La libération d’Amadou Ndjoum, l’agent payeur de l’Institut national de Prévoyance sociale (INPS), enlevé le 25 avril dernier, à Walado, près de Youwarou, dans la Région de Mopti, fait désormais l’objet de sérieuses approches dont une lettre ouverte adressée au Président de la République. Depuis la réapparition de celui qui est devenu otage dans une vidéo de revendication publiée par la katibat Ansar dine de Macina, un collectif s’est érigé pour lancer des messages ‘’SOS’’ pour sa libération. Ainsi, après la mobilisation sur les réseaux sociaux et auprès de la famille de l’otage, ce collectif a décidé d’implorer le concours de la plus haute autorité de notre pays. Ce, à travers une lettre ouverte dont nous vous proposons ici l’intégralité.
Lettre Ouverte au Président de la République, Monsieur Ibrahim Boubacar Kéïta
Amadou Ndjoum, cet otage malien
« Ubilibertas, ibipatria » (Où est la liberté, là est la patrie)
Excellence Monsieur le Président ;
Nous, le Collectif (temporaire nous l’espérons) pour la libération de notre compatriote Amadou Ndjoum, vous rendons destinataire de cette lettre ouverte, en gardant à l’esprit qu’elle s’adresse également à toute la classe politique, aux citoyens et personnes de bonne volonté pouvant aider à la libération de Monsieur Ndjoum.
Monsieur le Président ;
Les ramifications de la crise que nous connaissons, pour certains depuis 2012, et pour d’autres depuis bientôt une décennie, finissent par nous convaincre que le Mali est en passe de boire le calice jusqu’à la lie. Nous avons assisté des années durant à une série de prises d’otages d’Expatriés, essentiellement occidentaux dans notre septentrion, mais pas que.
Nous avons, à l’occasion de ces situations, vu et apprécié la mobilisation de la classe politique et de la société civile des pays d’origines des otages. Nous avons surtout vu et apprécié la mobilisation et la détermination des décideurs de ces pays à tout faire pour ramener sain et sauf l’un des leurs dans sa famille, dans son pays. Nous marquons ici aussi la mobilisation de notre pays, au travers de ses premiers acteurs, dont vous, à aider, à négocier avec les ravisseurs et même souvent à réconforter la famille et les concitoyens des otages, qui ont eu pour seul malheur de se trouver sur notre sol. Cet appui malien s’est soldé par de bonnes nouvelles dans la plupart des cas. Les otages d’hier sont aujourd’hui des hommes libres dans leurs pays.
Monsieur le Président ;
Ce passé si récent prouve que notre pays est plein de compassion et dispose de ressources nécessaires pour libérer ou faire libérer un quelconque otage. Vous comprendrez, alors, notre consternation face au mutisme qui est le votre, et par ricochet, celui de toute la classe politique malienne, face à l’enlèvement d’un des nôtres.
Amadou Ndjoum, agent de l’Etat en fonction à l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS), a été enlevé le 26 avril dernier. Il était en mission pour sa patrie quand les ravisseurs ont mis la main sur lui, après avoir noté ses aller et retour dans la zone de Youwarou, précisément à Walado, avec des présumées fortes sommes d’argent, qui servait à payer le solde de ses collègues de l’INPS de la zone. Amadou Ndjoum est un homme dans la plénitude de l’âge. Amadou Ndjoum est un mari. Amadou Ndjoum est un père de 4 enfants.
Il ne s’agit pas de vous faire savoir ce que vous savez certainement. Il ne s’agit pas de vous rappeler que notre compatriote risque sa vie entre les mains des personnes sans foi ni loi. Il ne s’agit plus de rappeler qu’il risquait déjà sa vie dans le cadre de sa mission de commis de l’Etat.
Monsieur le Président ;
Le Collectif (temporaire nous l’espérons) pour la libération de notre compatriote Amadou Ndjoum, prête une plume à sa femme, à ses enfants, à ses collègues, pour implorer une action de votre part et de l’ensemble des Maliens. Votre seule mobilisation, qui doit d’abord se traduire par des gestes de compassion, sera une avancée certaine dans les conditions de sa libération. Nous oserons ainsi pouvoir croire que le silence assourdissant de vous même et du Gouvernement du Mali n’est pas un signe d’inactions pour sa libération. Le Peuple du Mali veut croire que ses autorités ne sont pas amorphes face à la situation d’un fils de ce pays, quand il a vu les prouesses de ces mêmes autorités lors de l’enlèvement de Serge Lazarevic, de Sophie Petronin, de Philippe Verdon entre autres (malheureusement). Les maliens veulent avoir foi dans le fait que le silence ne fait pas écho à une léthargie criarde dans ce dossier.
Monsieur le Président ;
La situation sécuritaire, bien que «résiduelle», est à la fois préoccupante et connue de tous. Nous ne savons pas qui a enlevé Amadou Ndjoum ni pourquoi, mais nous savons que notre détermination ne faiblira pas à le faire libérer.
Nous en appelons au chef de famille, que vous êtes, pour trouver les voies et moyens d’apporter du réconfort à la famille de Monsieur Ndjoum. Nous suggérons que sa femme et ses enfants soient reçus par vous pour savoir les actions entreprises. Nous suggérons une prise de position claire et une condamnation du Gouvernement contre cet enlèvement. Nous suggérons une mobilisation de la direction de l’INPS pour apporter une assistance opérationnelle à la famille de l’otage et aux services en charge de sa libération.
Monsieur le Président ;
En invoquant l’article premier de notre Constitution (celle du 25 février 1992), nous rappelons que la vie de Amadou Ndjoum, comme celle de tous les maliens, est sacrée et inviolable. Il a droit à la vie, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne. Puisse le Tout Puissant, dans sa miséricorde, vous permettre d’accéder à sa demande de liberté.
Avec Amadou Ndjoum, nous, maliens, espérons pouvoir dire, en toute sérénité : «Ubilibertas, ibipatria» (Où est la liberté, là est la patrie).
Katito WADADA : LE COMBAT