiques est un abus de langage, un abus né de la victoire bolchevick  d’octobre 1917 en Russie, quand Lénine, un an plus tard,  fera ce choix  sympathique de titre, pour baptiser son mouvement. Plus tard tous les affidés du système léniniste, dans sa  composante basique, ainsi que tous les satellites de la Russie d’après guerre vont être ‘’auréolés ‘’ de ce titre. Ce sera aussi le cas des partis ayant opté pour :

  • Le centralisme démocratique (euphémisme désignant le parti unique du système);
  • Le socialisme dit scientifique;
  • La collectivisation des moyens de production;
  • L’économie planifiée (très rigoureusement par les normes);
  • La dictature baptisée celle du prolétariat (désignant le peuple).

Suivies par mimétisme verbal ou par choix responsable, ces éléments, une fois adoptés,   confèrent aussitôt  toute une gamme d’appellations incluant ce terme de socialo communisme  qui ne devrait pas vexer, je le pense. Ce système russe ou soviétique a fait des merveilles à l’échelle planétaire pour le bien de tous. Il a permis de réaliser un équilibre des forces mettant l’humanité à l’abri d’un dictat unipolaire. C’est à la faveur de ce système de poigne que le détesté Staline réalisera pour son ‘’empire’’ une industrie lourde imposante appelée aussi industrie de guerre. Pendant trois quarts de siècle, le système  a été le recours des faibles et des opprimés. Mais, il a aussi engendré, pendant un demi-siècle, l’équilibre de la terreur en entretenant une poussive guerre mondiale très froide.

Aujourd’hui, ce système de gestion des peuples est mort et enterré, un peu partout dans le monde en commençant par la Russie, sa mère-patrie,  où la Perestroïka sous-tendue par la glasnost a balayé le système. Puis avec la chute du mur de Berlin, la R.D.A. a fui le système. La Pologne a  sévèrement craché sur cette voie dite d’émancipation des peuples. La Roumanie l’a vomi. La Bulgarie l’a écrasé. La Lituanie, la Lettonie, l’Estonie tremblent encore à la seule évocation de ce système jugé par elles absolument bestial. Des pays  ont opté pour son enterrement en douceur. C’est le cas de la Chine qui a bâti son essor sur le très vigoureux et très rigoureux système, par la Révolution maoïste de 1949 et qui a enclenché la machine arrière en entreprenant  ainsi un enterrement de première  classe: son système est désormais baptisé officiellement : un pays, deux systèmes.

Il y a peu de règles sans exception. La Corée du Nord serait peut-être l’exception qui confirme l’abandon définitif de ce système ringard, par toute l’Humanité. Car, même l’Ile de Cuba tangue dans le flot des vagues : de plus en plus elle s’ouvre au monde moderne. Le monde moderne a désormais fait son option : l’Homme ne se nourrit pas seulement de pain et de…lait, mais aussi de la liberté de se réaliser.  C’est la terre des Hommes, non pas l’O.N.G. du même nom, mais la terre de l’humanité qui a changé.  Accepte donc mon premier conseil, je te le mettrai en gras.

 

II°)-Le mode a changé. Épouse donc ton temps et ne reste pas scotché à un passé obsolète, révolu, ringard, rejeté, vomi  et définitivement révolu. Mon premier conseil ? D’abord, tache de ne pas renverser ton siège en le notant, tiens bon pour accueillir ce conseil combien sage. Patiente. Mon premier conseil ? Pour le noter il faut accepter la nécessité de te mettre à jour. Les grands nostalgiques de la Révolution d’octobre rodent, eux, tout blanchis à Moscou et environs. Mon premier conseil ? J’espère que je continuerai d’être malgré tout le grand frère que je suis pour toi aujourd’hui. C’est une vérité qui brûle et qui peut blesser. Le voici : Accepte que le Mali moderne soit né un certain 19 novembre 1968. Pourquoi ?     

Combien de Présidents se sont succédés à la tête du Mali après Moussa ? Deux ? Trois ? Quatre, cinq, six… c’est selon. Il ne viendra à l’idée d’aucun de ces illustres Chefs d’Etat de redonner vie d’abord aux investissements humains. Quand on travaille obligatoirement sans recevoir de salaire, en se suffisant du noble patriotisme qui ne vous donnera pourtant pas le pain du soir, et quand ces travaux sont exécutés sous la férule de gardiens et chefs d’équipes très actifs,  très vigilants et peu débonnaires, le poids de la contrainte est excessif. L’époque coloniale appelait cela avec franchise les travaux forcés. Avec l’indépendance, le terme fut édulcoré. Entre les deux termes il y a une différence de philosophie mais aucune différence de nature. La  route de Banamba, très utile, est née des travaux forcés. Élève au lycée Terrassons de Fougères, j’ai personnellement participé très activement  pendant trois dimanches de suite à l’édification de la maison du peuple. Peut-être IBK aussi. Devenu Président, le très populaire IBK de 2013 reconnaîtra les vertus des investissements humains mais n’ira pas s’aventurer à leur redonner vie.

Ensuite, après ce que d’aucuns appellent encore la parenthèse Moussa, lequel de nos illustres chefs reviendra à un Mali sous état d’urgence permanent, un état d’urgence bien géré par des brigadiers de vigilance  armés et en activité toutes les nuits que Dieu fait. Théoriquement  leurs missions démarraient à zéro heure, mais le zèle et l’excès de zèle les mettaient en mouvement dans nos villages à leur heure voulue pour les sempiternelles questions : d’où viens-tu,  où vas-tu,  que cherches-tu ici;  présentez le papier de mariage s’il s’agit de couples interrogés.

