Après les sanctions prises par les Chefs d’État de la CEDEAO contre le peuple malien suite à un coup forcé des militaires le mardi 18 août, des personnalités ont réagi, notamment celles du M5 et Bocar Téreta, président du parti présidentiel, RPM de Ibrahim Boubacar Keita
Mohamed Aly Bathily
« Sanctionner le peuple le plus courageux de la CEDEAO au profit du plus mauvais élève de la CEDEAO »
Nous avons bien compris l’importance de la réaction des chefs d’État de la CEDEAO pour notre pays. En réalité, c’est pour nous mettre sur l’embargo. Mais, nous disons aux responsables des États de la CEDEAO qu’ils doivent lire la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Les peuples africains ont des droits. Et que le protocole additionnel du 21 décembre 2001 sur la bonne gouvernance et de la démocratie vise plutôt à conforter une gouvernance dans l’intérêt des peuples et pas contre les peuples. Dans la situation du Mali, la CEDEAO a été bien informée de toute la faillite du système politique administratif et de gouvernance qu’il y avait sous monsieur Ibrahim Boubacar Keita. Nous leur avons fait toucher du doigt que ce monsieur bien que venant après ATT, la CEDEAO a acté et presque provoqué la démission. C’est la CEDEAO qui a dit à Amadou Toumani Touré de démissionner. Ce dernier a laissé une Assemblée nationale en règle avec nos lois. C’est d’ailleurs, la possibilité que la CEDEAO a eu à nommer monsieur Dioncounda Traoré à l’époque président par intérim. Toutes nos institutions étaient en place et aucune règle n’a été violée par rapport à notre constitution. Alors, ils ont accepté que ce président-là démissionne, et maintenant on n’accepte pas la démission de IBK. Il y a deux poids, deux mesures. En réalité, peut-être, que la situation des chefs d’État, chacun dans son pays n’était plus la même. Ç’a changée. Alassane Ouatarra n’avait pas encore 10 ans et ne voulait pas d’un troisième mandat, Alpha Condé n’avait pas encore à 10 ans et ne voulait pas d’un troisième mandat. Issoufi venait d’arriver…
La CEDEAO n’a pas dans ses textes aucune disposition de sanction des peuples. Elle ne l’a pas, parce que les peuples sont souverains, mais par contre la CEDEAO à l’article 45 de son protocole additionnel a la possibilité de sanctionner les gouvernements qui n’arrivent pas à faire la bonne gouvernance. Au lieu de sanctionner IBK pour lui dire de se retirer des instances de la CEDEAO parce que les enfants du Mali ne vont pas à l’école, parce que la santé a fait quatre mois de grève, parce que les juges ont fait quatre mois de grève. N’ayant pas plus organisé les élections, le Haut Conseil de Collectivité Territoire n’est pas vu son mandat renouvelé. Au Conseil Économique et Social, le Premier ministre Boubou Cissé n’a même pas fait de déclaration de politique générale. Donc il est le symbole de la mauvaise gouvernance.
Sanctionner le peuple le plus courageux de la CEDEAO au profit du plus mauvais élève de la CEDEAO. Nous avons pris notre destin en main et que la CEDEAO sache qu’il est en marche un printemps ouest-africain des peuples africains contre les gouvernements et leur syndicat que violent nos droits. Nous allons gagner le combat dans une sorte de dépression administrative politique et qui restreint aux droits. Ils veulent nous confiner dans leur ignorance totale, dans l’application de leur propre droit. La CEDEAO, c’est le covid-20 pour le peuple malien.
Choguel Kokala Maïga:
« Curieusement ce qu’on admet pour les autres peuples, on le refuse pour le peuple malien »
Partout où les peuples se sont levés contre les pouvoirs qui gèrent mal, la communauté internationale pour la plupart les a soutenus. Prenons l’exemple de la Tunisie, en Égypte, en Algérie et depuis quelques jours au Liban. Nous avons entendu un président d’un grand pays soutenir les libanais qui sont dans la rue contre la mauvaise gestion de leur état. Nous avons vu depuis 24 heures un autre pays de l’Europe de l’Est où les populations sont sorties pour contenter leur président. Alors à notre grande surprise, même une réunion spéciale des chefs d’États de l’Union européenne est convoquée à cet effet pour soutenir le peuple qui est dans la rue contre un régime qu’ils considèrent mauvais gestionnaire. Regardez vous-même, deux poids, deux mesures ; notre mouvement fait face à un régime, dont les limites, la mauvaise gestion, la corruption, l’impunité, le caractère oligarchie sont établis. La preuve, lors de notre dernière rencontre, le médiateur nigérian, nous a dit qu’ils ont compris que la crise malienne n’est pas seulement électorale, de gouvernement, autrement d’unité nationale, mais plutôt une crise plus profonde et que l’ensemble de la communauté internationale est informé de la situation du Mali, CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne, les pays membre du conseil de sécurité. Et alors quelle conclusion tirons-nous de cela ? C’est de donner raison au M5 RFP. Mais curieusement ce qu’on admet pour les autres peuples, on le refuse pour le peuple malien. Eh bien, notre autorité morale a dit et il est revenu là-dessus. « Nous sommes un peuple debout, nous sommes un peuple fier. Nous, le peuple malien préfère mourir en héros, en martyrs que de se coucher à plat ventre et mourir en traite.