jeudi 12 décembre 2024
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Amadou Traoré, vice président du Conseil des Sages des Maliens de France : « L’Etat doit choisir les consuls parmi les Maliens de la diaspora »!

Soudanais de France, plus de cinquante cinq ans de présence dans l’Hexagone, cinq mandats successifs comme élu à la mairie de la ville de Champigny sur Marne, ancien syndicaliste de la CFDT et membre fondateur de la Fédération des Travailleurs d’Afrique Noire immigrés (FETRANI) et de la Coordination des Elus Français d’Origines Maliennes (CEFOM) , l’octogénaire Amadou Traoré, consacre sa retraite à faire profiter à la seconde génération des Maliens de France sa riche expérience. Notamment les vertus qui caractérisent un Malien, partout et de tout le temps. Découverte.
Comme une tour de contrôle, le Conseil des Sages des Maliens de France est le principal organe qui veille sur la bonne marche des différentes associations et organisations de la forte communauté des Maliens de France. Au sein de ce conseil, le doyen Amadou Traoré, constitue une véritable pièce maîtresse, au regard de son expérience, sa disponibilité, mais surtout de sa sagesse. En tant que premier vice président de ce conseil qui représente au sein de la diaspora malienne de France, ce que représente un sénat dans une République, Amadou Traoré est permanemment consulté autant par les autorités politiques françaises que maliennes sur les questions d’immigration et de la gestion au quotidien des problèmes de la communauté malienne de France. La plupart des responsables des partis politiques du Mali qui se rendent en France, tiennent à lui rendre visite et prendre conseil auprès de lui.
Natif de Bagadadji d’une famille notable de Bamako, après le lycée Terrason de Fougères, Amadou Traoré qui voudrait être typographe a fait des études dans ce domaine durant trois ans avant de voir son destin basculer vers le métier des armes. Il a été présenté sous le drapeau français en 1956. A la fin de son service militaire, cet ancien joueur du Foyer du Soudan Français, intégrera le corps des pompiers. Mais pas pour longtemps, car envoyé en Algérie, ce jeune d’alors pro-indépendantiste ne se fera pas prier pour retourner au pays afin de prendre part au combat pour l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Puis, il s’envolera pour l’Union Soviétique afin de poursuivre ses études. Mais n’étant pas boursier d’Etat, il fut obligé d’’immigrer vers la France, pour regagner par la suite son pays natal, le Mali, où il exercera dans les services de l’Agriculture, jus qu’en 1962. Année à laquelle, Amadou Traoré animé par le souci d’acquérir de réelles connaissances pour servir son pays, ira au Sénégal (Kaolack), un passage idéal pour retourner en France en fin de l’année 1963. D’où le début d’une longue aventure.
Un immigré toujours engagé!
Arrivé sur les bords de la Seine en 1963, Amadou Traoré, dans un premier temps, évoluera dans le domaine des hôpitaux comme aide soignant afin d’acquérir des ressources pour payer ses formations, notamment au sein du service de l’Aide sociale à l’enfance, d’où il sortira comme éducateur spécialisé. Et dans un deuxième temps, M. Traoré donnera libre cours à son engagement à la fois syndicaliste et militantisme.
« J’ai été militant dans la CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail) pendant des années. Au cours desquelles nous avons travaillé à la création du Parti socialiste de 1972 à 1979 » rappelle –t-il avant de regretter le fait qu’aujourd’hui les gens militent dans les partis politiques pour se servir et non pour les servir.
Profondément engagé, Amadou Traoré, consacrera une grande partie de sa vie au militantisme dans le milieu socialiste français. Cela à travers des distributions des tracts, des affichages d’affiches et des campagnes de porte à porte. « Chemin faisant, c’est ce qui m’a donné le goût avec deux autres africains de créer une association, la Fédération des Travailleurs d’Afrique Noire Immigrés (FETRANI) » affirme-t-il, tout en précisant qu’à cette époque il n’a pas voulu militer dans d’autres associations de travailleurs du Mali, dont l’ATM (Association des Travailleurs du Mali), puis l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali). Lesquelles, selon M. Traoré étaient sous l’influence du pouvoir central de Bamako, celui de l’USRDA et de l’UDPM. Cependant, en tant que membre d’une commission mixte des associations des travailleurs et étudiants immigrés d’Afrique de cette époque, il confirme avoir travaillé avec ces associations, dont la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF), où militaient de nombreux anciens et actuels présidents de la République de l’Afrique.
Evoluant dans le milieu associatif, le doyen Amadou Traoré affirme avoir toujours refusé de militer sur le plan politique, même si le Parti socialiste admettait dans ses rangs des militants associatifs. C’est ainsi qu’au regard de son parcours et de son influence, il fera l’objet de diverses sollicitudes pour figurer sur la liste électorale de sa ville, Champigny-sur- Marne. Mais toujours sans succès. « Finalement, j’ai un ami au Parti socialiste qui a fini par me convaincre de me mettre sur la liste de ma ville en 1990 » a-t-il révélé. Partant, Amadou Traoré fera successivement cinq mandats à la mairie de Champigny, dont 3 mandats comme maire adjoint et 2 mandats en tant que conseiller municipal délégué. Et contre la volonté de son maire et de la population de sa ville, le doyen Traoré décide en 2014 de prendre sa retraite politique, tout en consacrant son temps aux questions de la diaspora malienne de France, notamment au sein du conseil des sages.
Cultiver les vertus d’un vrai malien auprès de la diaspora malienne de France
Se plaisant dans la dénomination de « Soudanais », Amadou Traoré se caractérise à première vue par son franc-parler, son attachement aux valeurs de civilisation de notre pays. C’est pourquoi, de prime abord, par rapport avec l’évolution des organisations communautaires des Maliens de France, il affirme être déçu du racisme, sinon de ‘’l’ethnicisme’,’ qui domine au sein de ces associations. « Ce que je ne comprends pas de nos jours c’est le problème ethnique, parce que tel est Peuhl, Bamanan, ou Sonninké, en raison de cela on dit qu’il ne peut pas être chef ou responsable d’une association, son idée ne passera jamais, voilà tout le poison au sein de la communauté malienne de France de nos jours » regrette le doyen Traoré, avant de faire comprendre qu’on ne voit plus la compétence des gens pour les faire élire, mais plutôt leur ethnie.
Au-delà de cette situation, M. Traoré a regretté le fait que chaque parti politique du Mali (de l’opposition comme de la majorité) ait un protégé au sein du conseil des Maliens de France.
Par rapport aux récents troubles des Maliens de France, les remèdes du vice président du Conseil des Sages des Maliens de France sont de deux ordres : aux compatriotes de remplir toutes les conditions pour prétendre acquérir les pièces administratives et aux autorités du Mali de choisir des consuls qui connaissent les réalités du terrain. A savoir ceux relevant de l’intelligentsia de la diaspora malienne.
« Parmi la diaspora malienne ici en France, il y’a des gens qui peuvent bien faire face aux problèmes des Maliens. Tout cela peut diminuer les dépenses de l’Etat de nommer des gens qui son installés ici, leurs enfants sont à l’école ici, que de faire venir d’autres, qui vont louer des logements, imputer à l’Etat les frais de scolarité de leurs enfants et autres charges » estime Amadou Traoré.
Moustapha Diawara, depuis Paris LE SURSAUT

Djibril Coulibaly

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