Tout état d’urgence, même limité, impose une privation de liberté. Le monde moderne ne l’accepte qu’à titre exceptionnel.  Nous sommes dans le Mali moderne et tous nos dirigeants nous laissent savourer  pleinement cette modernité offerte à partir du 19 novembre 1968.

Faut-il parler encore  de la sinistre Milice Populaire ?  Juste pour dire ce que signifiaient ces cachots qui ont obligé de célèbres geôliers à déserter la patrie quand la situation fut renversée. Il ne s’agissait que de vieux pneus de Caterpillar  juxtaposés jusqu’au toit de la pièce d’accueil, laissant une petite entrée sous le toit par laquelle le grand détenu est infiltré. Sans lumière, disposant de peu d’air,  il recevra par le toit ce qu’il recevra….Passons c’est plus simple.

Mon bien cher cadet, on dit que la pratique est critère de vérité sociale. Ce qui est pratiqué et accepté  est juste  et bon pour son époque. Ce qui est rejeté doit rejoindre les placards des souvenirs. Après les phases héroïques de l’épopée USRDA des  débuts d’Indépendance, je le reconnais volontiers, il fallait revenir aux réalités de la vie moderne en gardant pour l’Histoire du pays les pages tournées.

 

III°)-Mon second conseil, je n’hésiterai pas à te le servir. Car, en revoyant la photo dans le journal, j’ai la certitude de te connaître au moins un peu. Je te sais physiquement solide, probe,  battant de tempérament,   d’une vaste culture et d’une aura familiale considérable. Mon frère, Gaoussou, ne me prends pas en dérision dans mon  conseil.  Si, comme je te le souhaite de bon cœur, il t’arrive d’être porté par le sort à la tête du Mali, voici mon ultime conseil :

Ne te hasarde surtout pas à revenir à ces pratiques vétustes qui  gisent dans l’Histoire, ces pratiques d’investissement humain, de brigades de vigilance, de milices populaires et tout le reste. Car, alors un autre Libérateur  viendra te bousculer sous les ovations populaires, et dans l’extase de la libération, te renvoyer méditer sur cet entourage, parfois  faux,  arriviste, et de peu de scrupule qui n’aura jamais su te freiner ou te ralentir quand il le fallait, pour ton propre bien et celui du Peuple. Car, le péril vient généralement de l’entourage et de son zèle et excès de zèle, quand il n’est pas filtré  au moment juste.

IV°)-Maintenant, après deux conseils sincères, me permettras-tu de revenir à mon sujet, le seul qui fut ma préoccupation en écrivant les pages que tu attaques avec  tant de véhémence ? Le Mali est dans une impasse et veut en sortir. Toute contribution pouvant aider à la solution est à rendre publique. Franchement, si je n’avais pas une conviction sans faille de ta probité, j’aurais mis en doute la note de l’Administrateur de 1960. Car, je dispose de textes tout différents. Et ayant pratiqué le  milieu touarègue pendant des décennies, je reste persuadé que la marginalisation est au cœur de sa ‘’souffrance ‘’ intime. Et, pour la corriger, il faut trouver les fautes commises, les reconnaître et les condamner pour susciter le pardon indispensable Et voilà, en substance, ce que j’écrivais. Peut-être la vérité est de mon côté, peut-être du tien.

Qui pourra nier que les héroïques années d’Indépendance ont introduit massivement,  sans observer les moindres séquences prudentielles, tout ce qui pouvait bouleverser la façon de vivre des citoyens. En physique, on calcule et on tient toujours compte de la résistance des métaux. Pour tenir  les Hommes, on doit pouvoir faire plus et mieux.

Je continuerai  d’affirmer qu’il appartient à la Commission créée de se mettre au travail d’écoute et d’organisation intelligente de débats permettant de parvenir à la paix des cœurs. Et je répéterai ma conclusion, ma conviction intime, la répétition est pédagogique: «Mieux vaut une paix des cœurs qu’une entente signée le doigt sur la détente». Pour parvenir à la paix des cœurs, il faut y travailler dans la patience.

Enfin, laisse-moi te rassurer au sujet de ce que j’écris: c’est, généralement, pour défendre le libéralisme contre le collectivisme, ou la croyance contre la mécréance. Alpha est sans doute l’être qui a une des  plus grandes places dans mon cœur en dehors de ma famille, en raison d’une grande estime que je crois très réciproque. Quand il s’est engagé dans la construction de statues anthropomorphiques pour orner la ville, je n’ai pas pu me retenir dans les colonnes de l’Indépendant, il y a environ vingt ans (1997), parce que, à tort ou à raison, j’y voyais une attaque contre la foi. Revoyez les archives.  Pour des raisons comparables, quand j’ai écrit  ‘’l’Inflation malienne’’ publiée aux éditions  A. Pedone,  en 1970, c’était aussi pour écorcher le collectivisme face au libéralisme. L’Université du Michigan, aux USA, me donnera l’occasion  d’aller en parler à Ann Arbor, au CRED (centre de recherche en économie du développement) tenu par  MM. Borg et Stedman. Pourtant, à l’époque, j’étais dans le giron de Samir Amin,    un  ‘’communiste’’ connu.

Ensemble, nous devons et pouvons dépasser aujourd’hui les différences idéologiques pour garder en vue ce qui doit fondamentalement nous lier, aider à sortir le Mali de l’impasse actuelle. Je t’inviterai à rejoindre périodiquement  mon think tank pour enrichir la réflexion et les débats restreints si tu es friands de débats contradictoires.

Bandiougou Gakou

Président du M.A.-E.M.

(Mouv. des Atterrées-En Marche)

Tel.  76 11 08 05         lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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