L’influent imam Mahmoud Dicko et son organisation politique la CMAS, les partis d’opposition et un mouvement de la société civile après avoir noué une alliance il y a quelques jours, viennent d’annoncer une gigantesque manifestation la semaine prochaine pour réclamer le « départ du Président de la République ».
« Face à la situation dramatique que vit notre pays », les membres de cette alliance ont convenu de créer les conditions d’une grande mobilisation pour le sursaut national face à «la gouvernance chaotique et prédatrice » qui fait peser sur le pays « le risque de partition,» disent-ils dans une déclaration remise à la presse le samedi 30 mai 2020 dernier à Bamako.
En effet, après s’être rencontré une semaine au paravent, la nouvelle alliance constituée de la CMAS (Coordination des mouvements et Associations de soutien à l’Imam) ayant à sa tête l’imam Mahmoud Dicko, du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) qui regroupe des partis d’opposition dont le principal d’entre eux, et d’Espoir Mali Koura (EMK), un mouvement de la société civile dirigé par le cinéaste connu et ancien ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko. Mahmoud Dicko, éminente figure religieuse et tenant d’un islam rigoriste, fut autrefois proche du président Keita. L’homme est devenu ces dernières années très critiques envers le pouvoir. L’alliance dénonce la gestion par le pouvoir de la dégradation sécuritaire et des affaires économiques et sociales, ainsi que l’organisation chaotique des récentes législatives.
Une situation face à laquelle cette alliance appelle à manifester le 5 juin pour réclamer le départ du président et du gouvernement. « Nous voulons une rupture avec le système politique actuel. Nous voulons une autre gouvernance au Mali, » a lâché Issa Kaou N’Djim, un proche de l’imam Dicko. Et d’ajouter : « Notre objectif, c’est le départ du Président de la République », a fait savoir la CMAS de Mahmoud Dicko.
Rappelons qu’il y a juste un an, l’Imam Dicko faisant trembler Bamako avec une seconde manifestation organisée à la place de l’Indépendance où un monde fou s’étaient déplacé pour dénoncer les multiplications des tueries contre les forces armées et de sécurité malienne de même que les violences meurtrières contre les populations civiles, particulièrement dans les régions du centre. Cette journée avait été si longue pour le pouvoir. Après un an presque rien n’a changé du quotient des populations exaspérées par la crise sanitaire impliquant celle économique. Au regard des remous sociaux politiques qu’a connus notre pays particulièrement durant les dernières élections législatives, il faut craindre les jours sombres si cette marche venait à se tenir réellement.
D’ailleurs, le motif étant évocateur, les plus hautes autorités doivent tout mettre pour éviter un basculement connaissant bien les tenants de cette manifestation dont ils ne sont point à présenter.
Aux dernières nouvelles, certains partis non membres de l’alliance mobilisent leurs bases pour la marche de vendredi.
Le pays est toujours en proie depuis 2012 à une profonde crise multiforme, sécuritaire, politique, économique laissant le terrain aux insurrections indépendantistes et maintenant jihadistes menées par les groupes liés à Al-Qaïda et à l’organisation de l’État islamique. C’est pourquoi l’autorité doit éviter d’ouvrir un front au sud du pays.
Komi