Le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP) a échangé avec une délégation du M5-RFP le samedi soir après l’annonce du report de la réunion sur la transition. Cette rencontre organisée dans l’urgence, après que le M5-RFP avait reproché aux militaires de ne pas suffisamment les associer dans l’organisation de la transition politique à venir. Cette réunion même si elle n’a pas suffi à dégager une position commune, cependant elle semble avoir permis d’apaiser, mais aussi posé les bases pour de bonnes assises.
Ils étaient une dizaine, les leaders du M5-RFP à rencontrer les membres du CNSP au Prytanée du camp militaire de Kati, fief de la junte au pouvoir. Après une journée de tension, et une heure et demie de discussions, c’est Issa Kaou Djim, porte-parole de la CMAS, le mouvement de l’imam Mahmoud Dicko à sortir le premier. « Je dirais que le malentendu a été dissipé, et nous allons avancer dans l’intérêt du peuple malien. En essayant d’avoir des concertations, de montrer que c’est l’armée du peuple, qu’elle a un caractère inclusif. C’était bon de créer un cadre de concertation», a-t-il laissé entendre.
Cependant, aucun accord sur le fond et notamment sur les réponses à apporter aux exigences de la CEDEAO quant à la transition politique à venir n’a été trouvé. Mais seulement, dans la prochaine transition, le M5 ne voudrait pas seulement être consulté, comme les autres. Ce que ses leaders souhaitent, c’est l’organiser, d’égal à égal, avec la junte militaire au pouvoir.
Pour Dr Choguel Maïga, porte-parole du M5-RFP, il a un début de consensus. « Notre souhait, c’est qu’il y ait une articulation harmonieuse entre les positions du M5-RFP et celles du CNSP. Cette première rencontre ne pouvait pas nous permettre d’aller au fond du débat. Le document que nous avons élaboré vient d’être remis au CNSP, et nous avons convenu que nous aurons une deuxième séance de travail », a-t-il indiqué. Pour l’instant, aucune date n’a été fixée pour la deuxième rencontre. Quant aux membres du CNSP, ils n’ont pas réagi à la rencontre.
Sur la transition politique à venir, la délégation du M5-RFP a exprimé des positions très claires. Ils demandent à la junte militaire au pouvoir d’accepter que la transition soit dirigée par un président civil.
« Si nous voulons la démocratie, si nous voulons éviter toute déviation, il faut un président civil », estime l’un des membres du M5 qui a participé à la rencontre.
En revanche, la coalition est plus ouverte en ce qui concerne le poste de Premier ministre. Ils sont même d’accord pour que le chef du gouvernement soit un militaire, du moins ils acceptent d’en discuter.
Quant à la durée de la transition, ils ont, là aussi, exprimé une position plus proche de celle de la junte que des exigences de la CEDEAO. Les militaires veulent une période longue de trois ou deux années, alors que la CEDEAO exige une année maximum. Selon le M5-RFP, les chefs d’états de la CEDEAO « ne peuvent pas imposer leur volonté contre le peuple malien ».
En tout cas, la rencontre de samedi soir a permis, selon la délégation du M5-RFP, de « lever les malentendus ».
Ils ont ainsi dénoncé les « nouveaux experts » qui, par flatterie ou opportunisme, demandent à la junte de conduire eux-mêmes cette transition. Le M5 veut donc être « au premier plan », aux côtés du CNSP, dans l’organisation de la transition.
Néanmoins, une source proche des contestataires souligne que dans le document remis à la junte militaire, figurent des propositions. Entre autres, le M5 propose des organes de transition qui seront dirigés par des civils. Au sujet de la durée de la transition, le M5 propose entre 18 et 24 mois. Selon ce même document, le M5-RFP propose également un comité de suivi et de veille de la transition, composé en majorité de leurs représentants et de ceux de la junte. Cette structure veillera sur des réformes comme la refonte totale du fichier électoral, toujours objet de critique.
Bourama Kéïta